M. Saylor : "Le Bitcoin n'a pas besoin de remplacer la monnaie fiat"
Michael Saylor a fait des vagues en déclarant sans ambigüité sur CNBC que le but premier du bitcoin est d’être une réserve de valeur.
« Le bitcoin n’a pas besoin d’être un moyen d’échange »
Andrew Ross Sorkin s’est récemment attiré les quolibets en déclarant que le bitcoin était « trop volatil pour être une réserve de valeur »… Il a donc reçu Michael Saylor ce lundi pour tirer les choses au clair.
Première question : « Est-il impossible que les gouvernements des États-Unis et de la Chine fassent quelque chose qui mettrait la croissance du bitcoin en danger » ? La réponse du CEO de Microstrategy a fait jaser :
« Ce n’est pas une très bonne question. Les sceptiques disent souvent que le bitcoin est trop beau pour être vrai. Que les gouvernements finiront par nous l’enlever. Cette réflexion se base sur une mauvaise compréhension de ce qu’est le bitcoin. Les gens parlent de monnaie, de cryptomonnaie, mais c’est un héritage linguistique malheureux.
Il n’est pas une monnaie numérique. Il est avant tout un bien numérique. Une fois que l’on comprend ça, il apparait que la raison d’être du bitcoin est la préservation de toute l’épargne mondiale. Il n’y a pas d’anathème sur le fait de détenir un bien. Vous pouvez détenir une tour à Manhattan. Le droit de propriété est universel, en Europe, en Chine ou aux États-Unis. C’est ainsi qu’il faut le percevoir et l’embrasser.
Toutes les controverses à propos des cryptos sont liées à leur utilisation en tant que moyen d’échange. Mais il faut bien comprendre qu’un moyen d’échange ne vaut que mille milliards de dollars. Une réserve de valeur vaut cent mille milliards de dollars. Le bitcoin va créer la controverse si on le présente comme une monnaie, donc je recommande de le considérer comme une réserve de valeur. »
Le bitcoin est-il destiné à être un moyen de paiement ?
Andrew Sorkin est allé plus loin en demandant si le bitcoin « peut et doit devenir un jour un moyen d’échange » ? Réponse du gigachad :
« Il n’a pas besoin de devenir un moyen d’échange. Personne n’essaie d’acheter un café avec un morceau de sa tour new-yorkaise. Toutes les personnes riches que je connais possèdent de l’immobilier à New York, et aucune d’entre elles ne se plaint de ne pas pouvoir dépenser leur appartement comme si c’était un moyen d’échange.
L’attrait principal du bitcoin est d’être une réserve de valeur. Le fait qu’il puisse également servir de moyen de paiement est une distraction. Les gouvernements seront toujours en charge de la monnaie légale. Et c’est très bien comme ça.
Le bitcoin est en compétition avec l’or qu’il finira par avaler. Il est aussi en compétition avec les actifs risqués pour l’investissement à long terme. Il est en concurrence avec la stratégie d’acheter un appartement pour faire du AirBNB. »
Ces propos ne plaisent pas à certains qui s’accrochent à la vision d’un monde sans gouvernement, sans banques centrales, etc…
De nombreux développeurs comme Zack Voell pensent que le bitcoin peut et doit remplacer la monnaie fiat. Voilà pourquoi ils proposent sans arrêt de le modifier (BCH, CTV, etc) afin de permettre ce passage à l’échelle dont nous n’avons en réalité pas besoin.
D’autres, plus humbles, acceptent de réévaluer leur conception du bitcoin. Comme Quattro :
« Il a raison. L’une des raisons pour lesquelles les gens pensent que le BTC ne montera pas est qu’ils le considèrent comme une concurrence aux monnaies étatiques en tant que moyen d’échange. »
Saylor droit dans ses bottes
Les déclarations du CEO de Microstrategy sont raccords avec sa vision qu’il nous avait fait entrevoir à la conférence Bitcoin 2023 de Prague :
« Aucun pays ne peut arrêter l’inflation. Personne ne peut arrêter l’inflation. Je peux faire de toi le maitre du monde, tu n’arrêteras pas l’inflation ».
Et lors d’une interview quelques semaines plus tard :
« Croire que le bitcoin remplacera la monnaie fiat est une distraction qui provoque des impasses mentales chez beaucoup de monde. […] Le bitcoin n’a pas besoin de remplacer la monnaie fiat pour réussir. […] La richesse mondiale est d’environ 850 000 milliards de dollars sous forme d’immobilier, de titres de dette, d’actions, d’art… Bitcoin est un meilleur actif. Les gens vont cesser d’acheter de l’immobilier pour 25 ou 30 fois la valeur du loyer annuel. Ils vendront tout jusqu’à ce que le ratio retombe à 10. Pareil pour les actions de multinationales valant 25 fois leurs profits annuels. »
Le bitcoin peut certainement servir de monnaie, mais il n’a pas besoin de remplacer la monnaie fiat.
L’un a l’avantage d’exister en quantité fixe, ce qui permet de se protéger de l’inflation. L’autre a l’avantage d’être créé ex nihilo, ce qui permet de fluidifier les investissements.
Un système ayant une monnaie en quantité fixe est trop rigide. Imaginez que nous ayons pour unique monnaie le bitcoin et que chacun ait son propre wallet. Comment EDF ferait pour financer six réacteurs nucléaires (50 milliards d’euros) s’il n’est pas permis de créer l’argent ex nihilo ?
Il faudra taper à la porte de cinq millions de Français et les persuader de prêter chacun l’équivalent de 10 000 euros pour 15 ans. Cela ne passe pas à l’échelle. Et ne parlons pas du problème des intérêts…
Une société complexe a besoin de l’outil de la dette. Et du bitcoin pour se protéger de l’inflation (qui provient avant tout des limites physiques à la croissance, mais c’est une autre histoire).
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