Minage de Bitcoin : Washington mène une enquête énergétique musclée aux Mégawatts !

Le département américain de l’Énergie (DOE) vient de lancer une vaste enquête de 6 mois pour évaluer la consommation électrique du minage du Bitcoin aux États-Unis. Objectif : dresser un état des lieux précis du secteur et de son empreinte carbone.

Le minage du Bitcoin dans le collimateur de la DOE !

L’Agence d’information sur l’énergie (EIA), une agence gouvernementale, mènera pendant 6 mois un recensement national obligatoire auprès de toutes les sociétés minières basées aux États-Unis et utilisant la preuve de travail. Objectif : mesurer pour la première fois avec précision leur consommation électrique, leur localisation géographique et leurs sources d’approvisionnement en électricité.

Joe DeCarolis, l’administrateur de l’EIA, justifie ce monitoring en arguant que la nouvelle flambée des cours du Bitcoin « incite à une plus grande activité minière, qui augmente la consommation d’électricité ». Une tendance potentiellement problématique avec des réseaux électriques sous tension, estime-t-il.

« Pour preuve, le prix du bitcoin a augmenté d’environ 50 % au cours des trois derniers mois, et des prix plus élevés incitent à une plus grande activité de minage de cryptos, qui à son tour augmente la consommation d’électricité. »

Pour estimer la consommation des mineurs, l’EIA s’appuie sur l’indice de référence Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index (CBECI). D’après ses dernières données, la part des États-Unis dans le minage mondial de Bitcoin est passée de 3,4% début 2020 à 37,8% début 2022.

En extrapolant ce ratio, la consommation électrique des mineurs américains est évaluée entre 25 et 91 térawattheures (TWh) en 2023, soit 0,6 à 2,3% de la demande nationale. Au total, 137 sites ont été identifiés dans 21 États, essentiellement au Texas, en Géorgie et à New York, pour une capacité de 10 275 mégawatts.

Ces chiffres font du minage l’une des activités les plus énergivores du pays. Dans un contexte de fragilité du réseau cet hiver, le gouvernement entend anticiper l’évolution des besoins de cette industrie en plein essor.

Une initiative perçue avec méfiance

Si cette collecte de données inédite se veut informative, elle reste accueillie avec circonspection par certains acteurs de l’écosystème. Le Texas Blockchain Council met ainsi en garde contre « une discrimination à l’encontre de ce type de consommateurs ». D’autres comme Riot Platforms rappellent la contribution des mineurs à la stabilisation des réseaux via des partenariats avec des opérateurs.

Pourtant, l’industrie minière du Bitcoin joue déjà un rôle actif dans la stabilisation des réseaux. Au Texas, les mineurs participent à un programme de réduction de la consommation aux périodes de pointe, évitant ainsi des délestages.

Plutôt qu’une contrainte, ce monitoring pourrait être l’occasion d’intégrer plus étroitement l’exploitation du Bitcoin dans la stratégie énergétique américaine. À condition que les données collectées servent à accompagner cette filière innovante, et non à brider son essor.

Cette vaste collecte de données marque un tournant dans l’approche du gouvernement face à une filière en plein développement. Si elle permettra d’objectiver rigoureusement l’empreinte énergétique du minage, le risque d’une réglementation tatillonne inquiète certains acteurs.

L’enjeu sera de trouver le bon équilibre entre soutien à l’innovation et maîtrise de la consommation électrique de cette industrie stratégique.