Pourquoi le Bitcoin n'est pas encore une valeur refuge ?
Les adeptes des cryptomonnaies considèrent le Bitcoin comme de l’or numérique. Sur le papier, il dispose de certaines caractéristiques intrinsèques qui se rapprochent du métal jaune. Mais dans les faits, la mère des cryptomonnaies a encore du pain sur la planche pour contester son titre de valeur refuge. La preuve avec le risque Evergrande en Chine qui plombe l’ambiance sur l’ensemble des classes d’actifs risquées y compris les cryptomonnaies.
Le Bitcoin en nette baisse et l’or stable suite au risque de défaut d’Evergrande
Les difficultés financières du promoteur chinois Evergrande ont mis au supplice les marchés financiers. Le Bitcoin n’a pas été épargné en perdant près de 14 % de sa valeur le 20 septembre 2021 alors qu’à la même date le cours de l’or est resté stable. Cela démontre que la relique barbare reste une valeur refuge en cas de stress sur les marchés financiers.
Bitcoin vs Gold en unités 1h
Cette lourde chute intervient dans un contexte où les principales banques centrales, la FED et la BCE, risquent d’être moins accommodantes sur leur politique monétaire dans les prochains trimestres. La réduction de l’abondance de liquidité et la perte de confiance face aux risques inflationnistes et externes pourraient ternir pendant quelque temps l’ensemble des classes d’actifs risquées.
Un baromètre de l’appétit pour le risque qui se confirme
Une tendance est sur le point de s’affirmer année après année. Depuis que le Bitcoin s’est démocratisé aux yeux du grand public au cours des années 2010, la plupart de ses fortes corrections ont eu pour conséquence d’entraîner une baisse sur les indices actions dans les semaines/mois à venir. En observant le graphique ci-dessous, cela s’était produit en août 2015, janvier 2018, novembre 2018, février 2020 et mai 2021. Ce qui nous laisse entendre que le Bitcoin est en quelque sorte le baromètre de l’appétit pour le risque. La croissance rapide de sa capitalisation boursière en corrélation avec celle de l’ensemble des marchés actions peut en partie l’expliquer.
Évolution du Bitcoin et du S&P 500 en unités hebdomadaires
Pour faire simple, le Bitcoin est donc corrélé à tout ce qui est lié aux éléments traditionnels des marchés actions :
- La volatilité. Quand elle est faible, cela favorise la prise de risque et la hausse des prix des actions et du Bitcoin. Quand elle est forte, le Bitcoin est plus impacté négativement que les actions en raison de l’absence de cadre réglementaire.
- La liquidité. Le fait qu’elle soit abondante constitue une protection pour les investisseurs grâce à l’interventionniste des banques centrales. Le Bitcoin et les altcoins en ont profité de fin mars 2020 jusqu’à l’arrivée des craintes inflationnistes en mai 2021. À l’inverse, la réduction de la liquidité même progressive est souvent le signe de risques potentiels. Le Bitcoin en pâtit en premier avant d’être suivi par les actions.
- L’évolution des taux d’intérêt qui interagit au manque de liquidités. Les tensions sur le marché obligataire impliquent des mouvements de correction sur les prix des actions, mais paradoxalement c’est le Bitcoin qui est le plus touché.
Cela étant dit, sa petite taille par rapport aux actions et obligations fait qu’on continuera à assister à des mouvements volatils. Les investisseurs institutionnels le considèrent comme une classe d’actifs spéculative.
Un protection contre l’inflation à défaut de valeur refuge ?
C’est une question qui demande un certain recul. Son historique de cotation depuis janvier 2009 ne permet pas de donner une réponse formelle. Pourtant, le Bitcoin est une monnaie déflationniste par son nombre d’unités limité en circulation et qui ne dépend pas d’une institution financière ou d’un État qui abuse à faire de la planche à billets pour rouler les déficits. À voir de plus près, il existe des divergences de point de vue entre les pays développés et les pays émergents.
Dans les pays développés, l’inflation moyenne était en-dessous de 2 % pendant les années 2010. Le Bitcoin était vu comme un actif de spéculation pour réaliser des gains à plusieurs chiffres. Dans certains pays émergents où l’inflation s’élève à deux chiffres comme le Venezuela, l’Argentine et l’Ukraine, on pouvait dire que le Bitcoin s’avère être une bonne protection contre l’inflation.
Cela étant dit, la donne pourrait changer sérieusement chez les pays développés qui ne sont plus habitués pas à une flambée des prix des biens et services de première nécessité, en particulier le gaz naturel. En plus des actions liées aux matières premières, le Bitcoin retrouverait un regain d’intérêt si l’inflation transitoire que prétendent la FED et la BCE, se transforme de manière durable.
En rassemblant les faits, le Bitcoin commence à se faire une place dans l’univers des marchés financiers, mais pas en tant que valeur refuge à ce jour. Curieusement, il permet d’anticiper les prochains mouvements sur les indices actions et symbolise l’état ambiant qui prédomine sur les places financières. Dans le futur, sa démocratisation vis-à-vis des investisseurs institutionnels et un meilleur cadre réglementaire lèveront les derniers doutes à son sujet. Ainsi, le Bitcoin s’imposerait au fil du temps comme une classe d’actifs qui vaudra le coup d’y investir selon l’environnement des marchés financiers.
Rédigé par Solana SEK pour Cointribune.
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