L'Inde et l'Arabie saoudite en passe de se débarrasser du dollar
L’Arabie Saoudite est en discussion avec l’Inde pour se débarrasser du dollar dans leurs échanges commerciaux.
L’axe New Delhi-Riyad
Après avoir déjà purgé le dollar de ses échanges avec les Émirats arabes unis, l’Inde s’apprête à faire de même avec l’Arabie Saoudite.
L’idée en est au « stade de la discussion », a déclaré le secrétaire du ministre saoudien des Affaires étrangères Ausaf Sayeed. En attendant, l’Inde et l’Arabie saoudite ont signé une cinquantaine d’accords à l’occasion du Forum d’investissement indo-saoudien qui s’est tenu à New Delhi en même temps que le G20.
Il n’est pas habituel qu’un pays accueille une visite d’État en marge d’un sommet multilatéral. Cette incartade au protocole témoigne de la vitesse à laquelle les relations entre les deux pays ont progressé.
De la création du Conseil de partenariat stratégique en 2019 à la première visite d’un chef de l’armée indienne dans le royaume en 2020 et au premier exercice naval bilatéral en 2021, les relations ont progressé à un rythme stupéfiant.
Le premier ministre Narendra Modi a besoin de l’énergie saoudienne. Le prince héritier Mohammad bin Salman a lui besoin de la main d’œuvre indienne pour son projet d’infrastructures « vision 2030 ». Les Indiens forment déjà la plus grande communauté d’expatriés du royaume (2,6 millions de personnes).
Les exportations indiennes vers le royaume ont atteint près de 11 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 85 % par rapport à 2018. L’Arabie saoudite est le quatrième partenaire commercial de l’Inde et son second plus grand fournisseur de pétrole. Près de 20 % des importations indiennes de pétrole brut proviennent d’Arabie.
En tout, le commerce entre les deux nations s’est élevé à 43 milliards de dollars l’année dernière. À comparer aux 84 milliards réalisés avec les Émirats arabes unis.
Roupie à la place du pétrodollar
L’Arabie saoudite réduit depuis un certain ses réserves de dollars. Elles sont passées de 184 à 104 milliards de dollars en l’espace de seulement trois ans. C’est-à-dire depuis que Joe Biden a tenté d’évincer MBS…
La saisie des dollars que la Russie détenait en réserve sous forme de bons du Trésor US (150 milliards de dollars) n’est pas non plus passée inaperçue. Le royaume semble prendre des précautions depuis sa décision d’accepter le yuan en paiement pour son pétrole.
La récente adhésion de l’Iran, des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite au sein du club des BRICS n’est pas étrangère à cette fronde monétaire. Alors que la Russie tient l’OTAN en respect depuis plus d’un an, nombre de nations en profitent pour s’émanciper de l’influence américaine.
Les pays exportateurs boudent le système du pétrodollar sans lequel le billet vert s’effondrerait sous le poids du déficit commercial chronique des États-Unis. La valeur du dollar ne tient qu’aux 7 000 milliards de dollars de dette américaine que les banques centrales du monde entier gardent en réserve.
Plus pour longtemps puisque de plus en plus de pays clés choisissent de commercer dans leurs propres monnaies. Cela dit, les nations ont rarement des balances commerciales parfaitement équilibrées entre elles. Ce qui fait dire à Vladimir Poutine :
« Je pense qu’une monnaie de règlement unique mérite vraiment notre attention. Il s’agit d’une question complexe, mais nous devons nous efforcer de la résoudre d’une manière ou d’une autre. »
Est-ce que les BRICS peuvent réinventer une meilleure monnaie que le bitcoin ? Non. Il est la meilleure réserve de valeur de toute l’Histoire et il faudra bien se rendre à l’évidence, tôt ou tard.
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