Tensions Chine-USA : Nvidia dans le viseur des régulateurs chinois

Bien avant que Donald Trump ne secoue la diplomatie mondiale, les tensions sino-américaines sur la technologie étaient déjà en ébullition. Entre sanctions économiques et guerres commerciales, le pays de Xi Jinping et les États-Unis se disputent la domination technologique. Aujourd’hui, au cœur de ce bras de fer, Nvidia est visé par une enquête chinoise, ravivant les tensions sur le marché des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle.

Nvidia dans le collimateur de Pékin

Nvidia, une société qui voit dans l’IA un pari gagnant, fait actuellement l’objet d’une enquête pour des violations présumées de la loi anti-monopole a fait l’effet d’un pavé dans la mare. Cette investigation, officiellement liée à l’acquisition de Mellanox en 2020, semble surtout être une riposte face aux restrictions américaines sur les puces électroniques. 

Depuis 2022, les États-Unis ont interdit l’exportation des puces A100 et H100 de Nvidia, provoquant un véritable casse-tête pour l’entreprise. Ces semi-conducteurs, prisés par les instituts chinois de recherche sur l’IA et des organismes militaires, sont pourtant essentiels dans des secteurs stratégiques.

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Une déclaration d’O’Donnell, analyste chez TECHnalysis Research, éclaire sur l’impact limité à court terme : 

« La Chine peut râler autant qu’elle veut, mais Nvidia n’est déjà plus un acteur majeur dans les ventes directes de puces avancées sur ce marché. » 

Pourtant, les frictions ne s’arrêtent pas là. Les semi-conducteurs modifiés pour répondre aux normes chinoises ont eux aussi été rapidement rattrapés par des sanctions renforcées en 2023.

À noter :

• En 2023, la Chine représentait encore 17 % du chiffre d’affaires de Nvidia, contre 26 % en 2021 ;
• Avant les restrictions, Nvidia détenait plus de 90 % du marché chinois des puces d’IA.

Ce contexte tendu entre rivalités technologiques et restrictions commerciales souligne que Nvidia marche sur des œufs en jonglant entre pressions politiques et innovations stratégiques.

La bataille des puces IA : Nvidia contre-attaque

Dans la lutte pour l’intelligence artificielle, Nvidia n’a pas dit son dernier mot. Si Pékin intensifie ses efforts pour développer des alternatives locales, notamment via Huawei, Nvidia continue de dominer le secteur grâce à des technologies inégalées. Toutefois, l’enquête chinoise pourrait nuire à son image et limiter sa capacité à collaborer avec certains partenaires asiatiques.

La guerre technologique ne concerne pas que les entreprises. Les gouvernements se mêlent aussi au combat, en témoigne l’interdiction chinoise des exportations de minéraux critiques comme le gallium et le germanium. Pour Nvidia, le défi est double : éviter d’être marginalisé sur le marché chinois tout en respectant les règles de son propre pays.

En 2020, l’approbation conditionnelle de l’acquisition de Mellanox Technologies par la Chine imposait déjà des obligations strictes à Nvidia. Ces conditions incluaient une transparence totale sur les prix et des garanties pour éviter tout abus de position dominante. Pourtant, ces mesures n’ont pas empêché Pékin de mettre en place une enquête aujourd’hui.

NVIDIA said on Thursday on its official Chinese Weibo account that recent reports about the company cutting off supply to China were false rumors. China is an important market for NVIDIA, and the company will continue to provide high-quality and efficient products and services to… pic.twitter.com/MyX8lwUPO6

— Global Times (@globaltimesnews) December 12, 2024

Le climat actuel, où chaque sanction semble appeler une réplique, accentue les défis pour Nvidia. La question est simple : la société pourra-t-elle maintenir sa position dominante dans le domaine des semi-conducteurs et de l’intelligence artificielle malgré une guerre commerciale toujours plus féroce ?

Enfin, cette affaire met en lumière les tensions croissantes entre géants économiques. Les pratiques anticoncurrentielles de Nvidia ont aussi éveillé l’intérêt des autorités américaines : en septembre dernier, le DOJ a attaqué l’entreprise, semant la panique sur les cryptos d’IA.