Les mineurs chinois du Bitcoin trouvent un nouveau refuge en Éthiopie

L’Éthiopie attire de plus en plus de mineurs de Bitcoin chinois en raison de ses coûts d’électricité bas et de ses liens étroits avec Pékin, offrant ainsi un refuge pour une industrie en quête de stabilité après les perturbations en Chine.

L’Éthiopie, eldorado énergétique des mineurs de bitcoins chinois

Depuis l’interdiction du minage de Bitcoin en Chine en 2021, les mineurs chinois ont migré vers différents pays offrant de l’énergie bon marché, tels que le Kazakhstan, la Russie, l’Iran et le Texas.

L’Éthiopie, longtemps absente de la scène mondiale du minage du Bitcoin, est devenue la nouvelle destination de prédilection des mineurs chinois, fuyant les restrictions réglementaires et les coûts énergétiques élevés dans leur pays d’origine.

Le pays a autorisé le minage de Bitcoin en 2022, bien qu’interdisant toujours les échanges en crypto. Plusieurs sociétés chinoises participent ainsi à la construction du nouveau barrage hydroélectrique éthiopien, évalué à 4,8 milliards de dollars, qui alimentera les opérations minières.

Selon le fournisseur de services miniers Luxor Technology, l’Éthiopie figure déjà parmi les principaux destinataires mondiaux d’équipements miniers. D’après Ethan Vera, directeur des opérations, les premiers contrats majeurs de Luxor pour l’expédition de matériel dans ce pays ont été conclus en septembre.

Le monopole étatique de l’électricité affirme avoir passé des accords de fourniture avec 21 sociétés minières, majoritairement chinoises.

Une aubaine énergétique pour une industrie controversée

L’atout majeur du pays réside dans son électricité parmi les moins coûteuses au monde, issue des barrages hydroélectriques. Une fois le projet GERD achevé, la capacité de production doublera, selon Ethiopian Electric Power, la compagnie nationale.

Lors d’une interview avec Bloomberg, Hiwot Eshetu, directeur du marketing et du développement commercial, a indiqué que la société facture aux mineurs de bitcoins un taux fixe de 3,14 cents américains par kilowattheure pour l’électricité tirée des sous-stations.

Outre le coût, le climat éthiopien se prête parfaitement au fonctionnement optimal des équipements. La température oscille entre 5°C et 25°C en moyenne, l’idéal selon Bitmain.

Certains mineurs comme BWP, qui héberge des machines de mineurs chinois et d’autres pays, ont déjà commencé à expédier du matériel en Éthiopie début 2021. En décembre, la société a annoncé l’ouverture d’un centre de données de 120 mégawatts à Addis-Abeba, une taille considérable même selon les normes texanes.

Contexte géopolitique favorable

L’Éthiopie mise sur l’exploitation du bitcoin, bien qu’interdisant les échanges en cryptos, pour générer des devises étrangères dont elle a grandement besoin. Elle négocie un renflouement auprès du FMI après un défaut de paiement.

Parallèlement, le pays a renforcé ses liens avec la Chine, son premier créancier et investisseur. Les présidents chinois et éthiopien ont élevé leurs relations au rang de « partenariat stratégique toutes saisons ». La Chine finance de nombreux mégaprojets dans le pays.

Encouragés par ces développements, les mineurs chinois voient l’Éthiopie comme une province chinoise. Ils y développent leurs activités sans toutefois se sentir obligés de demander d’autorisation officielle. Le gouvernement éthiopien encadre ce secteur naissant du minage de bitcoin de manière progressive.

Malgré les risques politiques, l’Éthiopie se profile comme une nouvelle terre d’accueil pour les mineurs du Bitcoin expulsés de Chine. Avec une abondance d’électricité à bas prix et des liens étroits avec Pékin, le pays offre une base idéale pour la reprise de leurs opérations. Cette manne en devises pourrait être un soutien crucial pour son économie fragile.