Nouvelle casserole pour Binance

Reuters jette l’opprobre sur Binance et CZ. Suspicions légitimes ou acharnement contre de plus grand exchange du monde avec plus de 120 millions de clients ?

Des arrangements à la FTX ?

Une nouvelle affaire éclabousse CZ après s’être récemment fait épingler pour cause de stablecoin BUSD non couvert à 100 %.

Reuters rapporte 89 transferts représentant 404 millions de dollars ( réalisés début 2021) depuis un compte bancaire appartenant à Binance.US vers la société de trading Merit Peak.

Or, le directeur de Merit Peak n’est autre que Changpeng Zhao (CZ), fondateur de Binance. L’article de Reuters suggère que nous serions potentiellement dans un scénario à la FTX en faisant un parallèle entre Alameda et Merit Peak :

« La SEC accuse le fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, d’avoir secrètement détourné des milliards de dollars de fonds de clients vers sa société de trading, Alameda Research, qui fonctionnait en tant que Market Maker sur FTX ».

Nous ne savons pas pour le moment si ces virements tiennent de malversations. Mais quoi qu’il en soit, Binance et Binance.US sont censées être deux entités indépendantes. L’une doit répondre aux régulateurs américains, tandis que l’autre lui échappe.

Autrement dit, en tant que sociétés distinctes et supposément indépendantes, aucune ne devrait avoir accès aux comptes de l’autre.

SMS accablants ?

Des SMS échangés entre la CEO de Binance.US, Catherine Coley, et une dirigeante de Binance suggèrent que Binance.US a surtout été créé pour détourner l’attention des régulateurs américains de ses activités mondiales.

Catherine Coley aurait écrit à un cadre de Binance pour demander une explication sur ces transferts, les qualifiant « d’inattendus » et affirmant que « personne n’en a parlé », indique Reuters. « D’où viennent ces fonds ? », a demandé C. Coley.

Dans ses réponses, la dirigeante de Binance Susan Li n’explique pas les transferts, mais explique que Merit Peak était un Market Maker facilitant le trading sur Binance.US.

Le compte bancaire en question est ouvert auprès de la banque californienne Silvergate. Reuters déclare ne pas « avoir été en mesure de savoir ce qu’il est advenu des 404 millions de dollars », et si « ces fonds transférés à Merit Peak étaient ceux de clients de Binance.US ».

L’agence de presse lâche toutefois « qu’un montant non spécifié de cet argent a ensuite été envoyée sur le compte Silvergate d’une autre société constituée aux Seychelles appelée Key Vision », un autre société administrée par CZ.

Tout cela étant dit, Binance a créé au moins 73 sociétés à travers le monde, dont 59 que Zhao possède ou contrôle partiellement. Reuters va donc peut-être un peu vite en besogne.

Binance nie

Binance.US a nié en bloc, affirmant dans un tweet que « seuls les employés de Binance.US ont accès aux comptes bancaires, point final ».

« La société Merit Peak a cessé toute activité sur la plateforme en 2021 », ajoute Binance.US. « Binance.US n’a jamais prêté ou utilisé les fonds de ses clients pour trader ».

There have been many attempts to draw parallels between https://t.co/AZwoBOgsqS and fraudulent exchanges that have gone bankrupt. The real facts speak for themselves: there is no comparison.

Our leadership team is staffed with former DOJ, SEC, FBI, and NYFed employees who are… https://t.co/5etl0z3ZUX

— Binance.US 🇺🇸 (@BinanceUS) February 16, 2023

L’exchange se défend de toute ressemblance avec FTX qui a siphonné environ 10 milliards de dollars des fonds de ses clients pour les envoyer à Alameda Research, une société de trading appartenant à son CEO Sam Bankman-Fried.

« De nombreuses tentatives ont été faites pour établir un parallèle entre Binance.US et des exchanges frauduleux ayant fait faillite. Les faits réels parlent d’eux-mêmes : il n’y a aucune comparaison », a lancé Binance.US, sans mentionner le nom de FTX.

Changpeng Zhao n’a pas encore commenté l’article de Reuters, mais a tweeté ceci le 17 février :

« N’oubliez pas le 4. Mais concentrez-vous sur les 3 premiers », en taguant tweet datant de janvier. Le « 4 » fait référence à « ignorez le FUD, les fake news, les attaques, etc. ».

Si l’on s’en tient à cette logique, l’article de Reuters ne serait qu’un déversement de FUD. Nous verrons bien.

Terminons en soulignant au passage que CZ refuse toujours de donner des détails sur la juridiction ou le nom de l’entité qui se cache derrière son exchange…