Les marchés européens clôturent en hausse à la veille des nouvelles annonces de Trump

Tandis que les marchés européens enregistrent une hausse technique, les regards se tournent vers Washington. Soutenus par des indicateurs économiques encourageants, les principaux indices boursiers du Vieux Continent ont clôturé dans le vert ce mardi. Toutefois, cette embellie reste fragile. Les investisseurs retiennent leur souffle à la veille d’annonces potentiellement décisives de Donald Trump, qui pourrait relancer l’offensive commerciale des États-Unis. L’éventualité de nouvelles barrières douanières ravive les tensions et menace de rebattre les cartes de l’équilibre économique mondial.

Un rebond des indices porté par les chiffres économiques

Les Bourses européennes ont terminé en nette progression ce mardi, portées par des données économiques jugées encourageantes dans la zone euro.

Le CAC 40 a grimpé de 1,15 % à 7880,1 points, le DAX allemand a gagné 1,67 %, et le Footsie britannique 0,61 %. Cette hausse s’explique principalement par une décélération de l’inflation en zone euro en mars, ce qui alimente l’espoir d’une politique monétaire plus accommodante de la BCE.

L’inflation ralentit, ce qui ouvre la voie à une BCE plus souple, tandis que l’indice EuroStoxx 50 a lui aussi enregistré un gain de 1,49 %. Ce contexte a ravivé l’appétit pour les actifs risqués, ce qui a influencé les marchés obligataires.

Parmi les éléments clés qui ont soutenu les marchés ce mardi, il y a :

• La baisse des rendements obligataires, notamment aux États-Unis, où le taux à 10 ans est tombé à 4,1613 % (-8,4 pb), ce qui traduit une demande accrue pour les valeurs refuges ;
• Un soutien technique lié à la détente des prix en Europe, en opposition à la tendance américaine ;
• La bonne performance de plusieurs valeurs en Europe : Solutions30 a bondi de +10,7 %, après avoir confirmé ses objectifs pour 2026, Schneider Electric a gagné +2,4 %, à la suite d’un relèvement de recommandation de HSBC, tandis que L’Oréal a été ajoutée à la liste des valeurs « conviction » de Goldman Sachs, et a progressé de +3 % ;
• Des mouvements attentistes sur le marché des changes, car l’euro a reculé légèrement à 1,0807 dollar, dans un contexte de prudence avant les annonces américaines.

La hausse du jour n’est donc pas le reflet d’un enthousiasme franc, mais plutôt celui d’un positionnement tactique face à une banque centrale européenne susceptible d’assouplir sa politique, au moment où l’économie américaine donne des signes de ralentissement critiques.

Une annonce de Trump qui pourrait faire vaciller l’édifice

L’optimisme relatif observé sur les marchés cache une inquiétude plus profonde liée à la politique commerciale américaine. Le président Donald Trump doit s’exprimer ce mercredi. Ce dernier envisagerait d’imposer une hausse de 20 % des droits de douane sur la quasi-totalité des importations américaines.

Cette mesure marquerait une escalade significative dans son programme économique nationaliste. « Trump applique son programme de manière forte, sans se soucier des perturbations des marchés financiers », résume Alexandre Hezez, stratège chez Banque Richelieu. Ce dernier ajoute que « ses allers-retours réduisent la confiance des acteurs économiques et contraignent les banques centrales à adapter leur stratégie ».

La conjoncture économique américaine aggrave ces tensions. L’indice ISM manufacturier, publié mardi, est retombé en zone de contraction, ce qui a illustré une détérioration de l’activité industrielle.

En parallèle, les entreprises signalent une envolée des prix des intrants, qui atteignent un pic depuis juin 2022, ce qui pourrait être amplifié par une politique tarifaire plus agressive.

Trump, confronté à une courte majorité à la Chambre des représentants, cherche à « couper massivement dans les dépenses » et à « démontrer les effets positifs de sa politique pour les ménages américains », quitte à « créer une forte dégradation à court terme », toujours selon Alexandre Hezez.

Ce positionnement assumé pourrait placer la Fed dans une situation délicate et impacter durablement la stabilité économique mondiale.

Si les mesures annoncées se concrétisent, les répercussions pourraient être multiples. Au niveau commercial, elles risquent de provoquer des représailles, d’exacerber les tensions avec la Chine ou l’Union européenne, et d’alimenter l’inflation importée. Sur le plan des marchés, elles pourraient éroder davantage la confiance et faire basculer les investisseurs vers des actifs de repli comme l’or, les obligations souveraines… ou les cryptos.