Les États-Unis modifient leur calcul d'inflation...

La méthode de calcul de l’inflation utilisée par les États-Unis change en janvier. Changement de règle en cours de jeu…

Inflation réelle et inflation ressentie

Au cours des trente dernières années, un écart croissant s’est fait jour entre les chiffres d’inflation officiels et la réalité. Des sondages récurrents montrent que le grand public pense que l’inflation est bien supérieure aux chiffres officiels.

À raison ! En France, l’INSEE ne manque pas d’imagination. Soulignons par exemple les pondérations ubuesques de l’INSEE. Imaginez-vous que l’institut part du principe que le budget de l’ensemble des Français pour se loger ne représente que 6 % de leurs dépenses…

Par ailleurs, la liste des prix étudiés dans ce panier est largement secrète. Cette opacité est dérangeante. La société civile ne peut pas auditer les chiffres et mettre à jour de très probables manipulations.

US CPI 6.5% 🆚 Food at home inflation 11.8% pic.twitter.com/K4cHZ2hLs8

— The Bitcoin Conference (@TheBitcoinConf) January 12, 2023

Mieux encore, l’INSEE ajuste les prix réels par des « effets innovation / qualité ». Ainsi, sous prétexte que la puissance des processeurs augmente, la valeur des PC a été divisée par 20. Les ordinateurs ne coutent qu’une cinquantaine d’euros dans le monde imaginaire de l’INSEE !

Comme disait Winston Churchill : « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées. »

Histoire des modifications du calcul d’inflation aux États-Unis

Depuis sa création, la méthode de calcul de l’IPC a été modifiée en profondeur maintes fois. Et surtout dans les années 1990, après que le président de la FED Alan Greenspan ait jugée l’inflation surestimée à son gout.

La Commission Boskin se chargea alors de maquiller les chiffres. Furent notamment introduits deux changements clés : la « substitution » de produit et les « ajustements hédoniques ». Ces derniers sont la même chose que les « effets qualité / innovation » de l’INSEE.

Ce tripotage considère l’amélioration de la qualité comme une forme de déflation. Par exemple, le prix d’une voiture neuve aux États-Unis est passé de 7 000 dollars en 1979 à 28 000 dollars en 2004. En utilisant des ajustements hédoniques, le prix tombe magiquement à 12 000 dollars au lieu de 28 000 dollars…

La substitution est une seconde arnaque tout aussi puissante. Il s’agit d’ajuster le calcul d’inflation en fonction du changement des comportements des consommateurs. En effet, lorsque le prix des steaks augmente, les consommateurs « substituent » leur consommation en achetant moins de viande rouge et plus de viande de poulet. Les instituts de statistique modifient alors la pondération des produits de leur panier. Le poids du prix du poulet augmente alors que celui de la viande rouge diminue.

En somme, le chiffre d’inflation officiel n’est pas calculé à partir d’un panier fixe de produits. La substitution des produits fait que l’inflation est artificiellement sous-estimée.

Le site shadowstat fondé par l’économiste John Williams publie chaque mois les chiffres d’inflation US en utilisant l’ancienne méthodologie (avant la commission Boskin) :

Ce graphique n’est pas à prendre pour argent comptant. Trouvez ici une critique (en anglais) des chiffres de shadowstat. La vérité se trouve quelque part entre les deux courbes.

Nouvelle recette à partir de janvier

Le BLS va changer sa méthode de calcul. La publication de l’IPC de janvier 2023, prévue pour le vendredi 10 février, marquera le début du passage aux substitutions annuelles.

Auparavant, les substitutions dont nous avons parlé plus haut intervenaient seulement tous les deux ans. Ce sera désormais chaque année.

Il faut donc s’attendre à une baisse significative de l’inflation en janvier. Elle fut de 9.1 % en juin 2022, 7.7 % en octobre et 6.5 % en décembre. Voyez ci-dessous l’évolution des prix aux États-Unis en prenant pour base de référence l’année 1982. Les prix ont été multipliés par trois depuis cette date :

Cette nouvelle méthodologie, alliée à l’effet de base, devrait rapprocher l’inflation de l’objectif de 2 % au cours des prochains mois (sauf si nous vivons un énième choc énergétique).

Pour rappel, on parle d’effet de base quand une grosse variation sort naturellement du calcul au bout d’un an. Le taux d’inflation annuel peut par exemple être de 9 % à cause d’une hausse mensuelle de 9 % il y a 12 mois et 0 % les 11 mois suivant. Au bout de 13 mois, le chiffre de 9 % sort du calcul et le taux d’inflation annuel revient à 0 %.

Bref, la FED pourra bientôt rabaisser son taux directeur et ainsi ne pas risquer un dérapage de la dette. Il faut bien comprendre que le simple paiement des intérêts coute déjà plus de 700 milliards par an au gouvernement US…

Un renouvèlement du stock de dette (dont la maturité moyenne est de cinq ans) avec un taux d’emprunt proche de 4 % serait catastrophique. Les intérêts se rapprocheraient alors de 2000 milliards de dollars.

Il faudra ainsi emprunter encore plus pour payer ces intérêts dans une folle fuite en avant qui se terminera en hyperinflation un peu plus tôt qu’anticipé…

Bitcoin vs inflation

Oui, le bitcoin est en baisse de 70 % depuis son record de 69 000 dollars. Il n’a donc pas été d’un grand secours pour celui qui est arrivé en 2021.

Néanmoins, le bitcoin a quatorze ans. Tous ceux qui ont sauté le pas avant 2021 ne regrettent pas leur investissement. En outre, la volatilité n’a rien à voir avec le fait qu’un actif soit une bonne réserve de valeur ou pas.

Il n’y aura jamais plus de 21 millions de BTC. A contrario, nous ne cesserons jamais d’imprimer pour financer les déficits des gouvernements. Nous n’arrêterons jamais non plus de creuser pour déterrer de l’or tant que son prix augmentera.

Les puissantes décrues du bitcoin s’atténueront lorsqu’il pèsera autant que tout l’or du monde (~ 10 000 milliards $). Un seul BTC vaudra alors un demi-million de dollars.

Tôt ou tard, chacun réalisera la supériorité du bitcoin pour épargner et les premiers qui auront su encaisser la volatilité seront naturellement récompensés. « Tout le monde obtient le BTC au prix qu’il mérite »…