Stellar (XLM) : L’alternative pour le transfert d’actifs

Après notre revue du protocole Ripple (XRP), nous nous attaquons à présent à celle de Stellar (XLM). Cette cryptomonnaie a, elle aussi, l’ambition d’être une référence dans le domaine de l’échange de devises et d’actifs de toutes sortes.

Comme nous allons le voir, le projet Stellar présente de nombreux points communs avec son principal concurrent Ripple. En effet, il a été initié en 2014 par Jed McCaled et Joyce Kim. Or, le premier n’est autre que le co-fondateur de Ripple ! Il a démissionné en 2013 avant de décider de créer sa propre cryptomonnaie… Pour l’anecdote, on pourrait sans doute établir ici un parallèle amusant avec les cryptomonnaies orientées smart contracts. En effet, Charles Hoskinson, le fondateur de Cardano (ADA) a, lui aussi, participé à la création d’Ethereum (ETH) avant de claquer la porte et de partir sur son propre projet…

Le protocole de consensus de Stellar

Le protocole SCP (Stellar Consensus Protocol) se base sur les principes de l’accord byzantin fédéré. Contrairement à la preuve de travail (qui repose sur la puissance de calcul d’un nœud) et à la preuve de participation (qui repose sur la puissance de jalonnement d’un nœud), on s’appuie ici sur l’accord entre nœuds de confiance.

Dans SCP, chaque nœud participant décide à quel ensemble d’autres nœuds il souhaite faire confiance. C’est l’ensemble de quorum. Il doit également choisir un seuil. C’est le nombre minimum de nœuds dans un ensemble de quorum qui doivent s’accorder pour parvenir à un consensus.

Cette flexibilité de la confiance permet une adhésion ouverte au réseau (n’importe qui peut devenir un nœud central) et un contrôle décentralisé (aucune autorité centrale ne dicte quel vote est requis pour le consensus).

Il n’y a pas de récompenses monétaires pour être un validateur sur le réseau Stellar. C’est seulement une contribution à la sécurité et à la résilience du réseau qui profite aux produits et services construits sur Stellar.

Les priorités dans le consensus

Les mécanismes de consensus doivent supporter 3 propriétés essentielles :

• Tolérance aux pannes : le système peut continuer à fonctionner malgré les pannes ou les dysfonctionnements des nœuds
• Sécurité : deux nœuds ne s’accordent jamais sur des valeurs différentes, garantissant que les nœuds produiront le même bloc
• Vivacité : un nœud peut produire une valeur sans la participation de nœuds qui se comportent mal

Seules deux de ces propriétés sur trois peuvent être traitées en priorité par un mécanisme de consensus, au détriment de la troisième. SCP a choisi de prioriser la tolérance aux pannes et la sécurité plutôt que la vivacité. Ainsi, les blocs peuvent parfois rester bloqués en attendant que les nœuds se mettent d’accord.

L’accord est obtenu par vote fédéré. Un nœud raisonne sur l’état du réseau selon ce qu’il apprend de son ensemble de quorum. Avant qu’une déclaration ne soit acceptée par chaque nœud honnête du réseau, il passe par trois étapes de vote : le vote, l’acceptation et la confirmation.

Les Lumens (XLM) et les transactions Stellar

Chaque transaction Stellar coûte 0,00001 XLM de frais. Puisqu’il n’y a pas de récompense dans Stellar, ces frais servent uniquement à empêcher les tentatives de spams sur le réseau. Chaque compte doit présenter un solde créditeur d’au minimum 0,5 XLM.
Un total de 105 milliards de tokens XLM ont été initialement pré-minés par Stellar, qui a cependant décidé en 2019 de brûler la moitié de ses jetons. L’offre actuelle est donc de 50 milliards de XLM. Le réseau est capable de traiter 1000 transactions par seconde, avec un délai de validation de 3 secondes.

Les Assets (actifs)

Stellar peut être utilisé pour suivre, conserver et transférer tout type d’actif : devises, cryptomonnaies, actions, or et autres jetons de valeur. Tout actif du réseau peut être échangé avec tout autre.
Détenir des actifs dans Stellar revient en fait à détenir une créance sur l’émetteur de cet actif. Ce dernier a accepté de vous l’échanger contre l’actif correspondant, en dehors du réseau Stellar.
Il faut alors explicitement faire confiance à l’émetteur pour rembourser correctement son crédit, en créant une ligne de confiance. C’est une entrée qui persiste dans le registre et qui définit la limite pour laquelle le compte du détenteur fait confiance au compte émetteur.
Les lumens (XLM) sont la devise native du réseau. C’est le seul type d’actif qui peut être utilisé sur le réseau Stellar sans émetteur ni ligne de confiance.
Tout compte peut émettre des actifs sur le réseau Stellar. On les appelles des « ancres » (anchor). Les actifs sont identifiés de manière unique par le code d’actif et l’émetteur. À charge de ce dernier de définir le code et d’assurer la liquidité de l’actif.

La réversibilité des transactions en question

Par défaut, n’importe qui peut créer une ligne de confiance avec un émetteur pour accepter un actif. Cependant, une ancre peut explicitemmultidevisesent autoriser et révoquer l’accès des utilisateurs à l’actif en activant les indicateurs suivants sur le compte émetteur :
• AUTHORIZATION REQUIRED : l’ancre doit approuver toute personne qui souhaite détenir son actif, lui permettant de contrôler qui sont ses clients.
• AUTHORIZATION REVOCABLE : l’ancre peut geler l’actif détenu par un autre compte. Lorsqu’un actif est gelé, ce compte ne peut pas transférer l’actif vers un autre compte, pas même vers l’ancre. Ce paramètre permet au compte émetteur de révoquer les actifs qu’il a émis accidentellement ou qui ont été obtenus de manière incorrecte. Pour utiliser ce paramètre, AUTHORIZATION REQUIRED doit également être activé.

Ce dernier indicateur est véritablement une antithèse de ce que l’on a l’habitude de voir dans le monde des cryptomonnaies, à savoir l’irréversibilité des transactions et l’irrévocabilité des transferts de propriétés. Une véritable hérésie dans le monde des blockchains publiques comme Bitcoin (BTC).
Cependant, pour inspirer confiance aux détenteurs d’actifs potentiels qui craignent que l’émetteur ne les gèle de manière arbitraire, le compte émetteur peut activer l’indicateur AUTHORIZATION IMMUTABLE pour empêcher la révocabilité.

Une bourse d’échanges distribuée intégrée

Stellar propose nativement toutes les fonctionnalités d’un échange décentralisé. On y trouve tous les actifs que les ancres ont ajoutés au réseau. Ainsi, un compte Stellar peut faire des offres d’achat ou de vente d’actifs. Pour une vente, il doit détenir l’actif qu’il souhaite vendre. Pour un achat, il doit déjà faire confiance à l’émetteur de l’actif en question.
L’offre est alors comparée au carnet de commandes existant pour cette paire d’actifs. Si l’offre croise une offre existante, elle est exécutée. Sinon, elle est enregistrée jusqu’à ce qu’elle soit prise par une autre offre ou simplement annulée.
On retrouve ici le comportement que l’on a l’habitude de voir sur les exchanges traditionnels.

Des adresses Stellar plus conviviales

Il est possible de mapper les adresses Stellar à des alias ressemblant à des adresses email tels que name*yourdomain.com. Ce qui est bien plus facilement manipulable qu’une forme traditionnelle telle que GCCVPYFOHY7ZB7557JKENAX62LUAPLMGIWNZJAFV2MITK6T32V37KEJU.
Les adresses stellaires sont divisées en deux parties séparées par *, le nom d’utilisateur et le domaine. L’arobase est autorisée dans le nom d’utilisateur. Ce qui permet d’utiliser des adresses e-mail dans le nom d’utilisateur d’une adresse, comme par exemple: [email protected]*stellar.org.

À l’instar de Ripple qui sort de ses déboires avec la SEC, Stellar est dans la course pour proposer une blockchain orientée transferts d’actifs. Les deux réseaux se ressemblent ; Stellar étant plus orienté vers les particuliers et les petites organisations alors que Ripple est plus dédié aux institutions financières et aux grandes entreprises. Preuve que les deux acteurs ciblent le même marché, on citera le cas de Moneygram. Ce dernier avait conclu en 2019 un accord avec Ripple pour améliorer les transferts d’argent avec la blockchain, mais il a été suspendu un an plus tard, probablement à cause des remous dus à la menace du procès avec la SEC. Du coup, c’est Stellar qui a récemment récupéré la mise grâce à un nouvel accord avec Moneygram.