Le Bitcoin suit-il vraiment l’or ? Ce que dit l’histoire

L’or vient de toucher un sommet historique à 3 357 dollars l’once en avril, suscitant une question brûlante : le bitcoin emboîtera-t-il le pas ? Alors que les investisseurs cherchent des refuges face aux turbulences économiques, certains experts scrutent les liens entre ces deux actifs. Mais cette corrélation est-elle systématique, ou cache-t-elle des réalités plus complexes ? Plongeon dans les données et les mécanismes sous-jacents.

Le bitcoin et l’or : liens historiques et modèles prédictifs

En 2017, une hausse de 30 % de l’or a précédé l’explosion du bitcoin à 19 120 $. Trois ans plus tard, le métal précieux atteignait 2 075 dollars avant que le BTC ne s’envole à 69 000 $. Ces épisodes suggèrent un schéma récurrent : le bitcoin réagirait avec un délai de 100 à 150 jours après les records de l’or. 

Joe Consorti, expert chez Theya, résume : « Quand la planche à billets s’emballe, l’or sent l’inflation en premier. Le Bitcoin suit, mais avec un temps de latence. »

Ce décalage s’expliquerait par la psychologie des marchés. L’or, valeur refuge ancestrale, attire d’abord les capitaux en période de crise.

Les investisseurs institutionnels, plus prudents, se tournent ensuite vers le bitcoin, perçu comme un or numérique. Cependant, cette séquence n’est pas mécanique. En 2022, malgré un or résilient, le bitcoin a chuté sous les 20 000 $, miné par les faillites crypto et la hausse des taux. La corrélation dépend donc du contexte.

Un modèle mathématique, la loi de puissance, ajoute une couche intrigante. En normalisant la capitalisation du bitcoin par rapport à celle de l’or, certains prévoient un sommet à 400 000 $ d’ici fin 2025. 

Un analyste anonyme, apsk32, table même sur une phase paroxystique entre juillet et novembre 2025. Ces projections, bien que spéculatives, s’appuient sur des cycles passés où le BTC a systématiquement surpassé l’or après un délai.

Contexte macroéconomique : les incertitudes qui pèsent sur la situation

Au-delà des graphiques, le duo or-Bitcoin reflète des inquiétudes plus profondes. Mike Novogratz, PDG de Galaxy Digital, évoque un « moment Minsky » pour l’économie américaine : une instabilité où les excès financiers précipitent un effondrement.

Le dollar fragilisé, une dette nationale de 35 000 milliards et des tensions géopolitiques poussent les investisseurs vers des actifs tangibles. Dans ce paysage, le bitcoin agit comme un baromètre de la défiance envers les systèmes traditionnels.

Pourtant, les dynamiques divergent. L’or bénéficie d’un statut intemporel, tandis que le bitcoin reste volatile, lié aux innovations technologiques et réglementaires.

En 2024, son cours a stagné malgré l’envolée de l’or, rappelant que sa valorisation dépend aussi de l’adoption institutionnelle et des ETF. Novogratz souligne d’ailleurs que les marchés sous-estiment les risques économiques, ce qui pourrait amplifier les mouvements haussiers du BTC dans les prochains mois.

Reste la question du timing. Si les cycles précédents suggèrent un effet retard, l’actuelle convergence de crises (inflation, transitions énergétiques, élections américaines) pourrait accélérer les tendances.

Les partisans du bitcoin y voient une opportunité : le bitcoin n’est pas qu’un clone de l’or. C’est une couverture contre l’effondrement des devises fiduciaires. Mais cette vision suppose que les investisseurs mondiaux franchissent un cap psychologique, en traitant le bitcoin comme une réserve de valeur légitime.

En définitive, la relation entre l’or et le bitcoin est moins un réflexe qu’un miroir des peurs économiques. Le BTC suit l’or… quand les conditions macro s’y prêtent. Son potentiel de hausse dépend autant des politiques monétaires que de sa maturation comme actif refuge. Les prochains mois, marqués par des tensions politiques et des ajustements de taux, seront un test crucial. Si le bitcoin dépasse son record de 2021 après l’or, la corrélation gagnera en crédibilité. Sinon, il devra affirmer son indépendance – une étape clé pour conquérir le statut d’« or 2.0 ».