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Résumé du meilleur débat de Surfin' Bitcoin

mar 03 Sep 2024 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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La joute verbale entre l’économiste Jean-Marc Daniel et le président-fondateur de Tobam Yves Choueifaty fut l’un des temps forts de la conférence Surfin’ Bitcoin. Voici un résumé de cet échange riche d’enseignements.

surfin' bitcoin

« La guerre des monnaies : bitcoin face aux devises »

Les deux contendants ont amorcé le débat en partant des dévaluations monétaires compétitives.

Yves Choueifaty a résumé la chose en expliquant qu’il s’agit de « faire baisser la valeur de sa monnaie de manière à décourager les importations et encourager les exportations. Le problème étant que votre voisin va se mettre à faire la même chose. On se retrouve alors avec une guerre des monnaies qui est in fine destructive de valeur. Au bout du bout, seuls restent les désavantages de la dévaluation monétaire ».

Pour lui, une troisième monnaie s’est invitée dans cette guerre : le bitcoin.

Voici un lien vers le débat :

Jean-Marc Daniel a fini de planter le décor en soulignant que le passage aux taux de change flottants (fin des accords de Bretton Woods en 1971) n’a pas permis de résorber les déséquilibres des balances des paiements à l’échelle globale. Le déficit commercial abyssal des États-Unis est problématique.

En effet, le dollar étant la monnaie de réserve internationale, les Américains peuvent s’endetter sans vergogne et afficher un déficit commercial chronique sans que le billet vert s’effondre.

Malheureusement, la conversation s’est vite éloignée de ce fait pourtant essentiel. Dommage. La suite fut néanmoins très intéressante. Les deux intervenants se sont demandés si, au fond, le bitcoin peut vraiment remplacer la monnaie fiat.

Jean-Marc Daniel n’y croit pas. L’éditorialiste de BFM TV a martelé maintes fois que le projet initial – remplacer les banques centrales par le bitcoin – n’est plus pris au sérieux.

Votre serviteur est du même avis. Affirmer le contraire est une bêtise. Ce faux espoir est propagé par l’essayiste Saifedean Ammous et les économistes d’obédience autrichienne. Notre article sur le sujet : « Les économistes « autrichiens » freinent l’adoption du bitcoin ».

Comment se protéger de l’inflation ?

Jean-Marc Daniel préfère miser sur la bonne vieille recette de la mondialisation pour maintenir l’inflation au plancher. C’est toutefois oublier bien vite que l’inflation fut terrible ces trois dernières années.

Sans parler des tensions géopolitiques et énergétiques qui pointent plutôt vers la déglobalisation. N’oublions pas que c’est le pic de pétrole conventionnel de 2006 qui fut à l’origine de la crise de 2008. L’inflation (et/ou la récession) aurait été bien pire sans le « miracle » du pétrole de schiste américain.

Le pétrole est LE facteur limitant de l’économie (il alimente 95 % du transport mondial). Fâcheusement (ou heureusement, c’est selon), cela fait maintenant cinq ans que la production mondiale de pétrole n’augmente plus. La décrue est en vue. Or, moins de pétrole = moins de transport = moins de production = plus d’inflation.

Est-ce que le bitcoin y peut quelque chose ? Non. Remplacer la monnaie fiat par le bitcoin ne fera pas magiquement apparaître du pétrole. A ce propos, même Yves Choueifaty ne voit pas le bitcoin remplacer entièrement la monnaie fiat :

« Qu’on qualifie le bitcoin de monnaie ou pas, je considère que c’est un détail. On peut faire la concession que ce n’est pas une monnaie. Mais on ne peut nier qu’il est un actif ayant une réalité juridique très forte aux États-Unis. »

You can’t taper a ponzi

Pour Jean-Marc Daniel, le bitcoin n’imposera pas non plus une discipline monétaire aux États :

« Le bitcoin n’est pas encore perçu et perceptible comme étant quelque chose susceptible de structurer une dynamique d’échange commerciaux et de discipline monétaire et financière. […] À mon sens, le véritable enjeu de l’économie est de créer de l’épargne. Avec l’idée que, derrière, il y a une dynamique d’investissement à long terme. Il s’agit de former du capital débouchant sur du travail productif, ce qui n’est pas le cas avec le bitcoin. […] L’or et le bitcoin n’ont pas d’utilité sociale. Une épargne doit plutôt s’investir dans la bourse », a-t-il déclaré.

Cet argument ne tient pas la route. La monnaie fiat investie dans le bitcoin ne disparaît pas… Elle change simplement de banque. Le bitcoin pourrait peser 100 000 milliards de dollars que cela ne changerait rien à la capacité du système fiat à financer l’économie. Plutôt que de verser des dividendes à des investisseurs, les multinationales verseront simplement des intérêts à des banques.

Reste alors le rôle de réserve de valeur. Yves Choueifaty et Jean-Marc Daniel sont tombés d’accord pour dire que le bitcoin est de l’or. En mieux pour l’un, en moins bien pour l’autre.

Voici les trois arguments avancés par notre contradicteur :

1) « Toute technologie est menacée. L’or n’est pas physiquement menacé. L’or existe, il est là. Il ne peut pas disparaître. »
2) « L’or a fait ses preuves depuis 7 000 ans. Il y aura toujours quelqu’un pour vous l’acheter. »
3) « Acheter un Louis d’or est accessible, pas un bitcoin. »

Mauvaise foi ou méconnaissance du bitcoin ?

Rétorquons qu’il est bien entendu possible d’acheter une fraction de bitcoin. C’est d’ailleurs son grand avantage sur les réserves de valeur traditionnelles que sont l’immobilier et les œuvres d’art. Il faut être déjà riche pour acheter un appartement de prestige dans une capitale alors que n’importe qui peut acheter pour 20 euros de bitcoin. Le bitcoin est la réserve de valeur des pauvres.

L’existence numérique du bitcoin offre en vérité trois avantages majeurs sur l’or. Le premier est la possibilité de traverser les frontières avec toute sa fortune en tête. Il suffit de mémoriser 12 mots.

Le second est de transférer n’importe quelle somme de manière instantanée à l’autre bout du monde pour trois fois rien.

Le troisième est qu’une limite absolue (21 millions de bitcoins) n’est précisément possible que dans l’espace cybernétique. Le bitcoin est une percée technologique ayant créé la rareté absolue. A contrario, on déterre chaque année plus de 3 000 tonnes d’or.

Pour résumer, la thèse voulant que le bitcoin puisse remplacer la monnaie fiat a du plomb dans l’aile. L’outil de la dette est indispensable à toute civilisation avancée. Après tout, les règles du jeu sont les mêmes pour tous (sauf les États-Unis…). Chaque nation est responsable de ses finances et tant pis pour celles qui croient pouvoir imprimer leur richesse.

Enfin, si le bitcoin n’a pas à remplacer la monnaie fiat pour réussir, il n’en demeure pas moins qu’il est taillé pour remplacer le dollar en tant que monnaie de réserve internationale.

Il est aussi l’option la plus simple pour l’épargne des masses. Une épargne détruite par des crises inflationnistes de plus en plus aiguës. Ne manquez pas notre article : « Ce que le bitcoin sera et ne sera pas ».

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Nicolas T.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.