V. Poutine veut un "système financier décentralisé"

Vladimir Poutine s’est déclaré en faveur d’un système financier « décentralisé » à l’occasion du Forum de l’Union économique eurasiatique qui se déroulait à Moscou.

Poutine fait-il un clin d’œil au Bitcoin ?

Le président russe continue de mener la fronde contre l’ordre international. Le tsar assure que « de plus en plus d’États s’engagent dans la voie du renforcement de la souveraineté nationale, de la poursuite d’une politique intérieure et étrangère indépendante […] ».

« Et ce ne sont pas des paroles en l’air », a-t-il lancé avant de mettre en avant les relations étroites de la Russie avec les principales associations internationales telles que les BRICS, l’Organisation de coopération de Shanghai, l’ASEAN, le Conseil de coopération des États arabes du Golfe, ainsi qu’avec les organisations multilatérales d’Amérique latine et d’Afrique.

V. Poutine s’est notamment félicité des évolutions du système monétaire international :

« De nombreuses économies en développement rapide, dont la Chine, l’Inde et les pays d’Amérique latine, adoptent les monnaies nationales dans leurs règlements de commerce extérieur. Il est important de coordonner nos efforts pour créer un nouveau système financier mondial décentralisé. La stabilité de la finance mondiale dépendra en grande partie de l’évolution de cette décentralisation. Plus le système sera décentralisé, mieux ce sera. L’économie mondiale sera alors moins dépendante des crises dans les pays qui jouissent encore d’un avantage sous la forme de monnaies de réserve mondiales. Cela renforcera la sécurité du règlement des transactions et de l’économie mondiale tout séparant la politique de la sphère économique. »

C’est la première fois que le président russe emploie le mot « décentralisé » pour caractériser son système monétaire idéal. S’agit-il d’un clin d’œil au Bitcoin ? Après tout, aucun autre système de paiement mondial que le Bitcoin est décentralisé…

Cela dit, le président russe faisait probablement plutôt référence au simple fait de ne pas avoir un système monétaire centré sur le dollar.

Quid de la Chine et du bitcoin ?

L’apatride Bitcoin est taillé pour servir de monnaie de réserve internationale et de système de paiement (deux-en-un). Pour deux raisons principales :

• Aucune nation ne peut censurer les transactions en bitcoins, contrairement aux réseaux SWIFT, Visa ou CIPS (Chine).
• Aucune banque centrale ne peut créer plus de 21 millions de BTC. A contrario, la masse monétaire du dollar arbore une trajectoire exponentielle.

Les dirigeants du PCC semblent toutefois peu intéressés, eux qui testent plutôt des choses comme la CBDC et le crédit social. Le Bitcoin permet en outre de contourner les contrôles de capitaux mis en place par Pékin.

Mais la Chine devra bien s’ouvrir un jour. La Chine a par ailleurs le grand avantage de posséder tous les grands fabricants d’ASIC (Bitmain, MicroBT, Canaan, etc). L’Empire du milieu fera-t-il marche arrière ?

Assistant au Forum économique eurasien par liaison vidéo, Xi Jinping a répété que « le monde subit des changements profonds sans précédent depuis un siècle ». « La tendance historique à la multipolarité et à la mondialisation économique est irrésistible », a-t-il lancé.

Dit autrement, la dédollarisation est inéluctable. En effet, il ne se passe plus une semaine sans que deux pays annoncent commercer dans leurs propres monnaies. Cette semaine encore, l’Iran et l’Indonésie ont franchi le pas.

« Nous pensons que les sanctions et les menaces ne peuvent en aucun cas nous arrêter », a déclaré le président iranien depuis Jakarta.

Surveillez de près le sommet des BRICS du mois d’août. Non seulement parce qu’une vingtaine de pays se bousculent au portillon.

Mais aussi parce qu’il se murmure qu’une (ou plusieurs ?) nouvelle monnaie de réserve internationale y sera proposée. Rendez-vous sur cet article pour savoir pourquoi une monnaie de réserve internationale est si importante.