Quels sont les principaux projets de développement des BRICS ?

Les BRICS, regroupant désormais dix pays depuis 2024, mènent des projets de développement ambitieux. Ces initiatives couvrent divers domaines, notamment l’infrastructure, la finance, la santé, la technologie et l’environnement, avec pour objectif de renforcer leur autonomie économique et politique sur la scène internationale. Ce développement vise également à proposer des alternatives aux institutions dominées par l’Occident, comme la Banque mondiale et le FMI. Quels sont les principaux projets de développement des BRICS ?

La Nouvelle Banque de Développement (NBD) : un outil de coopération financière

La Nouvelle Banque de Développement (NBD), créée en 2014 lors du sommet de Fortaleza au Brésil, est au cœur de la stratégie de développement des BRICS. Son but est de financer des projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays membres, ainsi que dans d’autres économies émergentes. La NBD se distingue par une gouvernance inclusive où chaque pays membre détient une part égale du capital, sans droit de veto pour éviter la domination d’un seul pays. Elle est dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars, qui pourrait atteindre 100 milliards de dollars à l’avenir.

Depuis sa création, la NBD a financé plus de 80 projets, allant des infrastructures routières en Inde aux énergies renouvelables en Chine, en passant par l’amélioration des systèmes de gestion de l’eau au Brésil. Ces initiatives visent à répondre aux besoins critiques des pays membres tout en favorisant le développement durable. Cependant, malgré ces ambitions, la NBD fait face à des critiques. Certains experts, tels que l’économiste sud-africain Patrick Bond, soutiennent que la Banque continue de soutenir des projets liés aux combustibles fossiles et à l’extraction de ressources naturelles, remettant en question son engagement envers le développement durable.

La NBD a également cherché à attirer de nouveaux membres pour élargir sa base de capital et diversifier ses sources de financement. L’Égypte, les Émirats Arabes Unis et le Bangladesh ont rejoint la NBD, ce qui montre l’attrait de l’institution pour les économies émergentes. Cependant, l’intégration de nouveaux membres présente aussi des défis, notamment la nécessité de concilier des intérêts économiques diversifiés.

Le Fonds Monétaire des BRICS (CRA) : une alternative au FMI

Le Fonds Monétaire des BRICS, également connu sous le sigle CRA (Contingent Reserve Arrangement), a été mis en place pour fournir une alternative aux dispositifs de soutien financiers du FMI. Conçu pour offrir une assistance rapide aux membres en cas de crise de balance des paiements, le CRA est un mécanisme de stabilisation financière doté d’une réserve collective de 100 milliards de dollars.

Malgré ses ambitions, le CRA n’a pas encore déployé pleinement son potentiel. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, notamment des divergences politiques entre les membres et une réticence des banques centrales, notamment celles de l’Inde et de l’Afrique du Sud, à utiliser ce mécanisme. Cette prudence peut s’expliquer par le manque de confiance entre les membres et les différences dans leurs politiques monétaires nationales. La Chine et la Russie, par exemple, ont des banques centrales plus centralisées, tandis que l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud possèdent des banques centrales indépendantes, rendant la coopération financière complexe.

Le futur du CRA dépendra de la volonté des BRICS de surmonter leurs divergences internes et de renforcer leur coopération financière. Des réformes structurelles, telles que l’augmentation de la flexibilité du CRA et l’intégration de nouveaux membres, pourraient accroître son efficacité et son rôle sur la scène économique mondiale.

Les projets d’infrastructure : pour connecter les économies des BRICS

L’un des principaux objectifs des BRICS est de développer des infrastructures pour renforcer la connectivité régionale et stimuler la croissance économique. La Chine joue un rôle clé dans ces efforts avec son initiative « Belt and Road » (BRI), qui vise à développer un réseau mondial de routes, de chemins de fer, de ports et de pipelines. Ce projet, bien que controversé, vise à intégrer les économies des BRICS en facilitant le commerce et en réduisant les coûts logistiques.

L’Inde et la Russie collaborent également sur des projets d’infrastructure énergétique, notamment des pipelines de gaz et de pétrole reliant leurs économies respectives. Ces projets visent à diversifier les sources d’énergie et à sécuriser les approvisionnements énergétiques, un enjeu stratégique majeur pour les deux pays.

En parallèle, l’Afrique du Sud se concentre sur le développement de ses infrastructures portuaires pour devenir un hub logistique en Afrique australe, facilitant ainsi les échanges entre les pays des BRICS et le reste du continent.

Ces projets d’infrastructure sont essentiels pour le développement économique des BRICS, car ils permettent de réduire les disparités économiques et d’améliorer la compétitivité des membres sur le marché mondial. Cependant, ils posent également des défis en termes de financement, de gestion des risques, et de coordination entre les pays membres.

La coopération en matière de santé : pour répondre aux défis mondiaux

La coopération en matière de santé est devenue une priorité pour les BRICS, notamment à la suite de la pandémie de COVID-19. Les pays membres ont intensifié leur collaboration pour développer des vaccins, partager des informations et fournir une aide médicale. La Chine et l’Inde, en particulier, ont joué un rôle majeur dans la production et la distribution de vaccins à l’échelle mondiale, tandis que l’Afrique du Sud est devenue un centre de production de vaccins pour le continent africain.

Les BRICS ont également lancé plusieurs initiatives pour renforcer la résilience des systèmes de santé. Par exemple, le « BRICS Vaccine Research and Development Centre » vise à promouvoir la recherche collaborative et à développer des solutions innovantes pour les maladies infectieuses. De plus, les pays membres partagent leurs connaissances et leurs meilleures pratiques pour améliorer la gestion des pandémies et renforcer les capacités de réponse aux crises sanitaires.

Cependant, la coopération en matière de santé n’est pas sans défis. Les différences dans les systèmes de santé, les capacités technologiques et les priorités nationales rendent la coordination complexe. De plus, la concurrence pour l’accès aux vaccins et aux ressources médicales a parfois entravé la collaboration entre les membres.

Le développement technologique : une nouvelle frontière pour les BRICS

Les BRICS reconnaissent l’importance de l’innovation technologique pour stimuler la croissance économique et renforcer leur position sur la scène mondiale. Ils ont lancé plusieurs initiatives pour promouvoir la coopération technologique et développer des solutions de pointe. Le « BRICS Institute of Future Networks », par exemple, se concentre sur le développement de technologies de nouvelle génération, telles que la 5G, l’intelligence artificielle, et les technologies de blockchain.

Chaque pays membre a ses propres priorités technologiques. La Chine est un leader mondial en matière de technologies numériques et d’intelligence artificielle. L’Inde se concentre sur le développement de logiciels et de solutions numériques. La Russie investit dans la cybersécurité et les technologies spatiales. Le Brésil et l’Afrique du Sud cherchent à renforcer leurs capacités technologiques dans les domaines de l’énergie et des infrastructures.

Cependant, la coopération technologique entre les BRICS est souvent confrontée à des obstacles. Les divergences réglementaires, les préoccupations en matière de propriété intellectuelle, et la concurrence technologique entre la Chine et l’Inde compliquent la collaboration. Pour surmonter ces défis, les BRICS devront établir des cadres réglementaires communs et renforcer la confiance mutuelle.

Le développement durable et le changement climatique : pour un engagement commun

Les BRICS se sont engagés à promouvoir le développement durable et à lutter contre le changement climatique. Les pays membres ont pris des mesures pour réduire leurs émissions de carbone, développer les énergies renouvelables et promouvoir des pratiques durables. La Chine et l’Inde, par exemple, ont investi massivement dans l’énergie solaire et éolienne, tandis que le Brésil se concentre sur la protection de l’Amazonie et la réduction de la déforestation.

Les BRICS ont également lancé des initiatives pour promouvoir l’économie verte et encourager les investissements dans les technologies propres. Par exemple, la NBD finance plusieurs projets d’énergie renouvelable et de gestion des ressources naturelles, notamment des parcs solaires en Inde et des centrales hydroélectriques en Afrique du Sud.

Cependant, malgré ces efforts, les BRICS continuent de dépendre fortement des combustibles fossiles, notamment le charbon et le pétrole, pour répondre à leurs besoins énergétiques. Cette dépendance complique leurs efforts pour atteindre les objectifs climatiques et pose des défis pour la transition vers une économie verte. De plus, les divergences sur les priorités environnementales et les capacités économiques rendent difficile l’adoption d’une approche commune en matière de développement durable.

Le renforcement des partenariats internationaux : pour une diversification des alliances

Les BRICS cherchent également à renforcer leurs partenariats internationaux pour diversifier leurs alliances et réduire leur dépendance aux économies occidentales. Ils ont développé des relations économiques et politiques avec des pays d’Afrique, d’Amérique latine, et d’Asie, en offrant des alternatives aux financements traditionnels et en promouvant des accords commerciaux bilatéraux.

Par exemple, la Chine a renforcé ses relations avec les pays africains par le biais d’investissements dans les infrastructures et les technologies. La Russie a élargi ses partenariats énergétiques avec des pays du Moyen-Orient, tandis que l’Inde développe ses relations commerciales avec des nations d’Asie du Sud-Est. Ces alliances visent à créer un réseau économique et politique plus équilibré et à offrir des alternatives aux structures dominées par l’Occident.

En plus des partenariats bilatéraux, les BRICS cherchent à jouer un rôle plus actif dans les organisations internationales telles que les Nations Unies, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et le G20. Ils plaident pour une réforme de ces institutions afin de mieux refléter la réalité économique mondiale actuelle et de donner plus de voix aux économies émergentes. Les BRICS ont également créé des plates-formes communes pour discuter de questions internationales, telles que la sécurité énergétique, la gouvernance économique mondiale, et les politiques de développement durable.

Cependant, malgré leurs efforts pour renforcer leur influence internationale, les BRICS sont confrontés à des défis internes et externes. Les divergences d’intérêts entre les membres, la concurrence économique, et les tensions géopolitiques compliquent la formation d’un front uni sur la scène mondiale. De plus, l’intégration de nouveaux membres, comme l’Iran et l’Égypte, introduit de nouvelles dynamiques et peut potentiellement créer des divisions au sein du groupe.

Le rôle croissant des BRICS dans la sécurité mondiale

Les BRICS ont également intensifié leur coopération dans le domaine de la sécurité mondiale. Ils ont organisé plusieurs exercices militaires conjoints et renforcé leurs partenariats dans le domaine de la défense. Par exemple, la Russie et la Chine ont mené des exercices navals conjoints avec l’Afrique du Sud en 2023, soulignant leur volonté de renforcer la coopération militaire. De même, l’Inde a mené des exercices militaires avec la Russie et la Chine, malgré des tensions frontalières persistantes avec cette dernière.

Ces exercices visent à améliorer l’interopérabilité des forces armées des BRICS, à renforcer la confiance mutuelle et à démontrer leur capacité à coopérer face à des défis sécuritaires communs. En outre, ces activités renforcent la position des BRICS en tant qu’alternative aux alliances militaires dominées par l’Occident, telles que l’OTAN.

Cependant, la coopération en matière de sécurité au sein des BRICS est limitée par des rivalités géopolitiques et des différences d’objectifs stratégiques. L’Inde, par exemple, maintient des relations de défense étroites avec les États-Unis et d’autres puissances occidentales, tandis que la Chine poursuit une politique plus assertive dans la région Asie-Pacifique. Pour que la coopération sécuritaire des BRICS se développe, il est essentiel de gérer ces différences de manière constructive et de trouver des domaines d’intérêt commun.

Les projets d’éducation et de recherche : pour renforcer la coopération intellectuelle

L’éducation et la recherche sont des domaines prioritaires pour les BRICS, qui cherchent à renforcer la coopération intellectuelle et à promouvoir l’échange de connaissances entre leurs membres. Les pays des BRICS ont lancé plusieurs initiatives pour encourager les échanges académiques, les programmes de recherche conjoints et le développement des compétences.

Un exemple notable est le « BRICS Network University », un réseau d’universités des pays membres qui vise à promouvoir la collaboration en matière de recherche et à développer des programmes éducatifs communs. Ce réseau facilite l’échange d’étudiants et de professeurs, le partage de ressources pédagogiques et le développement de projets de recherche sur des sujets d’intérêt commun, tels que le développement durable, les technologies de l’information, et les études économiques.

Les BRICS ont également mis en place des programmes de bourses pour encourager les étudiants des pays membres à étudier à l’étranger et à acquérir des compétences internationales. Ces initiatives visent à renforcer la coopération académique, à améliorer les capacités de recherche des membres, et à promouvoir une compréhension mutuelle plus profonde entre les pays des BRICS.

Cependant, ces initiatives rencontrent également des défis. Les différences dans les systèmes éducatifs, les barrières linguistiques et les divergences culturelles peuvent compliquer la coopération. De plus, le financement de ces initiatives reste une question clé, car les pays membres doivent équilibrer leurs priorités nationales avec leurs engagements internationaux.

Les perspectives futures et les défis pour les BRICS

À l’avenir, les BRICS devront faire face à plusieurs défis pour réaliser pleinement leur potentiel en tant qu’acteur majeur sur la scène mondiale. Les divergences internes, les différences économiques et les rivalités géopolitiques continueront de tester la cohésion du groupe. Pour surmonter ces obstacles, les BRICS devront renforcer leur coopération économique et politique, promouvoir la confiance mutuelle, et adopter des stratégies communes sur des questions mondiales essentielles.

De plus, le groupe devra naviguer dans un environnement international complexe marqué par des tensions croissantes entre les grandes puissances, des crises économiques, et des défis globaux tels que le changement climatique et les pandémies. Dans ce contexte, leur capacité à proposer des alternatives crédibles aux structures de gouvernance mondiale existantes et à promouvoir un ordre international plus équitable sera essentielle.

Enfin, les BRICS devront continuer à attirer de nouveaux membres et à élargir leur base de soutien international pour renforcer leur influence mondiale. Cela nécessitera une diplomatie active, une gestion habile des relations internationales, et un engagement envers des principes communs de développement durable et de coopération pacifique.

En conclusion, les BRICS ont démontré leur capacité à s’organiser et à proposer des alternatives aux institutions dominées par l’Occident. Cependant, pour devenir une force véritablement transformative sur la scène mondiale, ils devront surmonter des défis internes significatifs, renforcer leur coopération, et promouvoir une vision commune pour un avenir plus prospère et plus équitable.

Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.