Les cryptos : Alliées inattendues de la victoire d’HTS en Syrie
La guerre civile syrienne a révélé un nouvel usage inattendu des cryptos dans les conflits armés, avec des liens de plus en plus étroits entre technologies financières modernes et enjeux géopolitiques. Une récente enquête de la société d’analyse blockchain Chainalysis renseigne sur l’implication du groupe rebelle Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), qui aurait utilisé des dons en cryptos pour financer une offensive décisive contre le régime de Bachar al-Assad. Ces transactions anonymes, devenues courantes dans des zones de conflit, interrogent sur la place de ces actifs dans les contextes de crise et les risques qu’ils engendrent.
Les cryptos au service d’HTS
Le rapport publié par Chainalysis le 12 décembre 2024 révèle une hausse significative des donations en cryptos reçues par le groupe rebelle Hay’at Tahrir al-Sham (HTS). Cette augmentation s’est manifestée à partir du 27 novembre, date à laquelle HTS a lancé une offensive majeure victorieuse contre le régime de Bachar al-Assad. Ainsi, ces fonds, recueillis de manière anonyme via des plateformes numériques, ont directement contribué à financer les opérations militaires de l’organisation. Selon les détails fournis dans le rapport, une campagne de collecte avait débuté fin octobre et enregistré sept donations avant le 27 novembre. Après cette date, le nombre de contributions a dépassé la trentaine. Parallèlement, une autre campagne, initiée une fois l’offensive lancée, a également recueilli plus de 30 donations, ce qui témoigne de l’efficacité de ce type de financement.
Bien que l’usage des cryptos dans les conflits armés ne soit pas nouveau, le cas de HTS s’insère dans une tendance critique. Des groupes tels que l’État islamique avaient auparavant utilisé des donations crypto pour soutenir leurs activités, mais HTS semble avoir développé une approche plus discrète et sophistiquée. Présent sur la scène crypto depuis 2021, le groupe s’est appuyé sur des techniques avancées de blanchiment d’argent, ce qui rend les transactions particulièrement difficiles à tracer. Ces méthodes, bien que complexes à détecter, traduisent une évolution des pratiques financières au sein des zones de conflit, où les cryptos deviennent un outil de choix pour contourner les systèmes traditionnels et anonymiser les flux financiers.
Vers une régulation des cryptos dans les zones de conflit ?
Les révélations interrogent sur l’avenir des cryptos dans des régions marquées par des instabilités politiques et économiques. Alors que des nations comme la Russie et l’Iran affichent un intérêt croissant pour l’adoption de ces actifs, le groupe rebelle HTS ne semble pas prêt à maintenir une telle stratégie à long terme. Selon le rapport de Chainalysis, la défaite du régime de Bachar al-Assad complique la possibilité pour HTS de maintenir des relations positives avec des pays comme la Russie ou l’Iran, qui ont intégré les cryptos dans leurs stratégies économiques et géopolitiques. Cette rupture réduit les perspectives d’une adoption durable de ces actifs par HTS.
Par ailleurs, l’instabilité économique durable dans la région, notamment au Liban voisin, éclaire sur les opportunités et les défis de la finance décentralisée. Dans un contexte marqué par l’hyperinflation et l’effondrement des devises locales, les cryptos pourraient continuer à offrir des alternatives viables pour des usages privés. Toutefois, cette démocratisation comporte des risques. Si ces technologies permettent de contourner les systèmes bancaires traditionnels et de pallier l’effondrement des monnaies fiduciaires, elles facilitent également les abus, notamment le financement illicite, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale.
Ces dynamiques appellent à une réflexion globale sur la régulation des cryptos, particulièrement dans les zones de conflit. L’équilibre entre innovation et sécurité reste à trouver pour limiter les détournements et de préserver les avantages de la finance décentralisée. Ainsi, l’exemple de HTS montre que, sans cadre réglementaire adapté, ces actifs peuvent devenir des outils dangereux dans des environnements fragiles, ce qui renforce l’urgence d’une coopération internationale pour encadrer leur usage.
Les révélations relatives à HTS renseignent sur les enjeux complexes liés à l’utilisation des cryptos dans des contextes de conflit. Alors que ces technologies continuent de se répandre, elles imposent la mise en place de mécanismes de régulation rigoureux pour en limiter les dérives. Si les cryptos offrent des solutions innovantes dans des environnements économiques fragiles, leur potentiel à être détournées pour financer des activités illicites ne peut être ignoré. Une coopération étroite entre les secteurs public et privé apparaît indispensable pour encadrer leur utilisation, prévenir les abus et garantir qu’elles ne se transforment pas en outils de déstabilisation dans des zones déjà vulnérables.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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