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Le Brésil s'émancipe du dollar

ven 31 Mar 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Xi Jinping et Vladimir Poutine ont déclenché une fronde globale contre le dollar que Brésil et l’ASEAN viennent de rejoindre.

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Le Brésil accepte le yuan

Brésiliens et Chinois n’ont désormais plus besoin de passer par le dollar pour commercer entre eux. Les deux banques centrales ont signé un accord ce mercredi à Pékin.

Il permettra aux deux pays de commercer sans intermédiaire. Les deux nations pourront régler leurs importations dans leurs propres monnaies, le yuan et le real. Plus besoin de les convertir d’abord en dollar.

Par ailleurs, les banques brésiliennes vont se raccorder au système de paiement chinois CIPS, le concurrent du réseau SWIFT.

https://twitter.com/RNinotchka/status/1641387420510826497

Le président Luiz Inácio Lula da Silva devait initialement être de la partie, mais une pneumonie l’a cloué à Brasília. Plusieurs annonces sont donc reportées à plus tard.

Toutefois, l’essentiel est là. S’affranchir du dollar était une promesse de campagne confirmée par le récent doublement des réserves d’or du Brésil (130 tonnes d’or).

En outre, la banque centrale brésilienne réduit depuis l’année dernière ses réserves de change en dollar ainsi qu’en euro. Celles libellées en yuans ont à contrario quadruplé.

Autre signe qui ne trompe pas : la substitution des importations chinoises de maïs américain par du maïs brésilien l’année dernière. La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil. Et cela depuis plus de dix ans maintenant (~150 milliards $ par an).

Les choses se sont encore décantées avec la proposition en début d’année par le président brésilien d’une monnaie commune au MERCOSUR. L’hyperinflation en Argentine rend toutefois le projet difficile.

L’ASEAN aussi veut couper les ponts

Selon le magazine Tempo, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) compte aussi réduire sa dépendance au dollar, à l’euro, au yen et à la livre sterling.

L’ASEAN comprend le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Viêt Nam et le Brunei. Il s’agit d’une alliance régionale de coopération économique et sécuritaire.

Une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales a débuté ce mardi à Jakarta. Ils discuteront notamment du passage à des règlements en monnaies locales via le Regional Payment Connectivity (RPC).

« Les efforts visant à réduire la dépendance à l’égard des principales monnaies internationales par le biais d’un système de transactions en monnaie locale seront examinés. Il s’agit d’une extension d’un système déjà mis en œuvre entre les membres de l’ASEAN », peut-on lire dans le Tempo.

Pour rappel, le président indonésien Joko Widodo a déjà exhorté le bloc à s’émanciper des systèmes de paiement Visa et Mastercard en février :

« L’abandon des systèmes de paiement occidentaux est nécessaire pour protéger les transactions contre d’éventuelles répercussions géopolitiques. »

Dodit Proboyakti, membre du conseil d’administration de l’Association indonésienne des cartes de crédit (AKKI), a déclaré pour sa part vouloir s’inspirer de l’expérience de la Russie et de son système Mir.

En parlant de la Russie

Toutes les régions du monde s’engouffrent derrière le tango sino-russe. Les intentions du ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov sont limpides :

« L’ordre mondial tout entier est en train d’être redéfini. Ce n’est pas seulement ce qui se passe dans telle ou telle partie du monde, qu’elle soit proche ou éloignée de notre frontière. À l’heure actuelle, il est décidé comment le monde sera arrangé à l’avenir, et pour longtemps. »

L’une des conséquences de la dédollarisation sera un recul des réserves de change libellées en dollar. Il en découlera une baisse du taux de change du dollar. Et donc de l’inflation aux États-Unis.

La part du dollar dans les réserves de change est passée en 25 ans de 72 % à 59 %. Celle de l’euro tourne autour de 20 %. De manière plus cruciale, les « autres » devises, dont le yuan, sont passées de 4 % à 10 %.

Si bien que le montant global des réserves de change a reculé de 10 % entre 2021 et 2022. Soit l’équivalent de 10 416 milliards de dollars (dont près de 6 400 milliards en $).

Dit autrement, les nations ne veulent plus laisser aux États-Unis le privilège d’avoir une ardoise vis-à-vis du reste du monde. Le gel des 300 milliards de dollars appartenant à la Russie n’est pas passé inaperçu dans le reste du monde…

Si ces 6 400 milliards de réserves en dollars devaient disparaître, il faudra les remplacer par autre chose. De l’or dans un premier temps, probablement.

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Nicolas T.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.