L'éternel problème des cryptomonnaies
Que ce soit dans la finance traditionnelle ou le marché crypto, la gestion de la liquidité est essentielle. Sans elle, les échanges ne sont pas possibles. Il faut donc des markets makers qui rendent disponibles des liquidités pour acheter ou vendre n’importe quel token. Le marché crypto s’est peu à peu scindé en deux vis-à-vis de cette gestion de la liquidité. Les plateformes d’échanges centralisées dans lesquelles officient des market makers comparables à ceux de la finance traditionnelle. Du côté de la DeFi, les échanges décentralisés ont des market makers automatisés. Mais ceux-ci sont amenés à se renouveler pour gérer la volatilité des cours.
- La liquidité dans les plateformes d’échanges centralisées
- Le recours aux liquidity provider dans les échanges décentralisés : Le point faible de la DeFi
- Les nouvelles gestions de la liquidité dans la 3ᵉ version d’Uniswap
Les traders, fournisseurs involontaires de liquidité pour les tokens
Dans les plateformes centralisées, le problème n’est guère différent des marchés de la finance traditionnelle. Les markets makers sont les whales qui ont assez de capitaux pour influer sur le cours d’un token. Lorsque les volumes sont peu élevés, il suffit d’un ordre assez important pour toucher les stop loss de beaucoup de traders, ce qui liquidera leurs positions. On peut dans ce cas assister à une chute en série. La liquidation des premières positions déclenchera ainsi le stop loss des secondes, etc. En d’autres termes, ce sont les traders qui fournissent de la liquidité aux market makers, les seuls ordres de vente en spot n’étant pas suffisants pour laisser le marché liquide.
Les liquidity providers, ces investisseurs au centre de la DeFi
La finance décentralisée a besoin que le marché fournisse lui-même la liquidité nécessaire pour les échanges et définisse les prix de manière « automatisée ». Ces fournisseurs de liquidité, ces liquidity providers, vont déposer leur token en paire dans un AMM (Automated Market Maker). Il n’y a pas d’ordre d’achat et de vente dans le principe de base d’un AMM. Tout le problème est donc de gérer le cours des tokens les uns par rapport aux autres. Le DEX Uniswap, pionnier dans ce domaine, a proposé la formule x*y=k. Cette formule signifie que la multiplication du nombre de tokens A par le nombre de tokens B doit être une constante. Cette formule est devenue une référence dans la DeFi même si elle n’est pas appliquée telle quelle. En effet, les DEX doivent aussi faire appel à des oracles pour connaître le prix des mêmes tokens sur d’autres DEX ou échanges centralisés.
Les risques liés à la volatilité des tokens
Cependant, cette gestion peut être désavantageuse pour les liquidity providers. Les variations de prix entre les deux tokens peuvent leur faire perdre de l’argent par rapport au fait de détenir ces tokens séparément. C’est ce qu’on appelle l’impermanent loss. Il faut donc fournir une compensation à ces fournisseurs de liquidité. En échange de leur service, ils obtiennent un pourcentage des frais de transactions, mais le protocole peut aussi faire une distribution de token par le farming. Les derniers mois ont montré que ces tokens de récompense voient leur cours chuter très rapidement. Parmi ceux-là, le token d’Uniswap est peut-être le seul à garder sa place. Au contraire, le cours du token de PancakeSwap chute de manière régulière.
Les nouvelles gestions de la liquidité dans les DEX
Face à cette impasse, les protocoles ont dû chercher d’autres moyens de récompenser les liquidity providers et de gérer la liquidité. Le premier protocole à passer à cette nouvelle ère fut Curve, cet autre géant de la finance décentralisée. Curve ne récompense pas seulement ceux qui fournissent de la liquidité, le protocole reverse aussi une partie des frais de transactions à ceux qui lockent leur CRV. Le token a donc une fonction supplémentaire qui permet de soutenir son cours.
En sortant sa troisième version, Uniswap complexifie le travail des fournisseurs de liquidité pour limiter leur risque. Afin d’optimiser les pools de liquidité, ceux-ci doivent choisir pour quelle fourchette de prix ils choisissent de fournir de la liquidité. Cela permet d’éviter l’impermanent loss tout en offrant des frais de transactions réduits pour ceux qui échangent sur ces plateformes. Cependant, cette nécessité de faire évoluer la gestion de la liquidité montre qu’il est difficile de se passer des market makers traditionnels.
Comme tout marché d’échange, le marché des cryptomonnaies est confronté aux problèmes de la liquidité de ses actifs. Comment être sûr d’avoir assez d’actifs disponibles pour les échanges ? Les market makers traditionnels sont là pour assurer la présence de cette liquidité en agissant sur le cours de tel ou tel actif. Mais les échanges décentralisés ne peuvent pas recourir à cette méthode. Leur aspect automatisé exige de trouver un moyen d’inciter les investisseurs à déposer leur liquidité. La volatilité du marché des cryptomonnaies montre que cela n’est cependant pas sans risque. La finance décentralisée devra donc encore évoluer pour assurer un fonctionnement durable de ces protocoles.
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Actuel président du Club Français de la Cryptomonnaie, ma mission est d'accompagner les entreprises ainsi que les particuliers crypto francophones pour faire de la France la première crypto nation au monde.
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