Réserve Bitcoin : La Tchéquie osera-t-elle le grand saut ?

La République tchèque est à la croisée des chemins économiques. Alors que les banques centrales du monde entier scrutent les actifs d’avenir, le gouverneur de la Banque nationale tchèque, Aleš Michl, a proposé d’explorer l’ajout du bitcoin dans les réserves du pays. Une initiative qui fait grincer des dents au ministère des Finances, lequel craint que la volatilité de la crypto-phare ne fasse tanguer la stabilité monétaire. Mais la Tchéquie veut diversifier ses avoirs, quitte à bousculer l’euro.

Bitcoin : une réserve trop agitée pour la Tchéquie ?

Aleš Michl a jeté un pavé dans la mare en suggérant d’intégrer le bitcoin aux coffres du pays. Un pari risqué selon le ministre des Finances Zbyněk Stanjura, qui redoute l’imprévisibilité de l’actif. 

« La banque centrale doit incarner la stabilité. Or, regardez la courbe du bitcoin… ce sont des montagnes russes ! », a-t-il lâché.

Czech National Bank’s goal is price stability. When we took office in July 2022, inflation was 17.5%. We brought it down to target. We are also diversifying reserves—gradually increasing gold holdings from 0% to around 5% and planning for 30% in equities. An asset under… https://t.co/Au7fwJVHEU

— Aleš Michl (@MICHLiq_) January 29, 2025

Ce débat a été tranché lors du conseil du 30 janvier. Plutôt que d’adopter immédiatement BTC, la Banque nationale tchèque a décidé d’explorer d’autres classes d’actifs, sans nommer explicitement le bitcoin. 

Pourtant, Michl ne lâche rien. Sur X, il rappelle que la Tchéquie augmente déjà sa réserve d’or de 0 à 5 % et vise 30 % d’actions. Pour lui, BTC mérite au moins une analyse approfondie.

Du côté des industriels tchèques du secteur, on applaudit l’audace du gouverneur. La Tchéquie a une longue histoire avec Bitcoin : premier pool de minage, premier hardware wallet, et une des plus grandes conférences Bitcoin du monde à Prague. 

Pour ces acteurs, refuser le trésor crypto reviendrait à tourner le dos à une technologie où le pays a toujours été pionnier.

L’euro en ligne de mire : vers une diversification inévitable

Si la Banque nationale tchèque scrute de nouveaux actifs, ce n’est pas uniquement pour le plaisir d’ajouter du piment à ses réserves. Derrière cette volonté de diversification se cache une prise de distance stratégique vis-à-vis de l’euro. La Tchéquie, bien que membre de l’Union européenne, a toujours gardé sa couronne et rechigne à s’arrimer définitivement à la monnaie unique.

Énorme ! La République tchèque confirme officiellement qu’elle ne veut pas de l’euro, qu’elle veut garder sa monnaie nationale et la Banque Centrale du pays publie un rapport au vitriol contre la zone euro !
(cf : https://t.co/p6KAwGWDf2)

« Avenir incertain de la Zone »
« La… pic.twitter.com/BCYODWaPNd

— Florian Philippot (@f_philippot) January 8, 2024

Quelques chiffres permettent de comprendre l’intérêt du pays pour des alternatives financières :

• Inflation en 2022 : 17,5 % ;
• Objectif d’or dans les réserves : 5 % ;
• Objectif d’actions : 30 % ;
• Réserves en Bitcoin actuelles : 0 %.

Michl, prudent mais curieux, insiste : 

« Bitcoin a une faible corrélation avec les obligations. C’est un atout intéressant pour un grand portefeuille. Il est encore trop tôt pour une décision, mais l’évaluation continue. » 

Difficile de faire plus diplomatique, mais l’idée d’une entrée progressive de BTC dans les réserves tchèques reste sur la table.

Si Donald Trump a mis en lumière l’idée d’un trésor Bitcoin, la République tchèque prouve que l’intérêt pour cette option s’étend bien au-delà des États-Unis. Sur les 5 continents, la ruée des gouvernements vers BTC semble déjà enclenchée. Affaire à suivre.