Le Conseil et le Parlement de l'UE s'accordent sur le passeport digital

Le Conseil de l’UE et le Parlement européen ont récemment conclu un accord provisoire concernant l’identité numérique européenne (eID). Cependant, cet accord suscite des préoccupations légitimes quant à la vie privée des citoyens, en particulier dans le contexte d’une éventuelle interconnexion entre l’eID et la future monnaie numérique de la banque centrale (CBDC).

L’identité numérique européenne (eID), un changement de paradigme

Le Conseil de l’UE et le Parlement européen ont récemment annoncé un accord provisoire sur l‘identité numérique européenne (eID), un développement qui suscite des inquiétudes majeures, en particulier en ce qui concerne la protection de la vie privée.

Cet accord prévoit un cadre pour une identification numérique fiable et sûre pour tous les citoyens européens, avec pour objectif d’assurer un accès universel à des dispositifs électroniques sécurisés. Cependant, certains experts craignent le potentiel lien qui pourrait survenir entre l’eID et la future monnaie numérique de la banque centrale (CBDC) de l’Union européenne.

Introduit en juin 2021, le règlement prévoit que les États membres offriront des portefeuilles numériques aux citoyens et aux entreprises, permettant ainsi de relier leur identité numérique nationale à divers documents tels que les permis de conduire, les diplômes ou les comptes bancaires. 

Cette approche facilitera la preuve d’identité et le partage de documents électroniques, éliminant la nécessité d’utiliser des méthodes d’identification privées ou communes.

En apparence, cela semble offrir un certain confort, mais la question cruciale réside dans le lien potentiel avec l’euro numérique qui est en cours de développement.

L’inquiétude concernant la vie privée

L’identification numérique est une avancée technologique significative, mais elle peut s’accompagner de risques considérables pour la vie privée. Pour Bob Roos, membre du Parlement européen et vice-président ECR, il s’agit “d’une très mauvaise idée”, et il appelle tous les députés à se prononcer contre.

« Immédiatement après, le commissaire européen Thierry Breton a déclaré : ‘Maintenant que nous avons un portefeuille d’identité numérique, nous devons y mettre quelque chose…’, suggérant un lien entre la CBDC et l’eID.

Ils ont ignoré tous les experts en matière de confidentialité et les spécialistes de la sécurité. Ils poussent tout cela jusqu’au bout.« 

Rappelons que les partisans de l’euro numérique se sont déjà heurtés à une forte opposition politique inattendue, principalement en raison des préoccupations liées à la vie privée, au contrôle gouvernemental et même aux théories du complot. Si l’eID est lié à la CBDC, cela pourrait signifier un suivi et une surveillance accrus des activités financières des citoyens européens.

Protection de la vie privée et contrôle des données

Afin de répondre à ces préoccupations, des mesures de protection de la vie privée sont nécessaires. L’introduction du protocole zero-knowledge proof, mentionné dans les amendements relatifs à l’eID par le comité ITRE du Parlement européen (Comité de l’Industrie, de la Recherche, des Télécommunications et de l’Énergie), vise à offrir aux citoyens européens un contrôle absolu sur leurs données personnelles, prévenant ainsi tout usage abusif ou détournement de données sensibles. 

Toutefois, il est primordial que les législateurs européens demeurent vigilants pour assurer le respect intégral des droits à la vie privée et à la sécurité des citoyens. L’association potentielle entre l’eID et la CBDC doit faire l’objet d’un examen approfondi afin d’éviter toute atteinte disproportionnée à la vie privée des citoyens européens.

L’avenir de l’identité numérique en Europe doit reposer sur des principes de sécurité et de respect de la vie privée.