Le Kremlin enterre la monnaie commune des BRICS

Les rumeurs sur une monnaie commune des BRICS reviennent régulièrement, et alimentent les spéculations sur un possible contrepoids au dollar. Alors que plusieurs nations cherchent à réduire leur dépendance au billet vert, l’hypothèse d’une devise partagée déclenche l’inquiétude des États-Unis. Donald Trump a d’ailleurs menacé d’imposer des sanctions aux pays qui envisageraient une alternative. Pourtant, le Kremlin vient de désamorcer le débat : aucun projet de ce type n’est en discussion. À la place, le bloc privilégie des plateformes d’investissement conjointes, ce qui laisse planer le doute sur sa véritable stratégie monétaire.

Le Kremlin ferme la porte à une monnaie unique

Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin, a écarté toute ambiguïté sur la position de la Russie : « les BRICS ne discutent pas de la création d’une monnaie commune ». Cette mise au point répond aux nombreuses rumeurs qui évoquent un projet destiné à concurrencer le dollar. Malgré l’intérêt de certains pays membres pour une alternative monétaire, aucune initiative de ce type n’est en cours.

Selon Peskov, les discussions au sein des BRICS portent principalement sur des plateformes d’investissement conjointes et des mécanismes de coopération économique. Loin de vouloir bouleverser l’ordre monétaire mondial, le groupe cherche avant tout à renforcer les échanges entre ses membres.

Cette déclaration intervient dans un contexte de vives tensions avec Washington. Ainsi, certains responsables américains perçoivent les BRICS comme une menace pour la suprématie du dollar. En mettant fin aux spéculations, Moscou semble vouloir dissiper les inquiétudes et éviter une escalade économique avec les États-Unis.

Trump accentue la pression sur le BRICS

Si la déclaration du Kremlin met fin aux spéculations sur une monnaie commune des BRICS, elle ne dissipe pas pour autant les tensions croissantes avec Washington. Donald Trump a réagi avec fermeté et menace d’imposer des droits de douane de 100 % sur les produits en provenance des pays du bloc qui envisageraient de créer une nouvelle devise. Sur Truth Social, il a dénoncé une tentative d’affaiblissement du dollar et a prévenu : « l’idée que les pays des BRICS tentent de s’éloigner du dollar alors que nous restons les bras croisés, c’est FINI. Ils devront s’engager à ne pas créer de nouvelle monnaie, sous peine d’être totalement exclus du marché américain ».

Ces menaces s’intègrent dans une stratégie plus large qui vise à maintenir l’hégémonie du billet vert sur les échanges internationaux. Toutefois, loin de dissuader les pays des BRICS, cette pression pourrait accélérer la dynamique de dédollarisation. Plutôt qu’une monnaie unique, le bloc explore d’autres solutions, comme des accords bilatéraux en monnaies locales et l’utilisation de l’or comme référence pour certaines transactions. Face à un environnement économique de plus en plus fragmenté, la diversification des règlements financiers s’impose progressivement comme une alternative viable.

Paradoxalement, la position de Trump pourrait renforcer la volonté des nations émergentes de s’affranchir du dollar. En cherchant à dissuader toute remise en question de la suprématie du billet vert, il risque au contraire de pousser les pays des BRICS à intensifier leur coopération financière, ce qui creuse ainsi un fossé plus profond avec les États-Unis. Si aucune devise commune n’est en préparation, le mouvement vers une multipolarisation monétaire semble inévitable.

La mise au point du Kremlin clôt le débat sur une monnaie unique des BRICS, mais pas sur la diversification monétaire mondiale. Si le bloc ne prévoit pas d’unifier ses devises, plusieurs membres cherchent déjà des alternatives au dollar pour sécuriser leurs échanges. Les sanctions américaines et les tensions commerciales risquent d’accélérer ce mouvement, ce qui incite davantage de pays à renforcer leurs mécanismes de paiement en monnaies locales. Cette fragmentation des échanges dessine progressivement une multipolarisation financière, encore limitée aux transactions régionales. Reste à savoir si cette tendance restera marginale ou si elle finira par rééquilibrer l’ordre monétaire international.