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Les dessous du sommet des BRICS

20h00 ▪ 9 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Poutine revient sur la scène internationale en accueillant 36 dirigeants au sommet des BRICS à Kazan. La monnaie impériale est toujours au menu.

BRICS

Requiem for the Dollar

Malgré la menace de droits de douane de 100 % brandie par Donald Trump, le dollar est resté dans le collimateur des chefs d’État des BRICS.

« Les États-Unis abusent du privilège du dollar et l’ont transformé en arme », avait déclaré l’année dernière Dilma Rousseff, présidente de la « Banque des BRICS », lors du Forum mondial pour la paix à l’université Tsinghua de Pékin. Une accusation répétée à la table des BRICS cette semaine.

L’ancienne présidente du Brésil a tendu la perche au président russe qui n’a pas caché son intention de faire sans le billet vert :

« Vous venez de dire que le dollar est utilisé comme une arme. C’est vrai, et nous en faisons l’expérience. Je pense que ceux qui en ont décidé ainsi font une grave erreur […]. Son utilisation à des fins politiques réduit la confiance dans cette monnaie, réduisant en retour son envergure. Nous n’en sommes pas responsables et ne rejetons pas le dollar ni ne nous battons contre lui, mais que devrions-nous faire s’ils ne nous laissent pas travailler avec ? Chercher des alternatives et c’est exactement ce que nous faisons. Nous aspirons à la coopération, mais nous devons comprendre que plus nous resterons sous l’égide de systèmes étrangers et plus la transition vers un nouveau système économique et financier plus équitable prendra du temps. Et plus nous subirons des turbulences comme nous en observons actuellement au Moyen-Orient… »

Vladimir Poutine s’est même affiché pendant le sommet avec un billet symbolique frappé du sceau des BRICS :

Ce billet est toutefois une boutade. Aucune nouvelle monnaie commune n’est à l’étude. « Concernant la question d’une monnaie commune, nous n’y travaillons pas pour le moment. Il faut être prudent. Nous devons agir graduellement et sans précipitation sur ce sujet », avait déclaré Vladimir Poutine quelques jours avant le sommet.

BRICS et la guerre des monnaies

Le président chinois Xi Jinping a également plaidé pour l’émergence d’un nouveau système financier.

« Il est urgent de réformer l’architecture financière internationale. Les BRICS doivent jouer un rôle de premier plan dans la promotion d’un nouveau système reflétant mieux les profonds changements intervenus dans l’équilibre des forces économiques internationales », a-t-il déclaré.

Le président indien est allé dans le même sens que son homologue chinois :

« Le commerce en monnaies nationales et les paiements transfrontaliers fluides renforceront notre coopération économique. L’interface de paiement unifiée (UPI) développée par l’Inde est une grande réussite adoptée par de nombreux pays », a-t-il lancé.

Ainsi, pas de nouvelle monnaie en vue, mais plutôt une alternative au réseau SWIFT dont les banques russes et iraniennes sont déconnectées. Il s’agit de connecter les systèmes de paiement des différents pays, ce qui requiert une nouvelle chambre de compensation et des connexions entre grandes banques.

La Chine n’est évidemment pas en reste. Pékin commerce désormais davantage en yuan qu’en dollars avec l’étranger. Son équivalent du réseau SWIFT, le système CIPS, a facilité le transfert de 123 000 milliards de yuans (17 000 milliards $) en 2023.

La Russie réalise quasiment 100 % de ses échanges en monnaies nationales avec la Chine et l’Iran. C’est l’objectif principal des BRICS : internationaliser leurs propres monnaies pour réduire leurs réserves en dollars et ainsi affaiblir l’empire américain.

Le dollar offre en effet des privilèges immenses aux États-Unis. Les réserves en dollar du monde entier atteignent environ 7 000 milliards de dollars (58 % pour le $ et 20 % pour l’euro). Ces milliards n’étant pas échangés contre des monnaies nationales, ils supportent artificiellement le taux de change du dollar.

Le grand avantage pour les Américains est ainsi de pouvoir importer beaucoup plus qu’ils n’exportent sans que leur monnaie ne s’écroule. Tel est le « privilège exorbitant » allant de pair avec la possibilité d’emprunter à des taux bas.

Concrètement ?

La priorité des BRICS est de renforcer le « Correspondent Banking System » pour réduire les coûts des règlements en monnaies nationales. Cela revient à ouvrir un compte dans une banque étrangère pour y effectuer des opérations dans la devise locale.

Le principal problème de cette proposition est que les États-Unis ont clairement fait comprendre aux banques du monde entier qu’une collaboration avec la Russie leur coûterait l’accès au dollar. Ce chantage retient nombre de pays de se connecter au système de messagerie financière russe SFPS.

Les discussions tournent actuellement autour de l’établissement d’une chambre de compensation baptisée « BRICS Clear ». La Nouvelle banque de développement (NDB) participe activement au développement de cette nouvelle tuyauterie financière.

Dilma Rousseff, qui préside la banque des BRICS basée à Shanghai, a promis l’année dernière que près d’un tiers (30 %) des prêts seront faits dans les monnaies nationales des pays membres de la NDB.

Dans une interview accordée au principal média chinois CGTN, Mme Rousseff expliquait l’année dernière qu’il « est nécessaire de trouver des moyens d’éviter le risque de change et d’autres problèmes tels que la dépendance à l’égard d’une monnaie unique comme le dollar ».

« La bonne nouvelle, c’est que de nombreux pays choisissent d’utiliser leur propre monnaie pour leurs échanges. La Chine et le Brésil, par exemple, acceptent d’échanger en réal ainsi qu’en yuan », avait-elle ajouté.

La question des réserves de change reste toutefois épineuse. La Russie a par exemple un temps cessé d’accepter la roupie indienne en paiement. La raison étant que l’Inde n’a pas grand-chose à vendre qui intéresse les Russes. Résultat, les échanges entre Moscou et New Delhi se font à 70 % en yuan, ce qui n’enchante pas les Indiens.

Bitcoin, la monnaie de réserve du 21ᵉ siècle

Les problèmes de déséquilibre des balances commerciales entre les BRICS resteront vivace. Voilà pourquoi l’or garde une place importante dans les réserves des grands pays exportateurs que sont la Chine, l’Arabie saoudite ou encore la Russie.

Ces problèmes iront grandissant à mesure que de nouveaux pays rejoindront les BRICS. Chacun espère légitimement que sa monnaie soit davantage acceptée par les autres.

Trente-six chefs d’États ou représentants étaient présents pour tenter de rejoindre le club. Treize pays sont devenus des « partenaires » des BRICS :

Plus le club s’agrandira et plus les objectifs géopolitiques et économiques divergeront. La déception sera grande si, in fine, la Chine hérite du privilège exorbitant en plaçant le yuan au centre des échanges.

[Ne manquez pas notre article : « L’internationalisation du yuan est foudroyante »]

Il n’y pas de miracles. Les cadeaux ne dureront pas et les problèmes à l’échelle mondiale surgiront aussi à l’échelle des BRICS. Qu’est-ce qui empêchera la Chine un jour de faire comme l’Occident et de saisir les réserves de yuans d’un pays allabt à l’encontre de leurs intérêts ?

Le monde a besoin d’une nouvelle monnaie de réserve qui ne profite à personne en particulier. Cette monnaie apatride ne doit permettre à personne de bloquer les réserves. Et doit être dans l’esprit du Gold Standard en étant une véritable réserve de valeur.

Une seule monnaie coche toutes les cases : Bitcoin. Sa volatilité effraie, mais elle est le prix momentané à souffrire pour créer un système monétaire international véritablement équitable. Il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins. Cette certitude est suffisante pour que le monde entier en fasse le pilier de leurs réserves de change.

Les États-Unis refuseront d’abandonner leur privilège exorbitant à la Chine, mais pourraient bien finalement se résigner à jouer à armes égales…

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Nicolas T.

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