Les chiffres d'inflation US sont maquillés

Malgré les hourras, l’inflation continue de rogner l’épargne des Américains. Bien plus que ce que les chiffres officiels laissent penser.

Les prix montent toujours

Le taux d’inflation annuel des États-Unis s’est détendu à 3,20 % en octobre. Nous étions à 3,70 % le mois précédent et 7,75 % un an en arrière. Il s’était même envolé à 9.1 % en juin 2022.

L’inflation est désormais égale à la moyenne de long terme de 3,3 %. Dit autrement, les prix continuent de grimper. Il faut remonter avant 1960 pour trouver une année sans inflation…

Par ailleurs, tout le monde sait que l’indice des prix à la consommation (IPC) reflète très mal la réalité. Un autre indice plus réaliste est le Chapwood Index. Ce dernier rend compte d’une liste fixe de 500 articles populaires dont les prix sont compilés sans aucune modification.

Il en ressort que l’inflation est toujours supérieure à 9 % dans quasiment chacune des 50 plus grandes villes américaines. 11 % à New York, Los Angeles et Chicago. 13 % à San Francisco.

La raison étant que les chiffres officiels sont faussés par l’effet « qualité ». Cet entortillage comptable abaisse artificiellement le prix des produits dont les performances augmentent. Par exemple, un PC coute 50 euros dans le monde imaginaire des instituts de statistiques nationaux.

Une autre arnaque est la pondération des différents produits dans le panier typique de la ménagère. Aux États-Unis, la nourriture ne représente que 13 % du panier. L’énergie (électricité, essence, etc) n’en représente que 7 %. Mieux encore, les Américains dépensent seulement 0,50 % de leurs revenus en assurance santé d’après le Bureau américain des statistiques du travail (BLS)…

L’effet « substitution » est un autre artifice redoutable. Le stratagème est de modifier la pondération des différents produits du panier. Par exemple, si le prix de la viande de bœuf augmente et que les gens choisissent de lui substituer du poulet. La pondération du poulet augmentera alors que celle du bœuf baissera.

Inéluctable inflation

Le travestissement de la réalité a commencé en 1983 outre-Atlantique, à une époque d’inflation galopante (second choc pétrolier). Depuis lors, les chiffres sont faussés. Cela permet de freiner l’augmentation des pensions de retraite qui sont indexées sur l’inflation.

Tant pis pour les boomers qui ont bien profité diront certains. Néanmoins, les augmentations de salaires sont généralement aussi indexées sur l’IPC…

Cela dit, il n’y a pas de miracles. Les faux chiffres d’inflation obscurcissent la réalité, mais ne sont pas la cause de l’appauvrissement. Le recul du niveau de vie est lié à la baisse de la productivité.

Qu’est-ce qui explique la baisse de la productivité ? Certainement la raréfaction énergétique, de même que l’absence de percée technologique permettant de produire plus avec moins.

Quoi qu’il en soit, il en résulte des déficits publics qui seront épongés par plus de dette (plus de planche à billets), ce qui aura un effet cliquet sur l’inflation.

Comme l’a déclaré le directeur de la recherche de Natixis cette semaine :

« Dans le scénario pessimiste d’une progression faible de la productivité dans la zone euro, la croissance sera insuffisante […] pour faire reculer visiblement le déficit public […]. Pour éviter le retour d’une crise de soutenabilité des dettes publiques, la BCE pourrait alors être obligée de rouvrir le Quantitative Easing. »

L’inflation est non seulement plus élevée que ce qui est annoncé, mais elle devrait encore s’aggraver compte tenu des tensions géopolitiques. Des sources proches du gouvernement irakien ont déclaré à Russia Today que le pays des deux fleuves pourrait réduire sa production de pétrole d’un million de barils par jour.

Et comme l’inflation commence toujours par une hausse des prix de l’énergie, il y a du souci à se faire. Nous vivons une époque charnière très inflationniste. Il est temps de protéger son épargne avec le bitcoin.