Pourquoi tant d'inflation ?
L’origine de l’inflation est duale. Il y a la dette d’un côté et la productivité de l’autre.
Inflation, dette et productivité
Tout le monde le sait. Imprimer de l’argent provoque de l’inflation, toutes choses égales par ailleurs. Une dette croissant plus vite que la quantité de choses produites finit inéluctablement par provoquer de l’inflation.
Mais pourquoi nous endettons-nous tant, et en premier lieux les États ? Selon toute vraisemblance, les gouvernements compensent de faibles recettes. Or ces dernières dépendent de la productivité du pays.
C’est donc du côté de la productivité qu’il faut se pencher pour trouver la racine du mal. Le journal Le Monde s’en est inquiété la semaine passée. « En trois ans, la productivité horaire – autrement dit, la richesse produite en l’espace d’une heure de travail – a chuté de 3,6 % ».
Et comme les journées font toujours 24 h, cela signifie que la production totale diminue.
« Ce mystère des pertes de productivité », peut-on lire, « constitue une véritable rupture : sur la décennie 2000-2010, la productivité augmentait en France de 0,85 % par an en moyenne, avec une parenthèse lors de la crise de 2008-2009 ».
L’économiste Eric Heyer qui parle de « mystère » rappelle avec gravité que « ce sont les gains de productivité qui permettent d’avoir de la croissance et d’améliorer le niveau de vie ».
« Si la baisse de la productivité est durable, cela induit moins de croissance, moins de revenus, notamment au sein de l’entreprise, et donc moins de salaires à redistribuer ».
Si les salaires ne baissent pas, ce qui est généralement le cas, il faut soit licencier, soit augmenter les prix. Tada ! L’inflation.
La sacro-sainte croissance
C’est ainsi. L’hypothèse économique fondamentale est qu’il faut croître. La croissance est absolument essentielle au ponzi de la monnaie fiat. Pourquoi ? Très bonne question.
Le postulat d’une croissance infinie du PIB est en fait la conséquence directe du système monétaire fiat. En effet, chaque sou en circulation provient à l’origine d’une dette, sans exception aucune. Or, qui dit dette dit intérêt !
Si le taux d’intérêt global est disons de 5 %, il faudra créer chaque année 5 % d’argent en plus. C’est une logique mathématique implacable.
Les banques y veillent en prêtant chaque année plus d’argent que l’année précédente. Et vu que l’argent en circulation provient majoritairement des prêts immobiliers, il en résulte une bulle immobilière. Et ne parlons pas de la dette des États…
Face à l’augmentation nécessaire de la quantité d’argent en circulation, la seule manière d’éviter l’inflation est de produire plus.
Si bien que toutes les modélisations économiques font ces deux hypothèses :
- Croissance de la population active
- Augmentation de la productivité par actif
Si nous avons plus d’actifs et/ou des actifs plus productifs, à l’arrivée la production augmente. Il est alors possible de faire tenir le ponzi monétaire tout en maintenant le pouvoir d’achat. Ce dernier peut même augmenter. Ce fut le cas à l’époque des trente glorieuses.
Quel est l’ingrédient secret ? La productivité. D’où vient la productivité ? De l’énergie peu chère, comme nous allons le voir.
Dans l’économie classique, la production est expliquée par l’alliance de capital et de travail. Mais aussi étonnant que cela paraisse, la réponse formelle à cette question n’existe pas.
Comme l’a dit Jean-Marc Jancovici sur sa page LinkedIn, « en économie, il n’y a pas d’équation mathématique permettant de « produire » de la croissance de la productivité de façon totalement explicite (et totalement endogène) à partir des facteurs de production : travail et capital ».
Le brouillard se dissipe toutefois si l’on se demande ce qu’est le capital.
Capital
Le capital n’est rien d’autre que des machines. La production en dépend directement.
Donnez une tractopelle à un ouvrier du BTP, il creusera plus vite qu’avec une pelle et une pioche. Donnez-lui un camion et il transportera plus de choses qu’avec une carriole.
Il y a certes une dimension technologique dans le capital. Le génie humain est source de productivité. Mais n’oublions pas que les fruits de ce génie sont intimement liés à l’énergie à disposition.
La tractopelle et le camion fonctionnent avec du pétrole. In fine, la productivité est fonction de la quantité d’énergie que nous pouvons extraire de notre planète. Et avant tout du pétrole dont dépend 95 % du transport mondial.
Sans croissance de l’extraction d’énergie, il est impossible de compenser l’augmentation de la masse monétaire du ponzi fiat. C’est alors que les problèmes commencent.
Nous y sommes. Après un siècle de croissance formidable grâce à la révolution industrielle et l’extraction croissante de combustibles fossiles, nous vivons un coup d’arrêt.
Les choses ont commencé à se compliquer à partir du second choc pétrolier de 1979, année du pic de consommation de pétrole par humain :
Puis vint en 2007 le pic de pétrole conventionnel (celui qui ne coûte pas cher à sortir de terre). Et depuis 2018, il semblerait que nous ayons franchi le pic tous pétroles.
L’énergie se raréfie, coûte de plus en plus cher et devient une contrainte pour la production. Même pour les pays avancés qui maîtrisent la fission nucléaire. Malheureusement, tout ne se règle pas à coups d’électrons.
Il découle de tout ça un cercle vicieux. La baisse de la productivité oblige à s’endetter encore plus pour rembourser les anciennes dettes dans une folle fuite en avant. Jusqu’à l’hyperinflation.
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