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Pourquoi la Banque Centrale Chinoise, la FED et la BCE veulent concurrencer Bitcoin (BTC)

lun 19 Oct 2020 ▪ 11 min de lecture ▪ par Nicolas T.

La Chine a commencé la distribution gratuite de « cryptoyuans » à ses citoyens. Idem pour la FED qui devrait s’y mettre très bientôt avec le Digital Dollar. Loin d’être des menaces pour le Bitcoin (BTC), ces « monnaies Banque Centrale » vont alimenter la fuite en avant inflationniste dont se nourrit le Bitcoin.

Airdrop de « crypto »yuans

La Banque Centrale chinoise va introduire 10 millions de yuans (1.25 million d’euros) sous forme de monnaie digitale à Shenzhen. De manière assez burlesque, le fameux CBDC (Central Bank Digital Currency) sera distribué à 50 000 personnes via une loterieLe but de l’opération est évidemment d’inciter des millions de personnes à télécharger l’application (le wallet) du cryptoyuan.

cryptoyuan

Soyons d’emblée très clair sur la nature de ce « yuan digital » souvent appelé à tort « cryptoyuan ». On appelle cryptomonnaie, une monnaie reposant sur une blockchain, qui plus est, DÉCENTRALISÉE.

Or d’une part le yuan digital ne repose PAS sur une blockchain… et, d’autre part, est contrôlé par une Banque CENTRALE. Le Digital Yuan sera au mieux un « Stable Coin » dont la masse monétaire ne sera absolument pas fixe. Contrairement à celle du Bitcoin (21 millions)…

Les autorités chinoises entretiennent l’amalgame avec la cryptomonnaie pour attirer les naïfs. Mais derrière cet écran de fumée se cachent en réalité deux sombres desseins :

  • La fin du cash
  • L’internationalisation du Yuan

Internationalisation du yuan

« La Chine doit devenir la première nation à émettre une monnaie digitale dans son effort d’internationalisation du yuan afin de réduire sa dépendance au système mondial de paiement en dollars. »

Banque Centrale chinoise (PBOC)

Difficile d’être plus clair. La Chine redoute la déconnexion du système SWIFT par où transitent tous les transferts bancaires internationaux. En effet, n’importe quel pays peut se retrouver coupé du reste du monde d’un seul clic si les États-Unis l’exigent… C’est le cas de l’Iran, seul pays du Golfe à refuser de vendre son pétrole exclusivement en dollar…

Ce qui pose problème à l’empire du milieu qui a promis d’investir 2 500 milliards de yuans pour développer l’industrie pétrolière iranienne… D’où la création de ce « yuan digital » qui a surtout vocation à devenir un système de paiement international contournant le réseau SWIFT.

Cela fait longtemps que la Chine (et la Russie) ne fait aucun secret de ses efforts pour internationaliser sa monnaie afin de se débarrasser du dollar. Cette ambition dépendra toutefois de la volonté des autres pays de défier les États-Unis en acceptant de se raccorder au système de paiement chinois. Tout cela est en réalité une question géopolitique plus que technologique.

Banking For All Act

Banking Act for All
Le projet de loi « Banking Act for All » préparant l’émission du Digital Dollar est dans les cartons du Sénat US

Les États-Unis ne sont pas en reste et se préparent également à introduire un « Digital Dollar« . La législation est déjà dans les tuyaux sous le nom de « Banking For All Act ». Cette loi n’a pas encore été votée mais cela ne saurait tarder. D’autant plus qu’elle stipule que « toutes les banques doivent, au plus tard le 1er janvier 2021, mettre des wallets à la disposition de tous les résidents et citoyens des États-Unis et des entreprises domiciliées aux États-Unis« .

Cette proposition de loi a été introduite au Sénat 4 jours après le « Cares Act » ayant permis d’envoyer un chèque de 1200 $ à chaque américain. L’ambition était de verser ce chèque sous forme de digital dollar dès le début mais cela ne s’est pas fait. Peut-être que les sénateurs ont eu peur de donner trop de pouvoir à la FED. Une autre explication serait que le digital dollar n’était pas encore opérationnel. Quoi qu’il en soit, les gouverneurs de la FED ont déjà exprimé par trois fois au Sénat US la nécessité de créer un « Digital Dollar ».

Les paris sont ouverts quant à savoir si le second chèque actuellement en discussion au Sénat sera versé en « Digital Dollars ». Nul doute que cela sera plus efficace que la loterie à la chinoise…

De l’inflation pour dégonfler la dette

Il semblerait que les États-Unis ne poursuivent pas exactement les mêmes objectifs que la Chine. Après tout, le dollar est déjà la monnaie internationale par excellence… Nous l’avons dit plus haut : la domination monétaire est d’abord et avant tout le résultat d’un rapport de force géopolitique et non pas technologique. L’hégémonie du dollar repose avant tout sur le « pétrodollar ». Dit autrement, sur le fait que tout le pétrole du monde soit vendu exclusivement en dollar. Un « privilège exorbitant » que les troupes US déployées partout au Moyen-Orient s’emploient à faire respecter. Dans le sang…

Les instigateurs du Digital Dollar aspirent donc probablement davantage à inonder l’économie US de dollars afin de générer de l’inflation. Cette dernière est absolument nécessaire pour réduire le poids de la dette du gouvernement US.

Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler que la FED a récemment annoncé son intention de laisser l’inflation galoper au-dessus de 2 % par an. Un changement de paradigme total quand on sait que sa mission a toujours été de la maintenir strictement au-dessous de 2 %.

La BCE se met dans la boucle

La Banque Centrale européenne travaille aussi sur la création d’un euro digital. Et grande coïncidence, Christine Lagarde se pose aussi la question de savoir si la Zone Euro ne se porterait pas mieux avec un traitement de choc inflationniste… Voici ce que nous écrivions récemment à ce propos sur TheCointribune :

« Complice de la grande mascarade des chiffres d’inflation, la « chouette » de la BCE se lamente dans son discours de ne pas parvenir à générer une inflation proche de 2 %. Elle lance même un peu plus loin qu’il faut se « poser la question de savoir si les banques centrales ne devraient pas explicitement s’engager à compenser les périodes de basse inflation avec des périodes d’inflation supérieure à 2 % ».

Thecointribune

La BCE n’a de toute façon pas le choix car laisser la FED imprimer toute seule se solderait par une forte hausse du taux de change EUR/USD. Ce qui in fine plomberait les exportations et donc la croissance de la Zone Euro.

Mais alors que le Japon a également envoyé un chèque de 100 000 yens (1000 $) à chacun de ses citoyens, une telle générosité n’est pas en vue en Europe. Ce qui suggère que la Zone Euro ne verrait pas non plus d’un mauvais œil la possibilité de s’émanciper du réseau SWIFT. Par exemple pour acheter du pétrole et du gaz iranien dans sa propre monnaie, et non plus en dollar ? En espérant que les Iraniens ne subissent pas le même sort que les Irakiens…

Fin du Cash et taux négatifs

Personne ne se plaindra de recevoir de l’argent gratuitement. Cela risque fort de créer de l’inflation. C’est vrai. Mais est-ce grave si chacun profite de manière égale de l’argent nouvellement injecté ?

Pourquoi pas ? Il s’agirait d’un revenu universel permettant de relancer la croissance et l’emploi de manière directe. Beaucoup plus directe que le « Quantitative Easing » qui ne sert qu’à enrichir des milliardaires…

Il est permis de douter de la générosité des technocrates européens se prenant pour des élites… N’écartons pas tout de suite la possibilité d’un scénario cauchemar… Celui dans lequel un euro digital viendrait remplacer l’argent liquide. Le but de la manœuvre étant de nous empêcher de retirer notre argent. Impossible alors d’échapper à la mise en place de taux négatifs sur l’épargne pour nous inciter à consommer plutôt que de perdre de l’argent.

Fin du cash propagande
Vous reprendrez bien un petit coup de propagande en faveur de la fin du cash ?

Un tel jusque-boutisme consumériste ne ferait probablement que retarder l’effondrement du système de création monétaire par la dette assortie d’intérêts. Ce système a bien fonctionné tant que nous avions du pétrole à foison ainsi qu’une population mondiale inférieure à 3 milliards d’âmes (jusqu’en 1960). Cette insouciance propre à une époque de forte croissance où personne ne s’inquiétait des limites de la terre doit cesser. Nous sommes en train de les atteindre et les choses ne vont malheureusement pas aller en s’arrangeant.

Pousser à la consommation avec des taux négatifs punitifs, alors que les grandes compagnies pétrolières nous disent que nous avons franchi le pic en 2018, n’est pas la solution. C’est même l’inverse qu’il faudrait faire.

Bitcoin vs Digital Fiat

Le Bitcoin n’est pas non plus LA solution à tous nos problèmes. Il ne fera ni repousser les forêts, ni baisser le niveau des mers, ni pleuvoir dans les zones arides. Il ne ressuscitera pas non plus les espèces disparues, ne reformera pas la calotte glaciaire de l’Arctique, n’abaissera pas l’acidité des océans, n’aspirera pas tout le carbone de l’atmosphère, ne fera pas rouler des voitures à essence, etc.

Mais il a le mérite de préserver votre épargne contre l’inflation, de ne pas reposer sur une dette gargantuesque menaçant d’exploser à la première pénurie de pétrole. Votre Wallet ne vous ponctionnera pas non plus un taux négatif… Le Bitcoin est ni plus ni moins que de l’or digital. Il sera assurément la dernière monnaie à rester debout quand la décroissance forcée rendra impossible le remboursement de la dette de monnaie fiat.

Le Bitcoin n’a rien à voir avec le Digital Dollar, le cryptoyuan ou l’euro numérique. L’émergence de ces nouveaux gadgets monétaires n’est absolument pas une menace pour la cryptomonnaie de Satoshi Nakamoto. Bien au contraire. L’inflation recherchée par les Banques Centrales sera un formidable moteur pour la relique barbare et son alter ego, le Bitcoin.

btc vs banks

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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