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Trump va encore faire chuter la bourse

lun 14 Avr 2025 ▪ 8 min de lecture ▪ par Satosh
S'informer Géopolitique

La récente imposition de droits de douane massifs par Donald Trump, suivie d’une pause inattendue sur certains produits chinois, a plongé les marchés financiers dans la tourmente. À quoi faut-il s’attendre dans les prochains jours ?

Donald Trump en costume, avec un air déterminé, devant un graphique boursier en chute libre, symbolisant l'impact de ses décisions sur les marchés financiers.

En bref

  • Le 11 avril 2025, Donald Trump a imposé des droits de douane de 145 % sur les produits chinois, provoquant une chute brutale des marchés.
  • Le NASDAQ a perdu 26 %, Tesla 56 % et Apple 35 % ; les taux d’intérêt américains ont fortement grimpé.
  • Face à la panique, Trump a suspendu certains droits de douane, notamment sur les produits technologiques chinois.
  • Certains y voient une stratégie géopolitique organisée, d’autres une reculade face à la pression des marchés et à la force de la Chine.
  • Cette séquence illustre un basculement vers un monde multipolaire, où les États-Unis pourraient perdre leur hégémonie économique.

Trump a déclenché la guerre commerciale

Le 11 avril 2025, Donald Trump a déclenché une onde de choc en imposant des droits de douane de 145 % sur les produits chinois. Ce « Liberation Day », comme l’a baptisé l’administration Trump, visait officiellement à rééquilibrer les échanges commerciaux et à protéger l’industrie américaine.

La réaction des marchés a été immédiate et brutale. Le NASDAQ a chuté de 26 % depuis ses plus hauts, avec des valeurs technologiques particulièrement touchées : Tesla a perdu 56 % et Apple 35 %. Parallèlement, les taux d’intérêt américains ont grimpé en flèche, passant de 3,90 % à plus de 4,60 % en quelques semaines.

Face à ce que certains analystes qualifiaient déjà de “cataclysme financier », Trump a annoncé une pause de 90 jours sur les droits de douane pour la plupart des pays ayant engagé des négociations, à l’exception notable de la Chine. Puis, dans un retournement inattendu, il a finalement exempté les smartphones, ordinateurs, composants électroniques et autres produits technologiques chinois des nouveaux droits de douane.

Trump a-t-il 10 coups d’avance ?

Pour certains, ces revirements apparents masquent une stratégie du choc parfaitement maîtrisée. Le modèle rappellerait celui de Colbert sous Louis XIV, avec les tarifs de 1664 et 1667, visant à réorganiser l’espace commercial français puis à cibler spécifiquement les rivaux du royaume.

Trump chercherait ainsi à mettre en place une réorganisation de l’espace économique mondial autour des États-Unis, avec des cercles concentriques : libre-échange conditionnel avec les alliés proches, droits de douane progressifs pour les autres, et quasi-embargo pour la Chine. Cette structuration préparerait le terrain pour une confrontation.

L’innovation majeure de cette stratégie serait la création d’un « External Revenue Service », système d’imposition permanent à l’échelle mondiale. Trump lui-même aurait évoqué que ces pays devraient payer annuellement des sommes très importantes. Son conseiller Stephen Miran a également suggéré que les alliés pourraient simplement « faire des chèques » aux États-Unis en échange d’un accès privilégié au marché américain.

Cette approche reproduirait la stratégie de Reagan contre l’URSS dans les années 1980, avec les accords du Plaza (1985) et du Louvre (1987), lorsque les alliés avaient accepté des sacrifices économiques pour contenir la menace soviétique. La méthode Trump serait donc celle d’une pression maximale, suivie de négociations, puis de nouvelles pressions si nécessaire.

La thèse de la reculade forcée

Une lecture alternative des événements suggère que Trump a simplement capitulé face à la pression des marchés financiers et à la position de force de la Chine. L’effondrement du dollar et la hausse vertigineuse des taux d’intérêt menaçaient directement la capacité des États-Unis à refinancer leur dette colossale de 35 000 milliards de dollars.

La Chine, détentrice de plus de 1250 milliards de dollars d’obligations américaines, dispose d’une arme redoutable en matière de dette. Sans même avoir eu besoin de l’utiliser, cette menace aurait suffi à faire plier l’administration Trump, consciente qu’une vente massive de bons du Trésor américain par Pékin aurait pu précipiter une crise systémique mondiale.

Plusieurs signaux auraient convaincu Trump de reculer : le refus de la Réserve fédérale américaine de baisser les taux d’intérêt en raison des risques inflationnistes, les avertissements de Jamie Dimon (PDG de JP Morgan) sur les risques de récession, et la fuite des capitaux étrangers hors des États-Unis.

Pour la première fois dans l’histoire moderne, les investisseurs mondiaux manifestaient une défiance envers les obligations américaines et le dollar.

Cette situation rappelle le cas de Liz Truss au Royaume-Uni, dont les politiques économiques jugées irréalistes par les marchés avaient provoqué une chute de la livre sterling, conduisant à sa démission rapide.

Une inversion des rapports de force

Au-delà de ces interprétations, une tendance de fond se dessine : l’inversion des rapports de force à l’échelle mondiale. Les projections de PwC pour 2050 placent la Chine comme première puissance mondiale (20 % du PIB mondial), suivie de l’Inde (15 %), puis des États-Unis (12 %).

Cette reconfiguration s’accompagne d’un effondrement du soft power américain en déclin. Historiquement, les États-Unis ont attiré les meilleurs cerveaux de la planète (45 % des doctorats américains sont obtenus par des étudiants internationaux, notamment dans des domaines stratégiques comme l’informatique). Cette capacité d’attraction, fondée sur un modèle de société attractif et des opportunités économiques, pourrait s’éroder avec les politiques isolationnistes.

Face à ces changements, l’Europe se retrouve au centre du jeu. La Chine lui tend la main, Xi Jinping invitant explicitement les Européens à « rejoindre la Chine dans la lutte contre la tyrannie ». Certaines élites européennes semblent séduites par ce rapprochement, partageant avec la Chine une vision technocratique du gouvernement et une approche régulatrice de l’économie.

Toutefois, cette ouverture chinoise masque un risque : si l’Europe ne bascule pas dans le camp chinois, Pékin pourrait s’allier avec la Russie pour déstabiliser le continent, cherchant à le « déchirer » ou à le neutraliser pour priver les États-Unis d’alliés stratégiques.

Trump accélère la fin d’un monde

La séquence des droits de douane de Trump, qu’elle relève d’une stratégie délibérée ou d’une reculade contrainte, illustre le basculement du centre économique mondial vers l’Asie. Ce mouvement ne signifie pas la fin immédiate de la puissance américaine, mais annonce une ère de multipolarité et de nouvelles rivalités.

L’économie américaine conserve des atouts indéniables : robustesse des indicateurs économiques, capacité d’innovation, attractivité de ses universités. Mais la dette publique record, la vulnérabilité du dollar et la dépendance croissante aux financements extérieurs constituent des faiblesses structurelles.

Dans cette reconfiguration mondiale, d’autres puissances cherchent à tirer leur épingle du jeu. L’Inde, notamment, aspire à devenir « le nouvel atelier du monde » à la place de la Chine, ce qui l’incline naturellement vers l’alliance américaine. Cette dynamique pourrait raviver les tensions sino-indiennes à la frontière.

Cette transition s’annonce comme un processus de longue haleine, dont les droits de douane ne constituent que la première phase visible. L’issue de cette confrontation, par stratégie délibérée ou ajustements forcés, déterminera l’équilibre des puissances pour les décennies à venir.

Dans l’immédiat, Trump a peut-être sauvé les marchés financiers d’un effondrement, mais la question demeure : jusqu’à quand cette stabilité précaire tiendra-t-elle face aux forces qui redessinent l’échiquier mondial ? Comme le souligne Ray Dalio, nous vivons en direct « un passage de relais » historique entre puissances dominantes, phénomène cyclique qui a jalonné l’histoire de l’humanité.

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Satosh

Chaque jour, j’essaie d’enrichir mes connaissances sur cette révolution qui permettra à l’humanité d’avancer dans sa conquête de liberté.

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