Les 5 plus grands risques pour 2023
Le plus grand risque de 2022 fut l’inflation et l’ensemble des indices boursiers ont été impactés par celle-ci. C’est bientôt le temps d’entamer une nouvelle année et de regarder quels sont les plus grands risques possibles pour 2023.
Le sondage de la “Bank of America”
D’après le dernier sondage de la banque, le plus gros risque pour 2023 va rester l’inflation suivi ensuite du risque d’une récession profonde au niveau mondial.
L’inflation était la problématique principale de 2022. Cependant, je pense que pour l’année prochaine, les risques vont être les conséquences de l’inflation plus que l’inflation elle-même. C’est pour cela que je vais mettre en avant 5 risques majeurs pour 2023.
1. Le risque d’une récession
Voici les probabilités de récession par pays pour 2023 :
Même si les probabilités de récession donnent des signaux importants pour 2023, celle-ci reste sous-estimée au sein des marchés financiers.
Quand je dis que le risque de récession est sous-estimé, c’est parce qu’on peut voir que le positionnement des opérateurs restent très élevé sur les marchés. D’ailleurs, il y a un écart important entre le positionnement et le sentiment des particuliers. Les opérateurs anticipent une récession mais n’ont aucune crainte par rapport à celle-ci.
Voici un graphique avec le positionnement des opérateurs encore très élevé par rapport au passé :
Cet écart important vient peut être du fait que les opérateurs associent récession=pivot et donc que les banques centrales seront présentes pour limiter les dégâts. Cependant, un pivot n’est pas forcément significatif de bullrun et ne limite pas les pertes possibles en cas de récession.
Si une récession devrait se produire au cours de 2023, il faudrait s’attendre à une correction des profits. Ceci n’est pas encore pricé sur les marchés puisque nous avons eu principalement un marché baissier à cause du marché des obligations/taux en 2022 et non à cause d’une correction des bénéfices.
Anticiper une récession reste le plus simple, mais définir son amplitude est le plus difficile. Surtout que la situation est bien différente de ce qu’on a eu l’habitude d’avoir. Dans un premier temps, nous avons des problèmes de pénurie de main d’œuvre, et dans un second temps, nous avons des problèmes de la chaîne d’approvisionnement. Par conséquent, il se peut que la récession ne provoque pas non plus un niveau de chômage aussi élevé que dans le passé.
2. Le risque d’une politique monétaire trop restrictive
Comme la FED se base beaucoup sur des données réelles et passées, elle n’anticipe pas les conséquences et les dégâts que la politique monétaire peut impliquer. Par conséquent, il y a bien évidemment des probabilités à ce qu’elle soit plus restrictive qu’elle ne le devrait. D’ailleurs, il est plutôt rare qu’une banque centrale soit restrictive durant un ralentissement économique. Cependant, elle veut préserver des taux élevés en 2023 puisque son mandat principal reste la stabilité des prix pour contrôler l’inflation. Cependant, comme le niveau de croissance pour 2023 est faible, elle pourrait être trop restrictive si elle se base uniquement sur les données d’inflation. De plus, l’inflation des services qui reste la plus résiliente baisse lorsque la récession est déjà en cours lorsque le marché du travail est affecté.
Si c’est le cas, cela devrait avoir un impact sur les résultats des entreprises puisque jusque-là, la croissance était capable d’absorber une partie des hausses sans toucher les profits.
Au niveau des prévisions de croissance ainsi que les prévisions de chômage, voici les dernières nouvelles de la FED :
3. La chine et le risque de la politique zéro covid
La politique zéro covid a eu des conséquences très importantes au sein de la croissance chinoise. Mais la question reste de savoir s’il y a une issue possible à la sortie de la politique zéro covid.
On sait que la Chine a procédé à l’allégement de la politique zéro covid récemment, mais ceci peut également avoir des impacts négatifs. Le nombre de cas pourrait très rapidement exploser car il n’y a pas d’immunité collective. Par conséquent, si les hôpitaux deviennent surchargés, cela pourrait également ralentir la croissance et accentuer les problèmes de la chaîne d’approvisionnement pour les sociétés américaines.
D’ailleurs, lorsqu’on regarde le « China credit impulse », on peut constater que malgré un allégement de la politique zéro covid récemment, le niveau de l’indicateur reste proche de 0 % malgré un essai vers 17.8 %. Dans le passé, avant une reprise d’accélération de la croissance mondiale, l’indicateur se trouvait vers 40%. Par conséquent, la Chine ne peut pas relancer l’économie au niveau mondial pour l’instant. Ceci peut donc avoir également un rôle majeur pour la croissance globale l’année prochaine.
4. Le risque de liquidité – Marché des obligations
On sait que le marché des obligations est plus important que le marché des actions. L’ensemble des banques centrales des plus grandes économies mondiales comme la BCE ou la FED maintiennent des politiques restrictives importantes. La Banque du Japon vient également en cette fin d’année 2022 de passer hawkish (restrictive) pour la première fois depuis des années. Après une longue période de politique accommodante, elle rejoint les deux autres banques centrales majeures.
En quoi cela peut créer des problèmes de liquidités ?
Pendant des années, les japonais se sont dirigés à l’extérieur du pays pour trouver de meilleurs rendements. Cela implique que le Japon était un fournisseur de liquidité important. Dorénavant, avec la BOJ (banque du Japon) qui devient plus hawkish, l’un des plus gros exportateurs de liquidité va probablement préserver ses liquidités au Japon. Comme le Japon est le plus gros acheteur d’obligations US, mais aussi de plusieurs obligations en Europe, cela peut avoir un impact sur la stabilité de la liquidité du marché des obligations.
D’ailleurs en termes d’instabilité, on a eu un premier aperçu avec la Banque d’Angleterre et le programme QT (quantitative tightening). Le programme du QT consiste à ne pas renouveler des maturités afin de retirer des liquidités du système financier. Ce système permet aussi de maintenir des taux élevés. En Angleterre, ils ont dû intervenir rapidement pour racheter des obligations afin d’éviter un drame sur les fonds de pension (beaucoup d’obligations dans les fonds de pension).
Le QT continue aux US, mais si on enlève les acheteurs japonais, cela peut limiter une source de liquidité importante puisque c’est le principal acheteur. En ce qui concerne la BCE, elle devrait mettre en place le QT en mars 2023.
Comme les décisions de l’ensemble des banques centrales ont un impact sur la liquidité globale, le marché des devises, l’inflation, la croissance, il est important de suivre de près les risques qui peuvent survenir. C’est un environnement plus propice à un trou de liquidité puisque les banques centrales sont connectées entres elles.
5. Un évènement plus grave dans l’écosystème crypto
Les mauvaises nouvelles se sont pas mal multipliées dans l’univers crypto. On compte parmi ces évènements les plus populaires, notamment le cas de Terra Luna, Celsius et plus récemment le cas FTX.
C’était aussi au tour de Binance d’être sous le feu des projecteurs récemment. Les inquiétudes à propos de la société concernent les preuves de réserves. Et le doute s’est démultiplié après que la société d’audit de Binance a mis fin à ses services.
Il est tout à fait normal qu’après le cas FTX, les investisseurs deviennent plus réticents et perdent confiance, et agissent plus ponctuellement sous émotions. Entre-temps, une autre société d’audit a pris le relais et a signalé que tout est correct. Cependant, d’autres experts financiers et comptables ont relevé d’autres défaillances.
Comme rien n’est jamais sûr et que tout repose sur la confiance qu’on y accorde, c’est ici qu’on peut dire qu’une fois de plus, le plus gros collatéral reste la crédibilité. Par conséquent, comme nous sommes dans un ralentissement économique avec moins de liquidités disponibles, le risque reste quand même présent pour 2023. C’est aussi un test car si une société tel que Binance arrive à surmonter cela sans faille, ça va juste renforcer la crédibilité qu’on lui apporte. Si ce n’est pas le cas, cela va créer un effet domino négatif dans l’univers crypto plus important et plus grave.
La notion du “tail risk” ou risque extrême
Déjà, dans un premier temps, la notion du “tail risk” est utilisée dans le jargon financier pour parler des risques extrêmes potentiels. Plus techniquement, il s’agit de la possibilité d’un investissement de se déplacer de plus de trois écarts types, ceci se traduit par une variation au-delà de la distribution normale. Ce genre de mouvement peut arriver lorsqu’un événement rare peut arriver ou sous-estimé. Plus précisément, le risque extrême fait suite à un événement.
Comment diminuer les conséquences d’un risque extrême ?
L’un des premiers arguments pour faire face à un événement rare de risque extrême reste la couverture de portefeuille. Comme il s’agit de quelque chose de rare, les conséquences concernant sur les rendements peuvent être douloureux. C’est pour cela qu’il existe des façons de pouvoir couvrir un portefeuille, via des options par exemple. Les futures ou un ETF inverse peuvent également être utilisés. Couvrir un portefeuille comporte également des inconvénients, principalement le coût. Comme il s’agit d’évènements rares, couvrir un portefeuille activement peut également avoir un impact sur le rendement à terme. C’est pour cela qu’il est mieux de couvrir un portefeuille lorsque les conditions financières de l’environnement sont moins accommodantes comme lorsque la politique monétaire est restrictive avec en parallèle un ralentissement économique assez prononcé.
Conclusion
Sur les marchés financiers, il y aura toujours des risques présents. C’est pour cela que la conscientisation permet de prendre les précautions nécessaires. Cela dit, il y a des environnements plus propices au risque comme lorsque la politique monétaire est restrictive. Ceci peut avoir des conséquences à la fois sur l’inflation, les liquidités et la croissance. Cela peut donner des conditions financières moins avantageuses, et d’autant plus si en parallèle il y a un ralentissement de croissance.
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Après avoir travaillé pendant 7 ans dans une banque canadienne dont 5 ans dans une équipe de gestion de portefeuille comme analyste, j’ai quitté mes fonctions afin de me consacrer pleinement aux marchés financiers. Mon but ici, est de démocratiser l'information des marchés financiers auprès de l'audience Cointribune sur différents aspects, notamment l’analyse macro, l’analyse technique, l’analyse intermarchés…
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