Une énième stratégie pour pousser la CBDC au Nigeria

Le Nigeria avance progressivement vers l’économie sans numéraire. En octobre 2021, on a officiellement lancé la CBDC au Nigeria : l’eNaira. Malheureusement, cette dernière a été « rejetée » par les Nigérians, obligeant ainsi le gouvernement à adopter une approche plus pointue. Le gouvernement a déjà limité le montant des retraits en espèces hebdomadaires pour l’ensemble de la population. Maintenant, ce sera au tour des fonctionnaires. Désormais, ils ne peuvent plus retirer des espèces des comptes publics.

"As far as we're concerned, Nigeria will become a full non-cash economy by March 1, 2023. As a consequence, any Govt official that withdraws even one Naira cash from any public account from March 1 will be investigated & prosecuted."⁠— Nigerian Financial Intelligence Unit (NFIU)

— Government of Nigeria (@NigeriaGov) January 6, 2023

Promouvoir la CBDC au Nigeria… mais pas que !

Le Nigeria n’en est pas à sa première tentative pour promouvoir la CBDC. Lancée officiellement en octobre 2021, l’eNaira n’a en effet toujours pas obtenu le résultat escompté. L’institution nigériane se voit donc dans l’obligation d’adopter une autre approche.

Dans cette optique, les responsables nigérians ne seront plus autorisés à retirer de l’argent en espèces à partir des comptes publics. Cette nouvelle réglementation concerne les fonctionnaires fédéraux, locaux et étatiques. Elle entrera en vigueur le 1^er mars 2023.

Certes, cette mesure vise à promouvoir la CBDC au Nigeria. Mais pas seulement ! Elle entre aussi dans le cadre du Nigeria Payments System Vision 2025 élaboré par la Banque centrale du Nigeria. Elle permettrait même de lutter contre le blanchiment d’argent et la corruption au Nigeria. « Les fonctionnaires deviennent de plus en plus vulnérables au blanchiment de capitaux et à ses infractions sous-jacentes en raison de leur exposition aux retraits en espèces des comptes publics », a-t-on expliqué.

Parvenir à une économie sans numéraire : le but ultime

Cette nouvelle réglementation a été mise en place par la NFIU. Cette cellule nigériane de renseignement financier ne souhaite pas uniquement booster la CBDC au Nigeria. Elle vise un objectif plus grand : parvenir à une économie sans numéraire.

Beaucoup de mesures ont d’ailleurs déjà été prises pour atteindre cet objectif. Le 6 décembre dernier par exemple, le plafond hebdomadaire de retrait en espèces a été drastiquement réduit.

• Pour les particuliers, il est passé de 2,5 millions de nairas à 100 000 nairas.
• Pour les sociétés, ce plafond est passé de 3 millions de nairas par jour à 500 000 nairas par semaine.

Une décision mal perçue par la population, obligeant ainsi le gouvernement à assouplir le plafond peu de temps après.

Toujours en décembre 2022, la Banque centrale du Nigeria a fait circuler de nouveaux billets de 200, de 500 et de 1000 nairas. Le but étant de réduire les retraits hebdomadaires.

Le Nigeria entrevoit une opportunité avec la CBDC et la cryptomonnaie. Seul problème : la population ne semble pas encore être prête à basculer vers la monnaie numérique. Selon certains analystes, la CBDC au Nigeria reste toujours inaccessible aux communautés rurales ainsi qu’aux classes défavorisées.