Le WEF s'intéresse à la monnaie de banque centrale
Le pendant estival du Forum de Davos se déroulait cette semaine à Tianjing, en Chine. La monnaie numérique de banque centrale fut au cœur des débats.
Monnaie périmée
Les monnaies numériques de banque centrale (CBDC) ont ça de particulier qu’elles pourraient être programmées pour restreindre la consommation « indésirable ». Voire même expirer après une certaine date. Telle fut la grande confidence lâchée sous l’égide du World Economic Forum.
Ces confessions sont venues du professeur Eswar Prasad lors d’un panel proposant d’anticiper comment « la transformation de l’argent va fondamentalement réécrire la façon dont les gens ordinaires vivent »...
M. Prasad a prévenu que nous sommes « à l’aube d’une quasi-disparition du cash », pour le meilleur ou pour le pire :
« Le monde pourrait […] s’assombrir si les gouvernements décidaient que les monnaies de banque centrale puissent être utilisées pour acheter certaines choses plutôt que d’autres jugées moins désirables. Par exemple des munitions, de la drogue, de la pornographie ou quelque chose de ce genre. »
En vérité, acheter ces choses sont déjà interdites dans de nombreux pays. Ce dont il faut surtout se méfier est plutôt un rationnement général. Notamment, pour des produits dont l’importation menace le taux de change de la monnaie du pays en question.
« Si vous réfléchissez aux avantages de la CBDC les gains potentiels sont énormes », a déclaré M. Prasad. « Vous pouvez programmer les CBDC avec des dates d’expiration ».
En effet, l’objectif serait double :
-Réduire l’épargne, ce qui revient à favoriser la consommation. Sans parler du fait qu’un peuple sans épargne est un peuple bien plus docile.
-Réduire l’inflation grâce à l’argent qui arrivera à expiration avant d’être dépensé.
Certains y verront une contradiction. Comment forcer à la consommation peut être compatible avec les objectifs climatiques ? Tout simplement en limitant la consommation de ce qui est trop gourmand en énergie carbonée.
Par ailleurs, les puissants (déjà actionnaires des multinationales) anticipent certainement un afflux de l’épargne sur les marchés boursiers. Mais c’était sans compter le Bitcoin…
La fin du cash, priorité #1
Il est difficile de concevoir pourquoi quiconque préférerait détenir son argent sous forme de CBDC. Aussi est-il crucial de promettre dans un premier temps la coexistence de la CBDC avec le cash.
Mais une fois le ver dans le fruit, qui peut garantir que le successeur à Christine Lagarde ne changera pas d’avis ? Qui peut garantir que la grande distribution acceptera toujours le cash ? Personne. Au contraire, des enseignes comme Aldi s’y mettent déjà :
Au-delà du rejet populaire, M. Prasad a tout de même mis en garde contre une « utilisation de la CBDC pour mener des politiques économiques très ciblées ou, plus largement, des politiques sociales ». « Cela pourrait réellement affecter l’intégrité de la CBDC ainsi que l’intégrité et l’indépendance des banques centrales ».
Qu’à cela ne tienne, Christine Lagarde a déjà révélé qu’une CBDC émise par la BCE ne serait pas associée à une limitation particulière. En revanche, les banques privées auront tout le loisir de bidouiller notre argent. « Ceux qui peuvent programmer la CBDC sont les intermédiaires, c’est-à-dire les banques privées », a-t-elle confié.
Notre article sur cette confidence : Christine Lagarde en dit plus sur la CBDC.
En somme, les banques centrales voudraient convaincre les banques privées de les rejoindre dans leur ambition de contrôler la façon dont nous pouvons dépenser notre argent.
Envoyé en mission séduction à Davos, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a toutefois reçu un accueil très froid de la part de la CEO du géant Citigroup.
Crédit social et totalitarisme 2.0
Disons les choses. La monnaie numérique de banque centrale s’annonce comme la clé de voute d’un système de surveillance et d’ingénierie sociale. Au bout du bout, le grand dessein du World Economic Forum est d’importer en Europe le crédit social à la chinoise.
Voici comment l’architecte de cette dystopie en parle :
« En utilisant le plus de données possible, le système [crédit social] jouera un rôle important dans la reconstruction d’une société morale », a-t-il ajouté pendant cette interview réalisée par Arte.
Dans cette société orwelienne, seuls les citoyens dociles sont autorisés à grimper dans l’échelle sociale. Les autres sont interdits de quitter le pays, de voyager en avion, de fréquenter les bonnes écoles, de trouver un logement, d’aller au restaurant ou d’emprunter de l’argent.
Le Graal étant que toutes les données soient reliées à une identité numérique (Digital ID). C’est-à-dire essentiellement les historiques d’achat, les historiques de navigation internet et les historiques de déplacement (+fréquentations…).
L’alliance du crédit social et de la CBDC signifierait l’avènement d’une prison à ciel ouvert. Toute personne ne rentrant pas dans le moule se verrait régulièrement couper les vivres jusqu’à la soumission.
Enter Satoshi
Le Bitcoin est notre assurance contre les dérives totalitaires qui font saliver les gens de Davos. Trop tard. Si le cash devait disparaître, le Bitcoin le remplacerait du jour au lendemain.
Au lieu d’être captée par les barons de la bourse, l’épargne sera redirigée vers le Bitcoin. C’est alors des centaines de milliers de « cypherpunks » à la liberté chevillée au corps qui gagneront en influence sur les affaires du monde.
Si ce totalitarisme larvé ne suffit pas, c’est l’inflation qui fera son œuvre. Comme l’a déclaré Michael Saylor à l’occasion de la conférence BTCPrague :
« Aucun pays ne peut arrêter l’inflation. Personne ne peut arrêter l’inflation. Je peux vous mettre à la tête du monde, vous ne pourriez pas arrêter l’inflation. »
À moins d’un miracle énergétique, les limites physiques de la planète alliées au ponzi de la monnaie fiat font de l’inflation une certitude mathématique. Pour Michael Saylor, le Bitcoin est la meilleure réserve de valeur permettant de s’en protéger :
Terminons en soulignant que la CBDC est déjà un fiasco total au Nigeria. La monnaie est indissociable de la liberté et ce n’est pas près de changer.
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