Qu'est-ce que les BRICS ?
Les BRICS désignent un groupe de cinq pays émergents : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Initialement constitué de quatre pays (Brésil, Russie, Inde et Chine), le groupe a été élargi pour inclure l’Afrique du Sud en 2011. Ces pays, bien que géographiquement et culturellement diversifiés, se sont unis pour collaborer sur des questions économiques, politiques et de développement. Leur objectif principal est de promouvoir un système international plus équitable, en reflétant le poids croissant des économies émergentes dans le paysage mondial. À ce jour, les BRICS représentent une part substantielle de la population mondiale et une portion significative du produit intérieur brut (PIB) global.
Les origines et la formation des BRICS
L’acronyme BRIC a été inventé en 2001 par Jim O’Neill, un économiste de Goldman Sachs, pour désigner quatre grandes économies émergentes : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. À l’époque, ces pays étaient perçus comme des moteurs potentiels de la croissance économique mondiale, avec des marchés intérieurs en expansion rapide, des réformes économiques importantes, et un potentiel de croissance à long terme. En 2009, les dirigeants de ces quatre pays ont organisé leur premier sommet officiel à Iekaterinbourg, en Russie, marquant le début de leur coopération institutionnalisée.
En 2011, l’Afrique du Sud a été invitée à rejoindre le groupe, élargissant ainsi l’acronyme en BRICS. L’inclusion de l’Afrique du Sud, la plus grande économie d’Afrique subsaharienne, a renforcé la portée géographique et l’influence politique du groupe, ajoutant une dimension africaine à ses ambitions globales. Depuis lors, les BRICS ont évolué pour devenir une plate-forme de coopération sur une large gamme de questions internationales, allant des finances à la sécurité.
Les objectifs et stratégies des BRICS
Les BRICS poursuivent plusieurs objectifs clés pour remodeler l’ordre international. Parmi les principaux objectifs figure la réforme des institutions de gouvernance économique mondiale, telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui, selon les BRICS, sont dominées par les intérêts des pays développés et ne reflètent pas suffisamment le poids économique croissant des économies émergentes. Pour remédier à cela, les BRICS ont créé des alternatives telles que la Nouvelle Banque de Développement (NBD), qui vise à financer des projets d’infrastructure et de développement dans les pays membres et d’autres économies émergentes sans les conditions souvent contraignantes imposées par les institutions traditionnelles.
En plus de la réforme des institutions mondiales, les BRICS cherchent à promouvoir le développement économique durable. Ils mettent l’accent sur la coopération dans des domaines tels que l’énergie, l’agriculture, la technologie et l’éducation pour stimuler la croissance économique, réduire les inégalités et améliorer le bien-être de leurs populations. Les membres des BRICS travaillent également à renforcer leurs échanges commerciaux et leurs investissements mutuels, cherchant à diversifier leurs économies et à réduire leur dépendance à l’égard des marchés occidentaux.
Les sommets des BRICS : une plateforme d’engagements
Depuis la création officielle des BRICS, le groupe organise régulièrement des sommets pour discuter des enjeux mondiaux et coordonner leurs politiques. Chaque sommet représente une étape importante dans l’évolution des BRICS, offrant une occasion aux membres de se concerter sur des stratégies communes et de signer des accords de coopération.
- Premier Sommet (2009 à Iekaterinbourg, Russie) : ce sommet a marqué le début de la coopération formelle entre les quatre pays fondateurs. Les discussions ont porté sur la réforme des institutions financières internationales et la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud ;
- Deuxième Sommet (2010 à Brasilia, Brésil) : le groupe a mis en avant l’importance de l’institutionnalisation des sommets des BRICS et a réaffirmé son engagement envers une nouvelle réalité géopolitique ;
- Troisième Sommet (2011 à Sanya, Chine) : ce sommet a marqué l’inclusion officielle de l’Afrique du Sud dans le groupe, transformant les BRIC en BRICS. L’élargissement a renforcé la diversité géographique et politique du groupe ;
- Quatrième Sommet (2012 à New Delhi, Inde) : le groupe a discuté de la création de la Nouvelle Banque de Développement (NBD) pour financer des projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays membres et d’autres économies émergentes ;
- Cinquième Sommet (2013 à Durban, Afrique du Sud) : ce sommet a été marqué par le lancement de l’initiative chinoise Belt and Road (BRI) et a réaffirmé l’importance de renforcer les liens économiques et politiques entre les membres.
Au fil des années, les sommets des BRICS ont évolué pour inclure une variété de questions mondiales, de la sécurité et de la politique étrangère à la santé mondiale et à la coopération dans le domaine de la science et de la technologie. Chaque sommet a permis d’approfondir la coopération et de renforcer la position des BRICS comme acteur majeur dans la politique internationale.
Les BRICS+ : un nouvel élargissement en 2024
En 2024, les BRICS ont encore élargi leur cadre en invitant quatre nouveaux membres : l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran. Ce nouvel élargissement, souvent appelé BRICS+, marque une nouvelle étape dans l’évolution du groupe. Les BRICS+ cherchent à inclure une plus grande diversité d’économies émergentes et à renforcer leur poids sur la scène mondiale. Cette expansion reflète la volonté des BRICS de jouer un rôle plus important dans la gouvernance mondiale et de représenter une plus grande diversité de perspectives régionales.
L’intégration de ces nouveaux membres présente à la fois des opportunités et des défis. D’une part, elle offre une chance d’élargir l’influence économique et politique du groupe, d’autre part, elle nécessite une coordination accrue pour gérer les différences économiques et politiques internes. Les BRICS+ devront développer de nouvelles structures de gouvernance et de coopération pour garantir l’efficacité de leur collaboration élargie.
L’impact économique des BRICS et des BRICS+
Les BRICS, et maintenant les BRICS+, ont un impact significatif sur l’économie mondiale. Ensemble, ils représentent une grande partie de la production mondiale, avec une influence croissante sur les marchés internationaux. En 2024, les BRICS+ représentent près de 27 % du PIB mondial en valeur nominale. Cela dépasse la contribution de nombreux blocs économiques traditionnels, tels que le G7. Cette position économique puissante permet aux BRICS+ de négocier collectivement sur des questions commerciales et financières mondiales, renforçant leur capacité à influencer les politiques économiques internationales.
Chaque pays membre des BRICS+ apporte des atouts uniques au groupe. La Chine, par exemple, est la plus grande économie du groupe et l’un des principaux moteurs de croissance mondiale. L’Inde, avec sa population jeune et en croissance rapide, offre un énorme potentiel de marché et un secteur technologique dynamique. La Russie et le Brésil sont de grands producteurs de matières premières, tandis que l’Afrique du Sud, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran apportent une perspective stratégique régionale unique et diversifiée.
Les défis et critiques des BRICS et BRICS+
Malgré leur croissance et leur influence croissante, les BRICS+ font face à plusieurs défis. La diversité économique, politique et culturelle des membres peut parfois compliquer la prise de décision collective. Par exemple, les différends territoriaux entre l’Inde et la Chine, ou les différences politiques entre la Russie et les autres membres, peuvent créer des tensions au sein du groupe. De plus, les différences dans les niveaux de développement économique des membres nécessitent des approches politiques flexibles et adaptées.
Les critiques envers les BRICS+ soulignent également le manque de cohésion et de vision commune. Bien que le groupe soit uni par un objectif général de réforme des institutions mondiales, il existe des divergences sur la manière de réaliser cet objectif. Le manque de structure institutionnelle solide est souvent cité comme une faiblesse, et l’élargissement récent pourrait ajouter de nouvelles complexités à la gestion interne du groupe.
Les positions politiques et la coopération internationale
Sur le plan politique, les BRICS+ se positionnent comme un contrepoids aux alliances dominées par l’Occident, comme l’OTAN et le G7. Le groupe soutient fermement le multilatéralisme, l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Les BRICS+ plaident pour une réforme des Nations Unies, notamment du Conseil de sécurité, afin de refléter les réalités géopolitiques actuelles.
Ils estiment que la composition actuelle du Conseil de sécurité, avec ses membres permanents et ses droits de veto, ne représente pas équitablement la diversité du monde d’aujourd’hui. Cette position est renforcée par leur plaidoyer pour une plus grande voix des économies émergentes dans les organisations internationales comme le FMI et la Banque mondiale, où ils estiment que leurs intérêts sont souvent sous-représentés.
La coopération économique et financière
Les BRICS+ ont également cherché à renforcer leur coopération économique et financière en dehors des institutions occidentales traditionnelles. Une étape importante dans cette direction a été la création de la Nouvelle Banque de Développement (NBD) en 2014, destinée à financer des projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays membres et au-delà. La NBD, avec un capital initial de 50 milliards de dollars, vise à fournir une alternative aux financements des institutions comme le FMI et la Banque mondiale, en particulier en s’abstenant d’imposer des conditions politiques strictes.
En plus de la NBD, les BRICS+ ont créé un fonds de réserve d’urgence de 100 milliards de dollars, connu sous le nom de Contingent Reserve Arrangement (CRA), pour aider les membres à faire face aux crises de liquidité à court terme. Ce mécanisme est conçu pour fournir une stabilité financière aux membres et réduire leur dépendance à l’égard des mécanismes de soutien occidentaux, qui sont souvent perçus comme politiquement motivés.
L’intégration régionale et les initiatives de développement
Chaque membre des BRICS+ joue également un rôle clé dans ses régions respectives, contribuant à la stabilité et au développement régional. Par exemple, la Chine, à travers son initiative Belt and Road (BRI), a investi massivement dans les infrastructures à travers l’Asie, l’Afrique et l’Europe, cherchant à renforcer les liens économiques et commerciaux. De même, l’Inde s’efforce de promouvoir la connectivité et l’intégration économique dans la région de l’Asie du Sud, tout en cherchant à renforcer ses liens avec l’Asie centrale et l’Afrique de l’Est.
L’Afrique du Sud, en tant que principal représentant africain au sein des BRICS+, travaille activement à promouvoir l’intégration régionale en Afrique, notamment par le biais de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Union africaine. Les nouveaux membres, tels que l’Égypte, l’Éthiopie, les Émirats arabes unis et l’Iran, apportent également leurs propres perspectives et priorités régionales, contribuant à élargir l’influence et la portée géographique des BRICS+.
Les défis internes et les divergences
Malgré les progrès réalisés, les BRICS+ font face à des défis internes importants qui pourraient entraver leur efficacité et leur cohésion à long terme. Les différences économiques et politiques entre les membres peuvent parfois créer des frictions. Par exemple, la Chine et l’Inde, deux membres clés, ont des relations bilatérales tendues en raison de différends frontaliers et de rivalités géopolitiques. De même, la Russie, qui est actuellement isolée par de nombreuses sanctions internationales, poursuit souvent une politique étrangère qui diffère de celle des autres membres, en particulier sur des questions comme la Syrie et l’Ukraine.
Il existe également des divergences sur la manière dont les membres devraient traiter avec les institutions financières occidentales. Certains membres, comme l’Inde et le Brésil, ont plaidé pour une réforme et une intégration plus équitable au sein de ces institutions, tandis que d’autres, comme la Russie et la Chine, ont exprimé leur méfiance et leur désir de créer des alternatives indépendantes.
Les perspectives d’avenir des BRICS+
L’avenir des BRICS+ dépendra largement de leur capacité à surmonter leurs différences internes et à formuler une stratégie commune claire. À l’heure actuelle, le groupe se trouve à un carrefour important. Leur expansion récente à BRICS+ offre à la fois de nouvelles opportunités et de nouveaux défis. D’un côté, elle élargit la base économique et politique du groupe, offrant une plus grande diversité de perspectives et de capacités. D’un autre côté, elle complique la gouvernance interne et la prise de décision.
Pour réussir, les BRICS+ devront renforcer leur structure institutionnelle, peut-être en créant un secrétariat permanent ou d’autres organes de coordination pour faciliter la coopération. De plus, ils devront élaborer des mécanismes pour gérer les divergences internes et maintenir la cohésion sur des questions clés de politique étrangère et économique.
En conclusion, les BRICS+ représentent une force émergente majeure dans l’ordre mondial contemporain. À travers leur coopération économique, financière et politique, ils cherchent à remodeler l’ordre international de manière à refléter les réalités du XXIème siècle, où les économies émergentes jouent un rôle de plus en plus important. Malgré les défis et les critiques, les BRICS+ continuent de croître en influence, offrant une alternative viable aux institutions internationales dominées par l’Occident. Les BRICS+ ne sont pas seulement un groupe de pays cherchant à maximiser leur propre influence, mais aussi une coalition qui tente de promouvoir un ordre mondial plus équitable et multipolaire. Leur succès ou leur échec aura des implications profondes pour l’avenir de la gouvernance mondiale, de la coopération économique et du développement durable. Alors que le monde continue de naviguer dans un paysage géopolitique complexe et en mutation, les BRICS+ resteront une plate-forme clé pour le dialogue et la coopération entre les économies émergentes et au-delà.
FAQ
Les BRICS sont un groupe de pays émergents composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine, de l’Afrique du Sud, ainsi que de l’Iran, de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis. Ce groupe vise à promouvoir la coopération économique, politique et culturelle entre ses membres.
Les objectifs des BRICS incluent la promotion d’un ordre mondial plus équilibré, la réforme des institutions financières internationales, le développement économique durable, et le renforcement de la coopération entre les pays membres.
Les BRICS influencent l’économie mondiale en représentant une part importante du PIB mondial, en augmentant leur part du commerce international, et en investissant massivement dans les infrastructures et les technologies émergentes.
Les BRICS sont importants car ils offrent une alternative aux alliances dominées par l’Occident, en promouvant la multipolarité et en soutenant des politiques de non-ingérence et de souveraineté nationale.
Les défis incluent la coordination des politiques entre des pays aux intérêts divergents, les tensions géopolitiques internes et externes, et la nécessité de surmonter les différences culturelles et économiques pour atteindre leurs objectifs communs.
Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.
Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.