L'énigme du 7 mai : Attaque du réseau Bitcoin ou simple congestion ?

Le 7 mai dernier, la cryptosphère a été figée lorsque le Mempool a fait état d’un total de 469 000 transactions en attente de confirmation sur le réseau Bitcoin. Les frais de transaction de BTC ont rapidement évolué pour atteindre des niveaux record insoutenables pour les mineurs. Sur les exchanges majeurs, il a fallu interrompre les retraits de Bitcoin. Parmi les utilisateurs, on discute de cette attaque. Pourquoi le Bitcoin subit-il une attaque ? Qu’est-ce qui est arrivé au bouclier de l’écosystème de la cryptomonnaie mère ? Tous les détails dans cet article.

Des frais de transaction BTC supérieurs à la récompense de mining de BTC

Dimanche 7, le mempool bitcoin a révélé un nombre stupéfiant de plus de 469 000 transactions en attente de vérification et de confirmation par les nœuds du réseau. Cet événement sans précédent a été d’autant plus alarmant que les frais d’ajout de blocs bitcoin ont grimpé en flèche et ont dépassé la récompense actuelle.

En effet, alors que la récompense pour le mining d’un bloc de bitcoins est fixée à 6,25 BTC depuis le dernier halving, les frais de transaction pour inclure un nouveau bloc dans la blockchain de Bitcoin sont passés rapidement à 6,76 BTC ce dimanche. Ce sommet, jamais atteint depuis plus de deux ans, a laissé de nombreux mineurs figés dans un premier temps.

Très rapidement, l’exchange Binance a réagi en interrompant toutes les opérations de retraits de Bitcoins sur sa plateforme pendant près d’une heure. L’activité du réseau ayant ralenti en conséquence, les frais sont revenus, un moment plus tard, en dessous du montant de la récompense d’un bloc.

Quelques heures plus tard, l’exchange a, de nouveau interrompu les retraits de bitcoins. C’était l’une des rares fois que Binance interrompt les transactions de BTC deux fois en moins de 12 heures. Sur la question, les défenseurs et les détracteurs du Bitcoin s’expriment.

Le Bitcoin est-il désormais vulnérable aux attaques ?

Certains commentateurs de l’espace crypto ont très vite fait de récupérer l’événement de ce dimanche. Pour certains, la congestion causée par le niveau record des demandes est symptomatique d’une attaque DoS (déni de service). Les attaques DoS sont des types d’attaque par lesquels des pirates encombrent et saturent le serveur d’un réseau en y envoyant un volume excessif de demandes depuis une même adresse.

Cependant, pour les défenseurs de la cryptomonnaie mère, cette congestion a plutôt été provoquée par le niveau record atteint par les inscriptions Ordinals. Le dimanche 7 mai en particulier, contre toute attente, le nombre des demandes d’inscriptions pour ces actifs numériques a dépassé 4,3 millions, d’après les données issues du dashboard de Dune. C’était un record.

En fait, les Ordinals sont des tokens BRC-20 de type NFT déployés sur le réseau Bitcoin. Ils ont été lancés en 2023 à titre expérimental et ont rapidement bénéficié d’une forte popularité qui justifie l’augmentation rapide des inscriptions sur le réseau ce 7 mai.

Selon certains analystes pro-bitcoin tels que Dylan LeClair, il ne s’agissait pas vraiment d’une attaque DoS, mais plutôt d’un vecteur d’attaque « plutôt évident ». Concrètement, c’était une tentative d’un hacker qui cherchait à exploiter une faille dans le réseau du Bitcoin. Mais comme on l’aura remarqué, la tentative s’est soldée par un échec.

Les analystes ont vu en ce vecteur d’attaque, une stratégie mise en œuvre dans le but d’évincer du réseau les mineurs qui ne sont pas capables de survivre à une forte augmentation des frais de transaction. Toutefois, rassure Dylan LeClair, « l’augmentation des coûts à court terme a un impact négligeable sur le bitcoin à long terme ».

D’autres se sont d’ailleurs moqués du « Gang Ordinals » qui se joue les « gros bloqueurs » du réseau en obstruant le mempool. Ils estiment qu’ « à ce stade, […] ils dépensent simplement de l’argent sans en tirer de bénéfices » et qui, « finiront très bientôt par manquer d’argent à ce rythme », ce qui rend l’impact de leur tentative éphémère.

En clair, cette tentative de hack qui pour beaucoup n’a pas de sens, n’aura servi qu’à renforcer davantage la renommée du réseau du bitcoin comme un réseau étanche aux cyberattaques.

Pourquoi le Bitcoin est-il impossible à pirater ?

Avec une capitalisation boursière évaluée à plus de 520 milliards de dollars qui révèle le niveau de domination du Bitcoin dans l’écosystème des cryptomonnaies, il n’est pas surprenant de savoir que des hackers essaient de lancer des attaques contre le Bitcoin.

Toutefois, jusqu’à ce jour, aucune attaque contre le Bitcoin n’a abouti. Jamais désactivé ou mis hors service, il a toujours proposé un taux de disponibilité de près de 100% depuis bientôt 10 années, en dépit des campagnes de répression menées contre le réseau par de nombreuses institutions bancaires et gouvernementales.

En fait, pirater le réseau Bitcoin reviendrait à réussir à pirater plus de 51% des nœuds de ce puissant réseau. En effet, le réseau étant décentralisé, la blockchain est stockée dans des nœuds répartis de par le monde.

Pour ce fait, pour que la moindre modification soit effectuée sur ce registre distribué, il faut que tous les nœuds du réseau s’accordent et la valident.

Il faut donc parvenir à prendre contrôle de plus de la moitié des validateurs du réseau avant de réussir, théoriquement, à renverser le réseau, à modifier ou supprimer l’historique des transactions. C’est ce qu’on appelle « une attaque des 51% », une attaque que le Bitcoin n’a jamais subie.

En clair, le Bitcoin n’est pas sous attaque et ne le sera sans doute jamais. Même si les utilisateurs crypto à la base ont été quelque peu affectés par cette saturation, le réseau reste toujours aussi étanche qu’il l’a toujours été.

Les tokens BRC-20 ne constituent pas non plus une menace pour le Bitcoin. La forte popularité dont jouissent les tokens BRC-20 depuis quelques semaines sont la preuve que le marché des cryptomonnaies est un marché libre.

De plus, étant donné que les tokens BRC-20 sont déployés sur le réseau du Bitcoin, la croissance de l’écosystème BRC-20 contribue à renforcer celui du Bitcoin. En résumé, les hodlers n’ont rien à craindre par rapport à la forte congestion qui s’est produite sur le réseau le dimanche 7.