Les volumes de trading sur Binance et Coinbase chutent de 23 % en septembre... Que cache cette baisse ?

En septembre 2024, malgré une relative stabilité des prix du Bitcoin, Binance, la plus grande plateforme centralisée de cryptos au monde, ainsi que plusieurs autres acteurs majeurs, ont tous enregistré des baisses notables de leurs transactions. Cette situation intrigue d’autant plus que, dans le passé, une hausse des prix du Bitcoin était souvent accompagnée d’une augmentation des volumes d’échanges. Une telle conjoncture semble indiquer que des dynamiques plus complexes sont à l’œuvre, entre incertitudes économiques globales et repositionnement stratégique des investisseurs.

Une baisse inattendue des volumes de trading sur les CEX

En septembre 2024, Binance a vu ses volumes de transactions chuter de 23 %, pour atteindre 344 milliards de dollars, le niveau le plus bas depuis novembre 2023, selon les données de CCData. D’autres plateformes centralisées de renom ont également affiché des résultats mitigés. OKX a enregistré une baisse de 25 %, HTX de 24 %, Coinbase de 30 %, Kraken de 25 % et Bybit de 20 %. Ce qui surprend particulièrement, c’est que cette baisse s’est produite malgré un Bitcoin qui affichait de bons résultats. « Les volumes d’échanges étaient relativement faibles dans l’ensemble de l’écosystème des cryptos ce trimestre », a déclaré Alex Tseng, responsable du trading chez OSL, une plateforme d’échange centralisée. Cette dichotomie entre la stabilité du Bitcoin et la baisse des transactions reste inexplicable pour de nombreux investisseurs.

Les raisons évoquées pour expliquer cette baisse sont diverses. Certains pointent vers les tensions géopolitiques mondiales, la politique monétaire restrictive des banques centrales, ainsi que l’incertitude liée aux prochaines élections américaines. De plus, ces facteurs externes semblent avoir instauré une certaine prudence chez les investisseurs, ce qui crée ainsi une « période d’attente » sur le marché. Certains investisseurs y voient un simple effet saisonnier, lié au traditionnel dicton boursier « Sell in May and go away », qui pourrait également s’appliquer au marché des cryptos.

L’exception Crypto.com et la montée des DEX

Alors que la majorité des grandes plateformes centralisées ont vu leurs volumes chuter, Crypto.com fait figure d’exception, et enregistre une augmentation de ses opérations. En septembre, Crypto.com a vu ses transactions augmenter de plus de 40 %. L’exchange devient ainsi la quatrième plus grande plateforme au monde par volumes, et dépasse même Coinbase dans certains segments. Cette hausse semble liée à l’acquisition de nouveaux clients institutionnels et à l’engouement accru des traders retail avancés. Toutefois, certains investisseurs se demandent si cette tendance pourra se maintenir sur le long terme, ou si Crypto.com finira par rejoindre la tendance baissière observée sur les autres CEX.

Parallèlement à cette montée en puissance de Crypto.com, une autre tendance se dessine : la montée des exchanges décentralisés (DEX). Ces plateformes, appréciées pour leur sécurité, leur pseudo-anonymat et l’accès à des actifs non disponibles sur les CEX, gagnent du terrain. Leur part de marché dans le trading au comptant a atteint 10,9 % en octobre, bien qu’elle soit encore en deçà des sommets annuels observés. D’après Justin d’Anethan, de Keyrock, « il ne s’agit pas seulement des volumes, mais d’une préférence croissante pour les structures décentralisées, en particulier après les échecs de plusieurs CEX l’an dernier ». Cela montre que le marché pourrait évoluer vers une coexistence de plus en plus marquée entre les CEX et les DEX, car chacun répond à des besoins spécifiques.

La baisse des volumes sur les CEX, combinée à la montée en puissance de Crypto.com et des DEX, reflète un marché en mutation, où les acteurs redéfinissent leurs stratégies en fonction des conditions macroéconomiques et des préférences des investisseurs. Avec les incertitudes politiques et économiques qui pèsent sur l’avenir, notamment aux États-Unis, les prochains mois s’annoncent décisifs pour le secteur. Si la fin d’année a souvent été synonyme de reprise des volumes, il faudra suivre de près l’évolution de ces plateformes pour déterminer si ce recul n’était qu’une parenthèse ou bien le signe d’un changement plus profond.