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Le CEO de Telegram est un otage géopolitique

mer 28 Août 2024 ▪ 7 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Pavel Durov est prisonnier des tensions géopolitiques. La fragmentation du monde accélère, faisant au passage les affaires du bitcoin.

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80 rafales dans la balance ?

Il se murmure que les Émirats arabes unis seraient prêts à suspendre leurs achats d’avions de chasses au français Dassault si Emmanuel Macron n’entend pas raison en libérant le ressortissant russe Pavel Durov. C’est en tout cas une information qui circule sur Twitter :

« Les Émirats arabes unis ont gelé un contrat d’achat de 80 avions de combat conclu avec la France, d’une valeur d’au moins 10 milliards de dollars, en réponse à l’arrestation de Pavel Durov, propriétaire de Telegram, qui a suscité la colère des cheikhs.
Pourquoi n’ont-ils pas fait de même avec Israël pour imposer un cessez-le-feu ? »

Cointribune n’ayant pas pu retrouver la vidéo sur le site officiel d’Al Jazeera, il s’agit probablement d’une fake news. Cependant, il n’est pas impossible que les Émirats ait délivré cet avertissement de manière détournée à dessein.

Quoi qu’il en soit, Pavel Durov ayant un passeport émirati en plus de ses passeports russe et français, Dubai est monté au créneau, probablement à la demande de la Russie.

Qui est Pavel Durov ? Le fondateur de l’une des plus grandes applications de messagerie au monde : Telegram (près d’un milliard d’utilisateurs).

Pourquoi a-t-il été arrêté ? Pour son refus de coopérer avec quelque gouvernement que ce soit, Russie incluse. Tout le contraire de Facebook qui collabore activement avec le FBI et la CIA.

Pourquoi maintenant ? Son arrestation était prévue depuis longtemps. Depuis « plusieurs mois » selon le média Politico.

La raison est certainement que Telegram est la première source d’informations de première main à propos des guerres d’Ukraine et de Palestine. Il est dans l’intérêt de la CIA et du Mossad de supprimer certains groupes Telegram ou d’obtenir des clés de chiffrement.

A ce propos, notez que les conversations ne sont pas chiffrées de bout en bout par défaut. Cela signifie qu’en l’absence d’une activation manuelle du chiffrement, les messages échangés entre deux personnes sont accessibles à Telegram.

Seules les conversations en mode « secret » sont véritablement protégées. Sauf que ce n’est pas le cas dans 99.9 % des cas d’après Benjamin Sonntag, membre fondateur de la Quadrature du net. Cette option n’est par ailleurs pas disponible pour les conversations de groupes.

« Et il est toujours possible de savoir qui communique avec qui pour les 0,1 % restants, ce qui est en soi très intéressant pour les forces de l’ordre », a-t-il ajouté.

Et soit dit en passant, Telegram est accusé d’avoir eu des backdoors dans sa version datant de sept ans en arrière. Le protocole de chiffrement actuel serait toutefois réglo.

Guerre de l’information

Il ne fait pas l’ombre d’un doute que Pavel Durov est un otage géopolitique. Il s’agit d’étouffer les informations venant du Donbass et de Gaza. Cette arrestation est de mauvais augure pour la paix.

À ce propos, le chef d’état-major des armées françaises a déclaré ce mardi qu’il faut « se préparer à des temps très durs, sinon très durs, pour l’Occident ».

« On entre résolument dans une nouvelle ère où l’Occident y est contesté […] et la fragmentation de l’ordre international extrêmement forte », a lancé le général Thierry Burkhard devant les responsables du Medef et de dix grands groupes français.

Cet ordre international « a été fondé sur le droit, construit par le monde occidental et on nous reproche de l’avoir construit pour le monde occidental », a-t-il ajouté, avertissant qu’un « ordre alternatif » prend forme et qu’il veut « nous pousser dehors ». « Ne croyons pas que nous allons revenir au monde d’avant. Ce qui se met en place, nous allons devoir vivre avec. »

Cet ordre alternatif dont le général ne dit pas le nom s’appelle les BRICS, une alliance que les Émirats arabes unis ont rejoint en début d’année. D’où son activisme vis-à-vis de Durov.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n’a pas non plus tardé pour réclamer une entrevue avec Pavel Durov.

« Les relations entre Moscou et Paris sont au plus bas, notamment en raison de la position adoptée par Paris sur les questions de liberté d’expression et d’informer […] », a-t-il déclaré.

Le ministre a lancé que la détention de M. Durov prouve que la plateforme Telegram est une application de messagerie « véritablement protégée ».

« La Russie attend de la France qu’elle réponde à la note de la Russie sur l’accès à Pavel Durov, a déclaré le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
« Les relations entre Moscou et Paris sont au plus bas, notamment en raison de la position adoptée par Paris sur les questions de liberté d’expression. »

Fragmentation mondiale propice au bitcoin

Le magnat des médias Konstantin Malofeev a également réagi de manière extrêmement franche :

« Pavel Durov a déclaré à plusieurs reprises son indépendance et son refus de coopérer avec les services secrets.

Or, au XXIe siècle du libéralisme totalitaire, il est impossible de vivre sans être un agent des agences de renseignement occidentales.

Seuls les startuppers recrutés par la CIA ou la NSA pendant leurs études – comme Zuckerberg, ou Brin et Page – peuvent prétendre être des visionnaires multimilliardaires.

Durov a refusé de coopérer avec le FSB et s’en est sorti. Mais son refus de coopérer avec les Américains a conduit à son arrestation en France. Aujourd’hui, il a deux options :

Refuser de travailler pour la CIA et passer de nombreuses années en prison. Ou bien accepter. Il sera alors libéré, mais ne sera plus libre. »

Le monde se fragmente de plus en plus, tant sur le plan informationnel que monétaire. Et l’on voit difficilement comment la confiance pourrait revenir après de telles effusions de sang.

Il faudra surveiller de près le sommet des BRICS qui se déroulera à Kazan au mois d’octobre. Il se murmure que la Palestine y déposera sa candidature. En clair, le monde se divise rapidement en deux camps irréconciliables.

Au bout du bout, les BRICS veulent dédollariser les échanges mondiaux et l’Empire semble prêt à déclencher une guerre mondiale pour l’éviter. Mais d’après le vice-ministre des affaires étrangères Sergey Ryabkov, il n’y aura pas de retour en arrière. Une alternative au système de paiement occidental SWIFT pourrait être dévoilée lors du prochain sommet des BRICS.

Terminons en soulignant que la Russie lancera dès le premier septembre une plateforme permettant aux grandes entreprises russes de régler leurs exportations et importations en bitcoin. Dans un monde fragmenté, le bitcoin est roi.

Ce n’est pas un hasard si Donald Trump – qui clame vouloir éviter une troisième guerre mondiale – vient d’adouber le bitcoin…

Ne manquez pas notre article pour aller plus loin : « La Russie plaide à New York pour la fin du monopole du dollar ».

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Nicolas T.

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