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Le Japon : La terre promise des cryptomonnaies ?

jeu 28 Sep 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Avec plus de 5 millions d’utilisateurs crypto, soit 4% de sa population, le Japon possède l’un des taux d’adoption les plus élevés au monde. D’ailleurs, le pays de Satoshi Nakamoto reconnaît les cryptomonnaies comme moyen de paiement depuis 2016. Plusieurs grosses chaînes de magasins ainsi que des magasins de vente en ligne acceptent les cryptomonnaies comme moyen de paiement. De même, plusieurs exchanges – BitFlyer, Coincheck, Bitbank, etc. – opèrent dans le pays. Récemment, le pays a lancé le premier fonds bitcoin pour les investisseurs institutionnels, une initiative qui a propulsé le cours de la cryptomonnaie mère. Dans cet article, nous vous proposons une virée dans l’univers crypto japonais. Découvrez comment le Japon est devenu l’une des superpuissances de la scène crypto mondiale.

Le drapeau du Japon et quelques cryptos dont le bitcoin

Le Japon propose un fonds bitcoin aux investisseurs institutionnels

Le 19 septembre 2023, le Japon, un leader mondial en matière de cryptomonnaie, a déclenché une nouvelle augmentation du cours du bitcoin grâce à une annonce surprise.

Laser Digital, la filiale crypto du géant des services financiers Nomura a, en effet, lancé un fonds proposant une exposition au bitcoin aux investisseurs institutionnels. Il s’agit du « Bitcoin Adoption Fund ».

Laser Digital a indiqué que le Bitcoin Adoption Fund était la première offre de sa série de produits d’investissement crypto. Elle a prévu assurer la protection des actifs des clients qui souscriront au Bitcoin Adoption Fund grâce à la solution Komainu. La société précise que plusieurs firmes utilisent cette solution. Il s’agit de Ledger, Coin Shares et même Nomura, la société mère de Laser Digital.

L’annonce a eu un effet très important sur le cours du bitcoin qui a connu une importante augmentation. Le cours de la cryptomonnaie est immédiatement passé au-dessus de la barre des 27 000 dollars. Il tourne autour de 26 680  dollars à l’heure de la rédaction de cet article.

Le Japon : l’une des meilleures réglementations crypto au monde

Le succès évident des cryptomonnaies au Japon est dû à l’approche proactive adoptée par le pays sur la question de la réglementation. En effet, la réglementation crypto du pays qui se prépare à créer une zone économique metaverse se distingue par une séduisante clarté.

Le pays a mis en place la FSA, l’agence des services financiers chargée de créer un environnement sûr et stable pour les investisseurs au Japon. Contrairement aux régulateurs américains, la FSA a proposé une loi sur les instruments financiers et les exchanges qui définit clairement ce qu’est un titre.

Ainsi, au Japon, le crypto-actifs sont distincts des titres. Les tokens actuellement cotés sur les exchanges crypto sont des crypto-actifs et non des titres.

Par contre, si l’actif sous-jacent des actifs tokenisés est un titre ou un bien immobilier, il est soumis à la réglementation sur les titres. Pendant ce temps, aux USA, la confusion entre titre et token continue de nourrir la guerre entre la SEC et les exchanges crypto.

La FSA a également soumis les exchanges crypto du pays à des exigences propres aux institutions bancaires. Par exemple, les exchanges crypto japonais doivent séparer les fonds crypto des utilisateurs des fonds de l’exchange. Ils doivent également garder la majorité de leurs actifs dans des cold wallets et détenir un capital 3 à 4 fois supérieur à la valeur du risque. Les exchanges doivent aussi mettre de côté trois mois de frais de vente et de frais généraux d’administration.

Par ailleurs, l’inscription d’un token sur un exchange japonais est un processus plutôt sérieux. Les exchanges doivent d’abord obtenir l’approbation de la Japan Virtual Currency Exchange Association (JVCEA).

Cette dernière devra ensuite faire une proposition au FSA qui procédera à des vérifications avant de donner son OK. Dans un marché parfois sujet à des turbulences, la rigueur du Japon dans la régulation de l’activité crypto est un élément très positif.

Voilà d’ailleurs pourquoi, lorsque les Américains étaient dévastés par la débâcle de FTX, FTX Japon a permis à ses utilisateurs le retrait total de leurs fonds.

Ces violents hacks qui ont jalonné l’histoire du japon

Si le pays de Satoshi Nakamoto a été l’un des premiers à adopter les crypto, il a aussi connu son lot d’expériences négatives avec les cryptomonnaies. On se rappelle l’histoire de la Mt. Gox, le plus grand exchange de bitcoin au monde entre 2013 et 2014.

La société gérait plus de 70% des transactions mondiales de bitcoin. Malheureusement, en février 2014, des hackers ont fait trembler l’exchange Mt.Gox en y volant près de 850 000 bitcoins. À l’époque, cela équivalait à près de 6% de l’offre mondiale de bitcoins.

L’incident avait assommé les investisseurs et consécutivement fait baisser la valeur du bitcoin de près de 36%. Quatre années plus tard, soit en début de 2018, l’exchange japonais Coincheck est victime d’un des plus grands piratages de l’histoire des cryptomonnaies.

Le pays qui était vu comme la capitale crypto de l’Asie a pratiquement risqué l’extinction totale de son marché crypto. Curieusement, plutôt que de fermer les exchanges, le pays a préféré renforcer sa régulation crypto.

Une politique de taxation révisée pour faire du japon le hub crypto mondial

Il est important de préciser qu’en matière de cryptomonnaie, la clarté réglementaire n’est pas le seul facteur d’adoption. La taxation des activités crypto influence considérablement l’environnement des affaires. Sur cette question, le Japon n’a pas souvent été un bon exemple.

En effet, les investisseurs crypto du pays devaient supporter une charge fiscale potentielle allant jusqu’à 50% sur leurs gains en capitaux. Certaines taxes, comme l’imposition des gains en capital non réalisés, ont d’ailleurs été sujettes à des controverses.

Toutefois, depuis août 2023, les émetteurs de cryptomonnaies du pays bénéficient d’une exemption de l’impôt de 30% sur les gains non réalisés sur les tokens. C’était en réponse à une pétition initiée par la Japan Blockchain Association (JBA), un groupe de lobbying en faveur de l’industrie de la blockchain.

Le JBA a également demandé la suppression de l’impôt sur les bénéfices générés par les transactions crypto personnelles. Il est possible que le gouvernement japonais accède à cette requête aussi.

En attendant, on retient que le Japon est un poids lourds dans l’histoire des cryptomonnaies et de la blockchain. Il y a de fortes chances que le pays qui a déjà lancé la phase pilote de son yen numérique se positionne définitivement comme le hub crypto mondial.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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