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Le Web3 sauvera-t-il les travailleurs des plateformes de service ?

dim 26 Juin 2022 ▪ 6 min de lecture ▪ par Marc-antoine Caen-Poletti

Le Web2 a permis l’apparition de toute une offre de service sur Internet. On peut autant commander son repas ou ses vêtements avec livraison à domicile que regarder des vidéos créées par des youtubers ou tiktokers. Mais cette explosion de l’offre du côté utilisateurs a aussi un revers. Ce nouveau monde du travail est contrôlé par des plateformes qui servent d’intermédiaires entre les clients et les travailleurs. Sans être pleinement salariés, ces derniers ont en fait très peu de liberté face à ces plateformes. L’apparition du Web3 et d’une volonté de décentralisation font entrevoir des possibilités d’évolution de ce marché du travail.

Le Web3 est l'évolution naturelle du Web2
  • Le pouvoir des plateformes du Web2
  • Les transformations du monde du travail dans le Web3
  • La transition sera-t-elle si simple ?

Le Web3 : Un nouveau marché de l’emploi créé par l’apparition d’internet

Inutile de refaire ici le récit manichéen qui définit l’apparition du Web3. On peut le résumer ainsi : le Web2 est mauvais, le Web3 est bon. Mais si on veut sortir de ce dualisme caricatural, il faut comprendre ce qu’on reproche au Web2. En fait, ce qui caractérise avant tout le Web2 est la centralisation. C’est la création de ces plateformes diverses qui ont permis de relier utilisateurs et créateurs. Sans YouTube, impossible de poster des vidéos et d’avoir accès à des utilisateurs du monde entier. Sans Uber Eats, impossible de se faire livrer un repas d’un restaurant qui ne propose pas lui-même de livraison. Le service apporté a cependant une contrepartie. Seule la plateforme possède les renseignements sur les travailleurs et sur les clients. Elle profite donc de cet avantage pour maximiser ses profits.

De plus, le statut de ces travailleurs rend très difficile une organisation de type syndicale. Soit ils n’ont pas de statut fixe, soit sont autoentrepreneurs. Pourtant, on assiste depuis l’année dernière à une mobilisation accrue de ces travailleurs du Web2 pour améliorer leur revenu et leur condition de travail. L’arrivée du Web3 et de l’utopie de la décentralisation qu’il apporte pourra peut-être faire changer ce rapport de force.

La décentralisation, un nouvel Eldorado ?

En fait, ceux qui travaillent pour ces plateformes sont confrontés à un dilemme mis en lumière par l’économiste Albert O. Hirschman. Ces travailleurs se situent en effet dans le cadre Exit-Voice-Loyalty. Ce cadre permet de comprendre comment les individus réagissent aux insatisfactions dans les entreprises. On peut soit attendre que la situation s’améliore par loyauté, soit essayer d’exprimer son mécontentement, soit partir. Or, les deux premières solutions débouchent sur peu d’évolution pour l’instant. La troisième était pour l’instant synonyme d’une sortie complète de ce marché. L’arrivée du web3 et des plateformes décentralisées permet d’avoir une nouvelle solution de sortie.

La première du genre a sans doute été Theta qui propose un service de streaming comparable à YouTube. Des initiatives similaires apparaissent depuis peu dans le domaine de la musique. Elles permettent de diminuer l’importance de la plateforme. La tokenisation des services permet un lien plus direct entre l’utilisateur et les créateurs dans ces cas-là. De plus, les DAO (Decentralized Autonomous Organization) permettent une gouvernance plus collective où chacun peut exprimer ses besoins, son mécontentement et peser sur les décisions. Enfin, l’utilisation de la technologie blockchain pour la gestion des données personnelles rend possible d’identité décentralisée maîtrisée par les utilisateurs. En perdant le contrôle sur ces données, les plateformes ne pourront plus les monétiser et perdront un moyen de pression sur ces travailleurs du web.

Web2 contre Web3 : Une longue transition commence

Malgré tous les espoirs que suscitent le Web3, il faut être conscient qu’un changement radical sera difficile à obtenir. Puisque les DAO se basent sur la possession de tokens lors des prises de décision, le risque de centralisation est bien réel. En effet, ceux qui possèdent le plus de capitaux peuvent ainsi confisquer la gouvernance du système et prendre les décisions qui les avantagent sous couvert de décentralisation. De plus, ces DAO supposent une responsabilité accrue de la part des utilisateurs et des travailleurs (créateurs ou fournisseurs de services). Or, on sait que les entreprises du Web2 ont réussi à s’imposer en proposant une offre très simple pour tous. Cet argument est toujours en leur faveur. La décentralisation a un prix dans notre gestion du temps.

Même si on suppose une adhésion croissante au modèle du Web3, il n’est pas sûr que les plateformes acceptent si facilement de perdre le contrôle de ces marchés. On constate ainsi que des plateformes comme Spotify ou eBay se lancent tour à tour sur le marché des NFT. Elles ont conscience que quelque chose se joue et même si cela est encore très maladroit, elles se doivent d’être présentes pour s’approprier ce nouveau terrain.

Peu présentes dans les discussions autour du Web3, les problématiques liées au marché du travail sur internet vont sans doute devenir un enjeu grandissant pour définir ce qui oppose ces deux modèles. Face à un modèle hyper centralisé qui laissait peu de libertés aux travailleurs et à l’expression de leur insatisfaction, le Web3 leur propose de redevenir maître de leur travail et de leurs créations. Cependant, cette transition ne sera ni simple ni souhaitée par tous. Un affrontement entre les deux risque donc de persister dans les prochaines années.

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Marc-antoine Caen-Poletti

Actuel président du Club Français de la Cryptomonnaie, ma mission est d'accompagner les entreprises ainsi que les particuliers crypto francophones pour faire de la France la première crypto nation au monde.

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