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Les pertes latentes colossales des banques centrales

lun 10 Oct 2022 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Le marché obligataire mondial a perdu 12 000 milliards de dollars. Les pertes latentes abyssales des banques centrales vont plomber les budgets gouvernementaux.

banques centrales

La morphine « Quantitative Easing »

En temps normal, les États empruntent auprès des banques privées en émettant des « obligations ». C’est-à-dire des bouts de papier promettant de rembourser l’argent emprunté dans 1, 2, 5, 10, voire 50 ans. Plus les intérêts, bien entendu.

En France, ces obligations sont échangées contre de l’argent auprès de 18 banques. Cinq banques américaines (Citigroup, Bank of America, Morgan Stanley, JP Morgan, Goldman Sachs), quatre françaises (BNP Paribas, Natixis, Société générale, Crédit agricole), trois anglaises (Barclays Bank, HSBC, Royal Bank of Scotland), deux allemandes (Deutsche Bank, Commerzbank), une suisse (UBS), une canadienne (Scotiabank), une japonaise (Nomura) et une espagnole (Banco Santander).

Il en découle que près de la moitié des intérêts sur la dette française sont versés à des étrangers. D’après l’Agence France Trésor, la dette française est détenue à 30 % par des fonds d’investissement et banques étrangères. Les banques centrales étrangères en détiennent 18 %.

Le reste est détenu par des fonds, des banques françaises et la BCE. Cette dernière a racheté pour 3 434 milliards de dettes via le QE (Quantitative Easing). Soit 42 % de tout le stock de dette de la zone euro.

La conséquence directe du QE est que 42 % des intérêts sont versés à la BCE. Or, la banque centrale européenne appartient aux États ! Dit autrement, les gouvernements ne paient plus d’intérêt sur toutes les dettes rachetées via le QE.

La charge de la dette publique française (les intérêts) fut tout de même de 38 milliards d’euros en 2021. Nous étions à 46 milliards en 2012, alors que la dette n’était « que » de 1800 milliards, contre près de 3 000 milliards aujourd’hui.

C’est dire à quel point la baisse des taux et le QE ont soulagé le budget du gouvernement français.

Et maintenant, le sevrage ?

Le fait est que la hausse des taux d’intérêt plombe la valeur des anciennes dettes (assorties de taux plus bas) que détiennent les banques centrales.

La valeur du marché obligataire US baisse de plus de 12 % en 2022 (du jamais vu), si bien que la FED va réduire son bilan en faisant des pertes. Pareil pour la BCE qui discutera de la réduction de son bilan aujourd’hui

Là où le bât blesse, c’est que ces ventes vont forcément « affecter la capacité des banques centrales à contribuer aux recettes publiques », note Fitch Ratings.

Pire, « il existe un risque que des États soient appelés à recapitaliser les banques centrales », prévient l’agence de notation.

La FED a déjà prévenu que les versements au Trésor américain cesseront en cas de pertes nettes. Ce qui ne devrait plus tarder vu qu’elle réduit actuellement son bilan au rythme de 95 milliards de dollars par mois.

Ce sera un gros manque à gagner pour le gouvernement, puisque ces versements ont représenté la somme rondelette de 109 milliards en 2021. Un chiffre à comparer avec les 1330 milliards de dollars du budget gouvernemental 2021 des États-Unis.

Le gouvernement américain devra donc réduire ses dépenses de près de 10 %, ou bien s’endetter davantage. Et vu que les taux d’emprunt s’élèvent de plus en plus, la dette reprendra une trajectoire exponentielle vouée à l’hyperinflation…

Les banques centrales australienne et suisse

La Reserve Bank of Australia a récemment rapporté d’énormes pertes latentes. La valeur de son stock de dettes a fondu de 58 milliards de dollars australiens.

La banque nationale suisse accuse pour sa part une perte de 140 milliards de francs sur l’équivalent de 1000 milliards de francs en devises étrangères. Ces réserves représentent 130 % du PIB !

Pour Fitch, les banques centrales peuvent très bien fonctionner malgré ces pertes. Après tout, les banques centrales ont une planche à billets…

Et puis, probablement qu’il a toujours été prévu de revendre ces titres de dette à perte. C’est autant d’argent au profit des banques privées qui engrangent la différence. En somme, les pertes des banques centrales sont les profits des banques privées.

Terminons sur une note géopolitique en soulignant que le prix du joule est devenu une arme. Par conséquent, rehausser les taux ne fera pas baisser l’inflation.

L’effet produit sera surtout une augmentation de la charge de la dette, ce qui obligera les gouvernements à faire… plus de dettes. Nous en avons déjà la démonstration au Royaume-Uni.

L’ONU le sait et appelle déjà la FED à cesser de remonter ses taux. Le Wall Street Journal titrait quant à lui ce mercredi : « Markets Break When Interest Rates Rise Fast: Here Are the Cracks ».

Les banques centrales se remettront à imprimer tôt ou tard. Ou bien seront-elles jusqu’au-boutistes en lançant des CBDC pour contrôler l’inflation via le rationnement ? Quoi qu’il arrive, le bitcoin reste la meilleure option…

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Nicolas T.

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