Qu’est-ce qu’un Chief Metaverse Officer ?

Quel est le point commun entre Disney, P&G, LVMH, Publicis et Telefonica ? Toutes ces grosses pointures ont récemment engagé un Chief Metaverse Officer pour les guider vers le Web3. Quel est donc ce nouveau métier ? Les entreprises en ont-elles vraiment besoin ? Est-ce un bullshit job ?

Chief Metaverse Officer : définition

Un Chief Metaverse Officer (CMTO) est généralement responsable du développement et de la gestion de la présence d’une entreprise dans un ou plusieurs metaverses. Toutefois, la définition de ce poste est encore récente et très débattue. On peut alors retenir la définition de Scott Keeney (surnommé DJ Skee), CMTO chez TSX Entertainment et auteur du livre The Metaverse Handbook.

« Un Chief Metaverse Officer est une personne ayant une grande expérience du metaverse et une connaissance poussée des jeux vidéo et de l’écosystème Web3. En plus de ses connaissances techniques, il doit également connaître l’aspect créatif du marché. Il doit être capable de mener le développement de l’entreprise dans le metaverse. Cela implique de connaître et de recruter des personnes ayant une expérience des plateformes de développement telles que Unreal Engine, Unity et CryEngine… ou Blender et Maya. »

Des entreprises tiraillées par rapport au metaverse : entre promesses mirobolantes et réalité décevante

Les grandes entreprises sont désorientées par rapport au metaverse. D’un côté, elles entendent que le metaverse va impacter l’ensemble des secteurs. Des entreprises réputées annoncent des prévisions mirobolantes concernant le metaverse. Par exemple, selon McKinsey le metaverse générera 5 000 milliards de dollars d’ici 2030. Gartner prédit que d’ici 2026, 25 % de la population mondiale passera au moins une heure par jour dans le metaverse. Les individus y travailleront, feront du shopping, se divertiront, interagiront… D’un autre côté, elles constatent qu’actuellement l’expérience utilisateur est mauvaise, qu’il y a de nombreuses difficultés technologiques, que le grand virage de Meta semble être un échec…

Généralement, les grandes entreprises craignent de détériorer leur position si elles loupent cette opportunité. Toutefois, le metaverse étant trop incertain et difficilement compris en interne, elles préfèrent y aller progressivement. C’est pourquoi, elles investissent généralement peu et recrutent seulement un ou deux experts qui évangélisent en interne et proposent des projets metaverse. Vanessa Mullin, metaverse business development manager chez Agora, a déclaré à VentureBeat que « pour une entreprise qui a l’intention d’expérimenter le metaverse, l’emploi d’un CMTO est inévitable ».

Vidéo de la nomination du Chief Metaverse Officer de Publicis, le lion Leon. Source : Publicis Group.

L’exemple de Publicis

Publicis Group est un des trois principaux groupes de communication au monde. C’est une grande réussite Made in France (et il n’y en a malheureusement pas beaucoup). En juillet, lors d’une conférence technologique à Paris, l’entreprise a fait sensation avec sa vidéo. Elle introduit un nouveau membre au sein de la direction : le CMTO. Le Chief Metaverse Officer se fait appeler Leon. Il est un avatar numérique à l’allure d’un lion. Avec son CMTO Leon, Publicis aspire à conseiller ses clients (comme Walmart ou Nestlé) en matière de Web3 (metaverse, NFT, blockchain). Pour Publicis, il était essentiel de nommer un CMTO. En effet, ses clients se demandent si leur communication va se transformer au fur et à mesure que l’usage du metaverse se développera. « Les marques doivent se rapprocher de leurs clients, et le metaverse est un moyen d’y parvenir » d’après Hamza Khan, un associé de McKinsey. Afin d’assurer un avenir numérique à ses clients, le groupe Publicis ne pouvait passer outre l’émergence du metaverse.

Chief Metaverse Officer : un métier d’avenir ?

Depuis des décennies, la pression exercée pour suivre les tendances technologiques a donné naissance à de nouveaux postes de direction. Tout d’abord, les années 1980 sont marquées par l’émergence des Chief Internet Officers, qui connaissent les rouages de l’informatique et la manière de l’incorporer dans la stratégie d’entreprise. Puis, les Chief Technology Officer sont apparus comme des visionnaires capables d’évaluer le potentiel de nouvelles technologies pour l’entreprise. Dernièrement, les Chief Digital Officers répondent au besoin de moderniser les pratiques commerciales dépassées. L’objectif étant de ne pas se faire « uberiser », « amazoniser » ou simplement remplacer par un concurrent plus habile avec les technologies.

Le Chief Metaverse Officer sera-t-il amené à jouer un rôle aussi crucial que ces précédents Chief Offices ? Tout dépend du succès du metaverse, ce qui est incertain et lointain. On nous promet beaucoup par rapport au metaverse, mais le résultat actuel est extrêmement décevant et de nombreux obstacles peuvent entraver son développement (monétaires, technologiques, mentalités).

Le Chief Metaverse Officer n’est pas un bullshit job. En effet, il répond au manque de connaissances techniques en interne. De plus, il propose des use cases adéquats. Et, il sait recruter les bonnes personnes. Cependant, à court terme, l’entreprise attend peu de résultat de la part d’un CMTO. Son recrutement s’inscrit dans une stratégie de long terme permettant à l’entreprise de passer progressivement au metaverse s’il s’avère être une opportunité avantageuse.