Le prochain risque : Les résultats financiers
Jusque-là, nous avons assisté une bonne partie de l’année à une correction des marchés financiers au niveau global à cause de la hausse des taux d’intérêts. On peut dire qu’il s’agissait principalement d’un marché baissier obligataire les 6 premiers mois. Il est temps de se demander quel serait le prochain risque des marchés financiers, comme l’impact des taux d’intérêts sur les résultats financiers.
Qu’est-ce que les résultats financiers ?
Les marchés boursiers, c’est un ensemble de compagnies qui sont cotées en Bourse. Comme ces compagnies deviennent publiques, elles sont dans l’obligation de divulguer des informations, dont les résultats financiers.
Pour faire simple, il s’agit des revenus et des profits/pertes qu’une entreprise va générer au cours de l’année ou d’un trimestre. C’est aussi pour cela qu’on dit que les marchés boursiers sont des indicateurs avancés de l’économie, puisqu’ils représentent plusieurs secteurs au sein de l’économie.
Au niveau trimestriel, les 4 grandes saisons des résultats sont en janvier, avril, juillet et octobre aux US. Lorsqu’un investisseur va étudier les chiffres d’une entreprise, il va s’intéresser à la santé financière de l’entreprise. Plus précisément, il s’agit de l’étude des chiffres au sein de l’entreprise comme l’état des résultats (profit/perte), du bilan (actifs/passifs), ou d’autres états… Généralement, ce genre de pratique est connu sous celle du « bottom up ». Elle consiste à dénicher des titres qui se négocient en bourse en dessous de sa valeur réelle.
L’importance de comprendre les résultats financiers
Au-delà du contexte macroéconomique global qui va avoir également un impact sur les sociétés, il est important de comprendre les chiffres au sein de la société. Les chiffres reflètent la santé de celles-ci puisque c’est aussi comme cela qu’un investisseur va prendre confiance en l’avenir de la société.
Lorsqu’une société va faire de l’argent, elle va réinvestir ses profits de deux façons :
- réinvestir dans la société pour la recherche et le développement ;
- redistribuer sous forme de dividendes ;
- ou racheter les propres actions de la société afin de diminuer l’offre et d’augmenter le prix de l’action.
Généralement, ce sont les résultats financiers qui font rentrer ou sortir les investisseurs des marchés financiers. Plus il va y avoir de la confiance sur les marchés, plus les flux vont entrer et vice versa.
Voici un beau graphique qui représente les flux entrants et sortants par rapport à la progression des résultats (earnings) au niveau des marchés globaux.
La place des résultats financiers dans la phase du cycle économique
Généralement, le premier facteur du cycle économique est le ralentissement du marché immobilier, et dans un second temps, nous avons « les nouveaux ordres » qui vont ralentir. Les nouveaux ordres sont utilisés pour mesurer la future demande nécessaire pour fabriquer les biens et les services. Lorsque la demande des nouveaux ordres ralentit, cela est un premier signe que la production au niveau des entreprises va également ralentir.
C’est pour cela que la phase du ralentissement des profits (résultats financiers), se trouve après celle des nouveaux ordres.
Voici justement une illustration des nouveaux ordres vs les résultats financiers. Il y a une corrélation positive entre les deux. Cependant, on peut constater un écart entre les deux.
Le PIC des résultats financiers
Comme on sait que le ralentissement des résultats se trouve après le ralentissement des nouveaux ordres, on veut maintenant savoir si celui-ci a commencé.
Voici un graphique qui démontre bien que le PIC des résultats a eu lieu en juin 2022. Je parle ici des résultats de l’ensemble de l’indice du S&P 500, puisqu’il représente une bonne partie de l’économie globale. Nous sommes passés d’une croissance de +10 % en juin/juillet à +4.5 % en octobre, ce qui n’est pas négligeable.
Au niveau mondial, on peut aussi voir que l’indice du MCSI mondial démontre un ralentissement d’environ 1.1 %. Autre point important, nous avons un écart considérable par rapport à la moyenne.
Jusque-là, les résultats financiers sont pas mal maintenus grâce à la diversification sectorielle de l’indice du S&P 500. Le secteur de l’énergie ayant contribué majoritairement à la performance pour cette année. Sans celui-ci, la croissance des résultats serait déjà négative.
Avec la baisse des matières premières au cours du troisième trimestre, ceci va peut-être affecter les résultats des entreprises pour les prochains trimestres.
D’ailleurs, quand on regarde le graphique ci-dessous sur la fabrication globale (niveau mondial), on peut constater que pour 57 % des compagnies, les résultats financiers se trouvent sur des niveaux de contraction (en dessous de 50) en septembre. Une poussée fulgurante depuis juin.
Au-dessus de 50 = expansion, et en dessous de 50 = contraction.
Une croissance des résultats financiers stimulée par des taux bas
Pendant la dernière décennie, soit après la crise financière de 2008, nous avons eu une politique monétaire assez accommodante de la part des Banques centrales. Les taux ont été maintenus entre 0 % et 2 % pendant plusieurs années, ce qui a stimulé pas mal la croissance des résultats au cours des dernières années. Il n’est pas ici question des taux bas, mais aussi des injections de liquidités en 2009 et 2020 afin de relancer la croissance.
Les dernières injections en 2020 jumelé à des taux 0 % ont sacrément stimulé les résultats financiers. On peut le voir sous le graphique suivant, car l’écart par rapport à la moyenne est assez impressionnant.
Le risque de retracement en cas de récession peut être assez brutal au niveau de l’indice du S&P 500.
Pourquoi le dollar US impacte les résultats ?
L’année 2022 a été une année très positive pour le dollar US. Celui-ci est lui-même stimulé par la politique restrictive de la FED cette année.
Au cours du troisième trimestre, le dollar a pris 16.7 %, d’où la chute des résultats de juin à octobre, d’une croissance de 10 % à 4.5 %.
Le dollar est un facteur majeur important sur les résultats, car une très grande partie des entreprises du S&P 500 ont une offre/demande au niveau international. Si le dollar monte contre d’autres devises, exemple, l’euro, et que l’Europe est un client important des entreprises du S&P 500, ceci va impacter les résultats. Pourquoi ? les biens ou services deviennent trop chers en faisant la conversion.
Et d’ailleurs, on peut voir l’ensemble des devises ayant de réelles difficultés contre le dollar US. Comme la hausse du dollar US a été stimulée par la hausse des taux de la FED, la question est de savoir si celle-ci va pivoter. Ceci permettrait d’alléger la valeur du dollar US. Cependant, tant que l’inflation n’est pas en contrôle, ceci est peu probable.
Conclusion
La croissance des résultats se trouve actuellement à 4.5 %. Étant donné la progression des nouveaux ordres (indicateur avancé), ce chiffre risque de progresser vers 0 % au cours des prochains mois. Si la FED continue de préserver ses taux élevés avec un dollar US élevé, les résultats pourraient tourner vers des niveaux récessionnistes.
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Après avoir travaillé pendant 7 ans dans une banque canadienne dont 5 ans dans une équipe de gestion de portefeuille comme analyste, j’ai quitté mes fonctions afin de me consacrer pleinement aux marchés financiers. Mon but ici, est de démocratiser l'information des marchés financiers auprès de l'audience Cointribune sur différents aspects, notamment l’analyse macro, l’analyse technique, l’analyse intermarchés…
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