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L'Irak interdit les paiements en dollar

ven 06 Oct 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Le gouvernement irakien interdira tous les retraits d’espèces et les transactions en dollars américains à partir du 1er janvier 2024.

Irak dollar

L’Irak, un pays dollarisé

Rappelons pour plus de contexte que l’Irak est quasiment vassalisé par les États-Unis depuis la pendaison de Saddam Hussein.

On entend souvent dire que la seconde guerre du Golfe fut une « guerre pour le pétrole ». A vrai dire, ce fut une guerre pour le pétrodollar.

Il s’agissait de se débarrasser de Saddam Hussein qui venait de libeller le pétrole irakien en euro plutôt qu’en dollar. « Le dollar sera remplacé par d’autres devises étrangères, dont l’euro », avait alors déclaré le ministre des Finances Hekmat Ibrahim al-Azzaoui.

Excellente nouvelle pour le vieux continent, premier importateur du pétrole irakien, qui se voyait offrir le même privilège exorbitant que les États-Unis. C’est-à-dire échanger du papier (de la dette) contre du pétrole.

La monnaie unique était à l’époque en perdition, à son plus bas historique, autour de 0,82 euro pour un dollar. La faveur irakienne lui permit de s’apprécier de 30 % en l’espace de quelques mois.

Tout le monde connaît la suite. Dick Cheney, le vice-président de George Bush, poussera Colin Powel à mentir devant les Nations Unies sur les fameuses armes de destruction massive de Saddam.

La guerre d’Irak fut une démonstration de force pour montrer à l’Europe ainsi qu’aux pays du golfe ce qu’il en coûte de refuser la monnaie impériale. Les ventes de pétrole seront libellées en dollar immédiatement après la prise de Bagdad.

La couleur du billet dans lequel l’énergie est vendue est à la racine de toutes les guerres qui éclatent aux quatre coins du monde. La guerre en Ukraine ne fait pas exception.

Le retour du dinar

Vingt ans après l’opération Desert Storm, toutes les recettes pétrolières irakiennes sont encore versées sur un compte ouvert auprès de la Réserve fédérale américaine. Dit autrement, le Trésor US contrôle directement les réserves de change irakiennes.

Le député irakien Hussein Mouanes avait déclaré à The Cradle en mai : « L’Irak continue d’être l’esclave du dollar américain […]. Notre gouvernement ne contrôle pas vraiment son propre argent. Il est crucial de s’éloigner de l’hégémonie du dollar, d’autant plus qu’il est devenu un outil permettant d’imposer des sanctions aux pays. Il est temps que l’Irak s’appuie sur sa monnaie nationale ».

Avec plus de 100 milliards de dollars en réserves sous forme de dollars, Bagdad est à la merci des États-Unis. Le Trésor US a d’ailleurs sanctionné quatorze banques privées irakiennes pour cause de commerce avec les voisins syriens et iraniens.

Tout cela pour dire que le Trésor US a refusé le mois dernier de transférer vers l’Irak un milliard de dollars en cash. Excédée, la Banque centrale irakienne a finalement pris la décision d’interdire les retraits d’espèces et les paiements en dollars à partir du 1ᵉʳ janvier 2024.

Passé cette date, les dollars ne pourront être retirés qu’en dinar au taux officiel de 1 320 dinars (contre 1560 sur le marché parallèle).

« Vous voulez transférer de l’argent ? Allez-y. Vous voulez une carte en dollars ? Voilà, vous pouvez utiliser la carte en Irak au taux officiel, ou si vous voulez retirer de l’argent, vous pouvez le faire au taux officiel en dinars. Et ne me parlez plus de dollars en cash », a déclaré un représentant de la banque centrale à Reuters.

Certains Irakiens semblent toutefois fortement tenir au cash de l’occupant :

Et le bitcoin ?

Le pays des deux fleuves reprendra son destin en main d’ici à trois mois. L’objectif est de dédollariser une économie qui a vu le billet vert s’imposer à cause des crises monétaires récurrentes provoquées par la guerre.

Il s’agit du dernier camouflet en date pour les États-Unis dans une région où l’Iran, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis viennent d’intégrer les BRICS, une organisation ouvertement hostile au dollar.

« Il n’y a aucun problème à discuter de la manière dont nous réglons nos accords commerciaux, que ce soit en dollars américains, en euros ou en rials saoudiens », avait déjà déclaré le ministre des Finances saoudien en février au micro de Bloomberg lors du World Economic Forum.

Pour en revenir l’Irak, voilà un pays qui devrait s’intéresser davantage au bitcoin. D’autant plus que son voisin iranien l’utilise déjà pour régler une part de ses importations. L’Iran a contrôlé jusqu’à 5 % du hashrate du bitcoin (en 2021).

Les Irakiens et les banques irakiennes seraient bien inspirés d’utiliser le bitcoin pour commercer sans craindre les représailles des États-Unis.

Personne ne peut empêcher une transaction en bitcoin qui a par ailleurs l’avantage d’être la meilleure réserve de valeur de l’Histoire de l’humanité. De quoi se protéger en cas de nouvelle perfidie américaine.

Sans parler de la dévaluation constante du dollar. Comme l’a déclaré Vladimir Poutine au Valdai Discussion club ce jeudi, les États-Unis ont imprimé 9 500 milliards de dollars depuis le début de la psychose Covid…

« Depuis le début du COVID, les États-Unis ont déjà imprimé environ 9 500 milliards de dollars. Ils n’ont aucun problème à imprimer plus d’argent et à le distribuer au monde entier, augmentant ainsi les prix des denrées alimentaires. Ils peuvent le faire facilement. En Europe, la situation est plus compliquée… »

Et alors que la dette du gouvernement US s’envole, il est grand temps de se détourner du dollar. L’Irak l’avait compris dès l’an 2000…

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Nicolas T.

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