Marché de l'art : Quel avenir pour les NFT ?
Chaque année, près de 50 à 70 milliards de dollars d’œuvres d’art sont vendues à travers le monde. En outre, le marché de l’art employait environ 3 millions de personnes dans le monde en 2017 à travers plus de 300 000 sociétés. La plupart de ces sociétés étant des galeries d’art. Malgré tout, l’art est un marché aussi complexe que le nombre des œuvres dissemblables qui le composent. Néanmoins, plusieurs indices montrent que le marché de l’art peut aussi s’avérer extrêmement porteur et peut revêtir une certaine qualité refuge au cours du temps. Désormais, toute la question de l’évolution des pratiques artistiques se pose. Certains projets cherchent ainsi à rallier l’art classique avec les NFT, dans un contexte où l’art contemporain n’a jamais autant performé.
Le marché de l’art : la mesure de la démesure
Comme l’a souligné artprice dans son rapport annuel, un des leaders de l’information de l’art, il existe une grande différence entre le prix de vente moyen, et le prix de vente médian. En 2021, le prix de vente moyen dans l’art était de plus de 25 000 $, alors que le prix médian était d’un peu plus de 900 $. C’est-à-dire que la moitié des ventes d’art se font sous 900 $, et qu’une portion minime des œuvres se vendent pour plusieurs centaines de milliers, ou plusieurs millions d’euros.
Quelles sont aussi les performances associées au marché de l’art ? D’après l’indice établi par artprice, le cours de l’art contemporain aurait été multiplié par près de 6 sur la seule période 1998-2020. Néanmoins, les performances de l’art classiques sont moins importantes. Le secteur du dessein aurait ainsi vu sa valeur doubler en l’espace d’un peu plus de deux décennies. De manière globale, l’art enregistre une hausse de +50 % à +70 %. Il est important de mettre en relief la hausse du prix des œuvres d’art en 2008, 2012-2014, et 2020. En d’autres termes, les œuvres d’arts profitent généralement des périodes de crise.
En outre, un autre indice calculé par la maison Sotheby’s montre que le cours des œuvres a été multiplié jusqu’à 500 fois son cours de 1950. Depuis le début des années 1990, la valeur du marché aurait été multipliée par 4 ou 5. Le taux de croissance annuel moyen de la valeur des œuvres étant estimé à 8,5 % par la maison Sotheby’s.
Art & NFT : une combinaison indispensable ?
Nous devons avoir en tête que l’art et les NFT sont encore deux marchés assez distincts. En ce sens, les investisseurs de l’art traditionnel sont encore rarement les mêmes acheteurs que sur les NFT. En effet, les NFT ont connu un important essor au sein de l’écosystème crypto, en suscitant aussi toutefois un intérêt chez les artistes et certains investisseurs traditionnels. On s’attachera ici à comprendre les mécanismes du marché de l’art, et du marché des NFT, et de leur combinaison possible dans le futur.
Une combinaison de l’art et des NFT ?
Nous avons montré que l’art est un marché spécifique qui s’avère globalement porteur dans le temps. C’est le marché de l’art contemporain qui enregistrerait ainsi les plus grandes performances. L’art contemporain a fortement accéléré la dématérialisation des œuvres et l’expression de nouvelles tendances. De l’autre côté, il y a le marché naissant des NFT basé sur les tokens (cryptos). Les NFT, qui garantissent l’authenticité d’un objet, ne se limitent pas à l’art. Ils englobent à peu près tous les objets qui nécessitent ou nécessiteraient une authentification unique.
Néanmoins, plusieurs différences entre art et NFT persistent. Tout d’abord, la capitalisation du marché de l’art excède largement celle des NFT. Cette capitalisation de l’écosystème des NFT est estimée à près de 2 milliards de dollars par Coinmarketcap en fin juillet 2022. De plus, les NFT sont une technologie plutôt qu’une œuvre en eux-mêmes. En ce sens, la combinaison de l’art et des NFT doit se faire idéalement dans le sens de l’art. Ainsi, les NFT peuvent répondre aux évolutions du marché de l’art par plusieurs biais :
- Premièrement, les œuvres numériques pourront être plus efficacement authentifiées et sécurisées. Les NFT pourraient donc être un moyen de dynamiser la création artistique numérique.
- D’autre part, les NFT peuvent servir à l’authentification d’œuvres physiques. Les coûts liés au stockage de l’œuvre et à la sécurité exigible seraient en cela réduits dans le cas de maisons de vente centralisées.
- Enfin, il est important de rappeler que les NFT ont donné naissance au metaverse. Le metaverse offre la possibilité d’accéder à des galeries, publiques ou privées, composées de collections d’œuvres numériques où les utilisateurs peuvent être de simples visiteurs ou les détenteurs de ces mêmes œuvres.
Metaverse, NFT, et Art !
L’idée de mêler des œuvres d’art physiques avec les NFT, ainsi qu’un metaverse, a été notamment développée par des projets comme Private Museum. Le projet comprend plusieurs millions d’euros d’investissements et plus d’une centaine d’artistes. Il est significatif de souligner l’avancement de ce type de projet au regard de l’évolution globale et assez récente du marché des cryptomonnaies. Dans tous les cas, un certain intérêt des acteurs de l’art traditionnel se manifeste clairement.
Le monde de l’art se dirige-t-il vers un « Amazon de l’art » ? Il n’en est pas impossible. La plus grande financiarisation du marché de l’art ces dernières décennies a accéléré ce besoin de fluidité du marché.
Ces dernières années ont vu l’expansion d’un art toujours plus abstrait, et souvent dématérialisé. L’importante agilité dans la création et l’échange des œuvres permet la démocratisation de l’art à de nombreuses personnes. L’art est par nature assez subjectif, mais les œuvres ont souvent tendance à évoluer au grès des périodes technologiques.
NFT : quelles réactions face à la crise ?
Nous avons représenté l’indice de la collection Bored Ape Yacht Club, expirmé en ETH (ethereum). La valeur de ces NFT, parmi les plus populaires, a reculé de plus de 50 % entre mai 2022 et juin 2022. Néanmoins, le cours de ces NFT reste encore « historiquement » élevé. En l’espace d’une année, l’indice de la collection est passé de 3 ETH a plus de 70 ETH aujourd’hui. Cette progression s’est faite techniquement dans un canal ascendant. La rupture de ce canal en mai suggérait un objectif autour de 45 ETH qui a (presque) été atteint.
Le marché des NFT demeure cependant très fragmenté. La plupart des NFT ne valent rien ou presque. Alors qu’une infime partie d’entre eux s’écoulent parfois à plusieurs millions d’euros. Les NFT seront certainement amenés à rester plus ou moins durablement, mais leur forme actuelle sera probablement traduite à évoluer. Le marché des NFT est rapidement devenu saturé d’œuvres similaires et pour beaucoup spéculatives. Désormais, la structuration de ce marché est indispensable à sa survie. La survie des NFT dépendra certainement de sa capacité à capter un réel intérêt chez les acteurs de l’art, dont principalement les galeries et les artistes.
Le premier NFT… Dans la cours des grandes œuvres…
Mais rappelons enfin une anecdote savoureuse pour garder à l’esprit que les NFT sont nés de l’art. Le premier NFT est ainsi venu au monde en 2014. Le nom de l’œuvre d’origine : Quantum par l’artiste Kevin McCoy. L’artiste, qui connaissait déjà le Bitcoin en 2013, a voulu révéler son intérêt pour les cryptomonnaies. La dernière vente a eu lieu en 2021 dans la célèbre maison Sotheby’s. L’œuvre s’est vendue pour près de 1,5 millions de dollars. Le vice-président de l’art contemporain chez Sotheby’s à New York a ainsi déclaré…
« Dans 10 ans avec le recul, si en fait ceux-ci doivent se développer, cette pièce peut représenter et symboliser le début de quelque chose d’assez révolutionnaire et de très percutant »
En conclusion
Le marché de l’art est un des marchés les plus vieux au monde. A ce jour, ce marché représente un flux de plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année. Mais la fragmentation du marché de l’art augmente aussi les différences d’accès qu’il existe entre chefs d’œuvres surcotés et œuvres abondantes. Dans leur globalité, les œuvres d’art peuvent pourtant constituer une réserve de valeur intéressante et parfois très lucrative. En dépit de ce fait, le cœur de l’industrie artistique reste dominée par un nombre restreint d’acteurs souvent fortunés. En 2021, la plus grande vente s’est faite à New York (Christie’s) pour un montant de 103 millions de dollars. Il s’agit du tableau de Pablo Picasso Femme assise près d’une fenêtre (Marie-Thérèse), dont le prix a ainsi doublé en l’espace de huit ans.
Qu’en est-il donc pour les NFT ? De manière assez surprenante, les NFT se sont liés assez naturellement au marché de l’art. Mais les abus de ce marché, et l’importante différence qui persiste encore entre les acteurs de l’art NFT et de l’art classique, empêche une croissance immédiate. La chute récente du marché a mis en difficulté la chiourme de projets NFT lancés en quelques semaines. À côté de cela, des investisseurs de l’art commencent à montrer un certain intérêt pour une application plus complète des NFT au marché traditionnel de l’art.
Ainsi, quelques rares projets (Private Museum notamment) sont l’image d’une nouvelle offre artistique. Pour l’heure, ces projets en développement restent encore cantonnés à la discrétion des acteurs de l’art, et à la crise du marché des cryptomonnaies. L’avenir montrera si la numérisation de nos vies sera, aussi, celle de l’art.
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Auteur de plusieurs livres, rédacteur économique et financier sur plusieurs sites, je noue depuis de nombreuses années une véritable passion pour l'analyse et l'étude des marchés et de l'économie.
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