Stagnation du bitcoin (BTC) : Jusqu'à quand ?
Cela fait trois mois que le bitcoin stagne ! L’inflation et le ralentissement de la croissance ont précipité un mouvement d’incertitude sur les marchés financiers. Malgré les peurs, le bitcoin s’est maintenu sur une zone de prix relativement stable. Alors que le prix du bitcoin stagne depuis plus d’un an, divers signaux s’accordent pour montrer la probable récurrence d’un mouvement plus fort dans les prochains mois. Nous nous intéressons désormais à une contextualisation des mouvements présents. Précédemment, nous avions montré le lien entre inflation et bitcoin, entre cycles et bitcoin, entre volumes et bitcoin.
Quel est l’état actuel du marché ?
Comme nous allons le voir, le bitcoin connaît une forte chute de ses performances en revenant sur les performances de 2018. De plus, les cycles du bitcoin montrent une fois de plus que la stagnation du cours du bitcoin est essentiellement le fait du retour de cycles baissiers. Enfin, nous aborderons l’état actuel des corrélations aux autres marchés et les prochains seuils temporels clés malgré la stagnation.
Chute drastique des performances du bitcoin !
À ce jour, la performance du bitcoin sur une semaine est globalement nulle, alors que la hausse du bitcoin a atteint jusqu’à 5 % de hausse par semaine en mars 2021. La performance médiane du bitcoin sur une semaine se situe autour de 2 % depuis 2014. À ce titre, le bitcoin est dans une posture de sous-performance historique depuis octobre 2021. Cela rejoint notre analyse réalisée en décembre 2021 selon laquelle : « la phase actuelle, débutée à l’automne 2021, compte parmi les phases avec les plus faibles performances enregistrées ».
Le risque principal demeure pour le bitcoin un passage durable dans un marché baissier, avec des performances négatives qui pourraient atteindre jusqu’à -1 % à -2 % par semaine. Pour rappel, la dernière correction du marché entre 2018 et 2019 avait duré 6 mois avec un repli moyen de 1,2 % par semaine. À ce titre, une réplique exacte du scénario de 2018/2019 conduirait à l’établissement du bitcoin sous 10 000 $ d’ici septembre 2022. Le franchissement durable du seuil de performances positives est donc d’un enjeu déterminant dans la stagnation du bitcoin.
Cycles actuels du bitcoin…
Dans nos précédentes publications, nous avions démontré l’existence de cycles sur le bitcoin. Dès décembre 2021, nous avions insisté sur la possible récurrence d’un cycle baissier de février 2022 jusqu’à avril 2022. Pour rappel, les trois cycles les plus influents sur le bitcoin sont des cycles d’une période de 5 ans, de 15 mois, et enfin de 8,4 mois. La combinaison de ces cycles primaires, bien qu’étant plus incertaine que sur les actions, nous permet d’anticiper les tendances de marché.
Pour simplifier la représentation des dynamiques de prix, nous avons ajouté le graphique ci-dessus. Le prix du bitcoin représenté par la courbe bleu est juxtaposé aux trois cycles qui agissent sur le prix du bitcoin, en pointillés. Cependant, nous ne représentons que 0,1 % de l’ensemble des cycles qui agissent sur le bitcoin. Pour autant, on peut projeter le déblocage de grandes tendances.
La hausse que l’on connaît depuis mars 2022 jusqu’à aujourd’hui correspond à la phase ascendante du cycle de 5 ans. En ce sens, l’année 2022 est particulière sur plusieurs plans. Cette année 2022 devrait en effet marquer l’arrivée sur le sommet de ce cycle primaire de 5 années. On en déduit principalement la raison statistique pour laquelle le cours du bitcoin tend à suivre un canal de stagnation ces derniers mois.
Un mouvement similaire sur les autres marchés ?
Hormis la hausse inconsidérée des matières premières, les actions semblent suivre la même tendance que les cryptomonnaies. La corrélation du bitcoin au S&P 500 a même atteint +87 % ces dernières semaines, bien au-delà de la corrélation mesurée en janvier 2022 (+13 %) ou en juillet 2021 (-70 %). Une forte corrélation du bitcoin au marché des actions traduit le plus souvent l’insertion du bitcoin dans une dynamique haussière ou de stagnation haussière. Ainsi, lors de la correction d’avril à juillet 2021 (3,14 mois), ou bien de novembre 2021 à février 2022 (3,14 mois), la corrélation du bitcoin aux actions a diminué.
Nous avons représenté en jaune les deux périodes correctives de 3,14 mois de 2021 et 2022, avec une période haussière parfaitement symétrique entre les deux. La prochaine période de 3,14 mois débutera début mai 2022 pour s’achever début août 2022. De même, nous avons représenté en bleu le coefficient de corrélation du bitcoin au S&P 500. On remarque effectivement que les périodes haussières sont des périodes plutôt corrélées aux marchés des actions, à l’inverse des mouvements correctifs ou de stagnation du bitcoin.
Crise inflationniste et marchés : quels risques ?
Aux États-Unis comme en zone euro, l’inflation mesurée est sans précédent depuis 40 ans à 50 ans. Nous avions montré précédemment que l’inflation était bénéfique à court terme pour les cryptomonnaies. Néanmoins, l’inflation entraine à la fois un risque de restriction des liquidités et des performances à moyen et long terme. En premier lieu, nous nous concentrerons sur le rôle récent des gros portefeuilles. Ensuite, nous étudierons l’impact probable des projections en matière d’inflation et de croissance sur le cours des cryptomonnaies.
Qui contrôle quoi ?
Depuis l’institutionnalisation de l’industrie des cryptomonnaies à partir de 2019, un nombre croissant d’acteurs des marchés traditionnels se sont intéressés au bitcoin. Nous devons alors souligner le rôle déterminant des gros portefeuilles sur le cours du bitcoin.
Trois grandes conclusions s’imposent à nous :
- La première observation est que les tendances de fond sont alimentées par l’accumulation de la part des gros portefeuilles. L’accumulation de grandes quantités de bitcoins impulse les tendances longues.
- La deuxième observation est que les excès de moyen terme comme en 2017 ou 2021 sont essentiellement le fait des plus petits portefeuilles (moins de 1 BTC).
- On remarque que les adresses correspondant aux très gros portefeuilles (plus de 10 000 BTC) sont de moins en moins nombreuses depuis 2021. À l’inverse, le nombre d’adresses des petits portefeuilles (moins de 0,1 BTC) est en croissance presque exponentielle.
Dans tous les cas, une tendance globale à l’accumulation de bitcoins tend à traduire une pression haussière future. Actuellement, 65 % de tous les bitcoins en circulation n’ont pas bougé depuis 1 an, ce qui est un record historique. On notera que chaque maximum d’accumulation est suivi par un maximum du prix du bitcoin. Ainsi, un élément de résistance haussière du bitcoin est principalement le fait de la rareté de l’offre actuelle.
Un risque baissier viendrait d’un mouvement de vente massif des bitcoins qui ont été achetés avant 2021. Autrement, il serait possible d’imaginer une reprise haussière qui pourrait mener vers une tendance haussière. Cependant, le fort niveau d’accumulation actuel des bitcoins ne permettrait pas la pérennité de cette tendance.
Attention à l’inflation… Et à la croissance !
L’inflation annuelle mesurée aux États-Unis s’établit désormais à 8,5 %, contre 7,4 % pour la zone euro. Si l’on mesure la différence entre l’inflation sous-jacente (inflation hors matières premières et énergies), et l’inflation courante, on remarque que l’inflation actuelle est expliquée pour près de moitié par la hausse du prix des matières premières. En bref, près de la moitié de l’inflation actuelle est une inflation conjoncturelle. Néanmoins, il n’en demeure pas moins que l’autre moitié de l’inflation actuelle est structurelle… Ce qui est bien plus inquiétant !
Par exemple, l’inflation peut avoir des conséquences concrètes et néfastes si le taux d’emprunt des entreprises venait à augmenter trop rapidement en Europe. Pour rappel, le secteur privé est également très endetté (125 % de dettes privées non financières au PIB en zone euro fin 2021). Mais comme le montrent les derniers chiffres de la BCE, c’est sur le taux des prêts immobiliers pour les ménages que la hausse pourrait devenir plus forte. Aux États-Unis, le taux américain à 10 ans subit une hausse sans précédent pour se rapprocher du niveau des 3 %, seuil qui n’avait pas été atteint depuis 2018 !
Néanmoins, la BCE anticipe une inflation de 5,1 % en 2022, suivi de 2,1 % en 2023 et 1,9 % en 2024… Bien que ces objectifs puissent paraître probablement trop optimistes, il n’en demeure pas moins qu’il est très probable d’assister à une diminution de la croissance et ainsi de l’inflation conjoncturelle. En cela, des risques pourraient peser sur les marchés jusqu’au second semestre 2023, et les cryptos n’en seraient pas exclues. Par ailleurs, ce contexte intervient dans le cadre de politiques monétaires plus amènes de devenir restrictives (voir notre article sur le rôle des banques centrales dans la hausse du bitcoin).
Conclusion
En bref, nous avons vu que le bitcoin s’installe depuis plusieurs mois dans une lourde sous-performance. La cyclicité du bitcoin amplifie une certaine prudence. En effet, nous pourrions assister à une phase latéralisation jusqu’en mai d’une part, suivi de la fin d’année 2022 d’autre part. Enfin, nous devons rappeler le rôle des phases correctives dans le temps. Ces phases correctives sont souvent le fait des intentionnels ou des gros portefeuilles. Nous devons finalement attacher une grande importance au contexte économique. Un ralentissement de l’inflation et de la croissance serait globalement négatif aux cryptomonnaies à court terme. Néanmoins, nous pouvons encore affirmer que les cryptomonnaies respectent leur cyclicité dans l’état actuel des statistiques du marché.
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Auteur de plusieurs livres, rédacteur économique et financier sur plusieurs sites, je noue depuis de nombreuses années une véritable passion pour l'analyse et l'étude des marchés et de l'économie.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.