Nigeria : Condamnation de 4 prêteurs après avoir permis des transactions en cryptomonnaies
La Banque centrale du Nigeria (CBN) a imposé des amendes à quatre banques d’un montant de 800 millions de nairas (1,9 million de dollars) pour avoir supposément donné lieu à des transactions en cryptomonnaies en 2021.
Quatre fortes amendes pour des erreurs
Standard Bank Group Ltd a été condamné à une amende de 200 millions de nairas (environ 481 000 dollars) pour deux comptes qui auraient été utilisés pour des transactions en crypto. Access Bank a elle aussi été condamnée à une amende de 500 millions de nairas (environ 1,2 million de dollars) pour ne pas avoir fermé les comptes crypto de ses clients, selon un dépôt auprès de la Nigerian Exchange Ltd. De même, United Bank for Africa (UBA) doit payer une amende de 100 millions de nairas (environ 240 000 dollars) pour des transactions en cryptomonnaie effectuées par un client.
Le directeur général Wole Adeniyi a révélé que Stanbic IBTC a suivi la réglementation de la banque centrale. Cependant, les transactions n’auraient pas pu être détectées. Adeniyi a également déclaré que la banque centrale a pu identifier les transactions concernées grâce à des « capacités avancées » auxquelles même les prêteurs du pays n’ont pas accès. La plateforme a exhorté la banque centrale à partager cette technologie. Le directeur général Adeniyi a déclaré : « Il ne semble pas qu’ils envisagent un remboursement, mais ils partagent maintenant des renseignements avec nous pour pouvoir en quelque sorte dissuader les clients. »
Une régulation stricte au Nigeria
En février 2021, la Banque centrale du Nigeria a ordonné à toutes les banques commerciales et institutions financières de fermer tous les comptes clients qui opèrent en cryptomonnaies ou qui en font le commerce. La banque apex s’est référée à une circulaire de 2017 qui ordonnait aux banques commerciales « de ne pas utiliser, détenir, échanger et/ou négocier des cryptomonnaies ».
Comme la plupart des pays qui ont restreint le commerce de cryptomonnaies, la CBN a cité la sécurité financière comme raison de l’interdiction. Dans sa circulaire clarifiant sa position, le directeur de la communication institutionnelle de la CBN Osita Nwanisobi a déclaré que la plupart des utilisateurs de cryptomonnaies apprécient l’anonymat, l’obscurité et la dissimulation. « C’est sur la base de cette opacité que les cryptomonnaies sont devenues bien adaptées à la conduite de nombreuses activités illégales. Notamment le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, l’achat d’armes légères et de petit calibre et l’évasion fiscale », a-t-il déclaré.
Une déclaration en réel décalage avec les chiffres que nous avons pu observer dans de nombreux rapports. On estime qu’environ 0,15 % de l’activité des cryptomonnaies est lié à une activité criminelle. Un pourcentage évidemment ridicule par rapport au pourcentage d’utilisation du dollar dans des affaires illicites.
Comme d’habitude il est important de rappeler que la blockchain est publique, ouverte et consultable à vie. Il est donc difficile d’y cacher des activités illégales si tout le monde à la capacité de suivre vos transactions.
Il est important de noter que la CBN n’a pas interdit les cryptomonnaies au Nigeria. Elle a cependant coupé le lien entre les bourses de cryptomonnaies et leurs utilisateurs. Les Nigérians peuvent donc toujours acheter et échanger des cryptomonnaies. Mais pas par l’intermédiaire d’une banque ou d’une technologie financière nigériane.
Une explosion du P2P en Afrique
En réponse à cette restriction, les plateformes d’échange de cryptomonnaies nigérianes ont réagi en proposant de nouveaux moyens. Notamment en introduisant des échanges Peer-to-Peer (P2P) pour leurs transactions en cryptomonnaies, ainsi que le commerce de stablecoins. L’Afrique utilise déjà depuis longtemps des systèmes de P2P. Déjà en 2020 on enregistrait plus de 280 millions de dollars échangés en P2P en Afrique sur Binance.
Ce type de restriction provoque par contre une augmentation du taux de chance de non-déclaration. En effet, une activité de particulier à particulier est plus difficilement traçable et aucun système de KYC n’intervient. Cela permet donc à l’argent sale de rentrer plus facilement dans la blockchain.
En se focalisant sur les sanctions et non l’adoption, le Nigeria s’éloigne de la réalité de l’utilisation des cryptomonnaies. Il ne reste plus qu’à espérer qu’à l’avenir, ce pays se rende compte du potentiel positif des cryptomonnaies et change sa régulation. En attendant, les utilisateurs de P2P continuent d’utiliser le réseau loin des banques.
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Observateur de la révolution monétaire, économique et sociale.
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