Poutine taille un short au dollar
Vladimir Poutine a profité de sa visite d’État en Chine pour appeler le monde à cesser d’utiliser le dollar. Et si on le remplaçait par le Bitcoin ?
Le billet vert dans le collimateur du tsar
Face à un large parterre de journalistes, le président russe a rappelé que le dollar est au centre des tensions géopolitiques.
Interrogé sur le fait que certaines banques chinoises aient récemment décidé de ne plus traiter avec la Russie par peur des sanctions américaines, M. Poutine a déclaré « comprendre les motivations des institutions financières », prévenant néanmoins qu’elles devraient aussi prendre en compte « le risque d’enregistrer des pertes à cause des actions illégales des États-Unis ».
Il s’agissait d’une allusion à peine voilée au gel des 260 milliards d’euros appartenant à la banque centrale russe. Pour M. Poutine, l’occident ne les emportera pas au paradis :
« Ce que font les élites américaines est stupide. Ils se tirent une balle dans le pied en sapant la confiance vis-à-vis du dollar en tant que monnaie de réserve internationale et unité de compte mondiale. Et cela alors même que le dollar leur offre d’immenses privilèges.
Depuis la fin des accords de Bretton Woods et la fin du Gold Standard, la valeur du dollar repose sur la planche à billets ou, pour le dire plus noblement, sur la puissance de l’économie américaine. De nombreux pays acceptent leurs bouts de papiers par confiance dans l’économie américaine. »
M. Poutine a martelé que le dollar donne un « avantage énorme et injuste à l’économie ainsi qu’au système financier américain ». Selon les économistes russes, ce privilège représente « 10 000 milliards de dollars tombés du ciel du simple fait que le dollar soit la monnaie de réserve internationale ».
Un privilège exorbitant de 10 000 milliards $
Ces 10 000 milliards représentent peu ou prou le déficit cumulé de la balance commerciale américaine depuis la fin du Gold Standard. Ce déficit signifie que les États-Unis ont le privilège de pouvoir importer plus qu’ils n’exportent.
N’importe quel pays dans cette situation verrait la valeur de sa monnaie s’écrouler, sauf les États-Unis. Ce petit miracle tient au fait que les nations exportatrices placent leurs réserves de dollars dans la dette américaine. Ce système dit du pétrodollar maintient le dollar à flot malgré une balance commerciale chroniquement déficitaire.
Plus pour longtemps si l’on en croit le président russe :
« En sapant la confiance dans le dollar pour des raisons politiques, les autorités américaines affaiblissent l’instrument principal de leur puissance [le dollar]. Ils scient la branche sur laquelle ils sont assis. C’est irréfléchi, mais ils ne semblent pas pouvoir s’en empêcher.
Il est inacceptable d’utiliser des instruments financiers et économiques pour imposer sa volonté au reste du monde, y compris sur la scène politique. Il suffit de voir à quelle vitesse les réserves libellées en dollars diminuent pour réaliser que tous les pays sont conscients des risques. Le monde réagit. Je crois que la [dédollarisation] est inévitable. Le processus visant à réaliser des paiements en monnaies nationales, ou de créer d’autres instruments de règlement, a commencé et ne peut être arrêté. »
Dernier exemple en date : la Chine. L’Empire du Milieu s’est débarrassé de bons du Trésor représentant plus de 50 milliards de dollars au cours du premier trimestre. L’Arabie saoudite, qui a tout récemment intégré les BRICS, prend également ses distances.
Remplacer le dollar, mais par quoi ?
Commercer en monnaies nationales a ses limites. La Russie a dernièrement refusé la roupie indienne en paiement pour son pétrole. La raison étant que le taux d’inflation « normal » en Inde est supérieur à 6 % et que le pays ne produit pas grand-chose qui intéresse les Russes.
Les BRICS ont besoin d’un nouvel étalon qui puisse satisfaire le monde entier. Quels sont ces « autres instruments de règlement » ? Le mystère demeure. En attendant, il faut souligner que le yuan s’internationalise rapidement :
Les dernières données chinoises montrent que le yuan représente près de 30 % des paiements transfrontaliers. Ces paiements se font via le réseau chinois CIPS et ne sont donc pas pris en compte dans les données occidentales du réseau SWIFT.
Cela dit, la question de l’étalon mondial demeure épineuse. Il est par exemple peu probable que l’Inde accepte de remplacer le dollar par le yuan. Il faudra donc autre chose. CBDC, Stablecoins adossés à l’or, monnaie Frankenstein composée d’un panier de monnaies ?
Tout est possible, mais il faudra bien que l’occident accepte cette monnaie. La vice-présidente du FMI a récemment mis en garde contre « la fragmentation du système de paiement mondial selon des alliances géopolitiques qui feront émerger de nouveaux systèmes de paiement à l’interopérabilité limitée ou inexistante ».
L’occident n’acceptera pas que la Chine jouisse du privilège exorbitant. La seule solution viable est une monnaie ainsi qu’un système de paiement international dont aucune nation n’aurait le contrôle.
La seule monnaie cochant ces deux cases est l’apatride bitcoin dont la décentralisation repose sur un Proof of Work de 600 exahash par seconde. Un Bitcoin Standard permettrait aux nations de commercer sur un pied d’égalité.
Embrasser le bitcoin ou faire la guerre pour l’hégémonie monétaire ?
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