Le Bitcoin Reserve Act pourrait briser le cycle de 4 ans

L’écosystème des cryptos pourrait entrer dans une phase de transformation sans précédent. Pendant des années, les marchés ont suivi des cycles bien établis, dictés par les mécanismes internes du bitcoin, notamment le halving, qui rythme les périodes de hausse et de baisse. Aujourd’hui, une initiative politique d’envergure émerge, susceptible de bouleverser ces fondations historiques. La sénatrice américaine Cynthia Lummis a proposé le Bitcoin Reserve Act, un projet de loi qui vise à reconnaître le bitcoin comme un actif de réserve stratégique pour les États-Unis. Cette initiative, qui prévoit l’intégration progressive d’un million de bitcoins dans les réserves fédérales américaines, s’intègre dans un contexte de rivalités économiques et géopolitiques croissantes. Alors que des puissances comme la Russie et l’Allemagne envisagent également d’adopter des stratégies similaires, ce projet interpelle. Par ailleurs, les implications d’une telle démarche dépassent les frontières américaines et redéfinissent le rôle du Bitcoin sur la scène internationale, ce qui lui confère un statut inédit dans l’histoire des cryptos.

L’audacieuse proposition du Bitcoin Reserve Act

Le Bitcoin Reserve Act, proposé par la sénatrice Cynthia Lummis, ambitionne de doter les États-Unis d’un cadre légal novateur pour intégrer le bitcoin dans leurs réserves stratégiques. Ce projet de loi prévoit l’achat de 200 000 bitcoins par an sur une période de cinq ans, ce qui va permettre au gouvernement américain d’accumuler un total d’un million de bitcoins. Une telle initiative reflète une vision ambitieuse, qui vise à faire du bitcoin un pilier des finances publiques américaines afin de consolider son statut d’actif mondialement reconnu. Iliya Kalchev, analyste chez Nexo, a qualifié cette démarche de « moment historique pour le bitcoin ». Il estime qu’elle pourrait officialiser sa légitimité comme « instrument financier mondial ».

Le soutien à cette proposition trouve un écho particulier dans le camp du président élu Donald Trump, connu pour ses positions favorables à l’industrie des cryptos. Ainsi, lors d’une interview accordée à CNBC, Trump a comparé la mise en place d’un stock stratégique de bitcoin à celle des réserves pétrolières américaines, et souligne son potentiel en tant qu’actif de réserve national. Cette prise de position a été corroborée par Denis Porter, cofondateur du Satoshi Act Fund. Dans une publication datée du 15 décembre 2024 sur le réseau social X (anciennement Twitter), Porter a affirmé que l’équipe de Trump examine activement l’idée d’un décret exécutif pour créer une réserve stratégique de bitcoins.

Toutefois, malgré cet enthousiasme apparent, des obstacles notables pourraient freiner la concrétisation du projet. Si un décret présidentiel permettrait de poser les premières bases, la durabilité d’une telle initiative dépendrait d’un vote au Congrès. Ce passage législatif est capital pour protéger le programme contre d’éventuels revirements politiques, notamment lors des alternances de majorité. Une telle incertitude politique illustre les défis inhérents à la mise en œuvre d’une stratégie aussi ambitieuse, dans un contexte où le bitcoin reste un sujet de débat au sein des institutions américaines.

Une compétition mondiale et un bouleversement des dynamiques de marché

L’impact du Bitcoin Reserve Act pourrait s’étendre bien au-delà des frontières américaines, ce qui déclencherait une dynamique mondiale sans précédent. Selon plusieurs experts, cette initiative pousserait d’autres nations à constituer leurs propres réserves de bitcoins pour ne pas perdre leur compétitivité économique. George S. Georgiades, avocat spécialisé dans les cryptos, a décrit ce projet comme un possible catalyseur pour une adoption généralisée : « la mise en œuvre du Bitcoin Reserve Act entraînerait un changement majeur pour l’adoption mondiale. Cela pourrait contraindre les nations à suivre le mouvement sous peine d’être laissées pour compte ». Une telle concurrence internationale pourrait accélérer la transformation du bitcoin en standard monétaire global, et positionnerait cette crypto comme un actif stratégique incontournable.

Ce changement aurait également des conséquences profondes sur les comportements des investisseurs institutionnels. Ainsi, contrairement aux cycles traditionnels de bitcoin, historiquement dominés par le halving et caractérisés par des périodes de forte croissance suivies de corrections brutales, une demande soutenue par les États et les institutions financières pourrait réduire considérablement la volatilité. Cette évolution, déjà perceptible, remettrait en question les fameux cycles de quatre ans. « Nous observons déjà des changements structurels, et les cycles de quatre ans ont été remis en question à plusieurs reprises », souligne Iliya Kalchev.

À plus long terme, ce bouleversement pourrait introduire une stabilité accrue sur les marchés, ce qui attirerait davantage d’investisseurs institutionnels. Ces derniers, avec leurs stratégies disciplinées et des capacités financières plus importantes, seraient en mesure d’influencer durablement les dynamiques actuelles. En effet, la présence renforcée d’acteurs institutionnels pourrait transformer le bitcoin en un marché moins réactif aux comportements spéculatifs des particuliers, ce qui réduirait l’amplitude des fluctuations de prix. Dans ce contexte, l’adoption du Bitcoin Reserve Act ouvrirait la voie à une nouvelle ère, où le bitcoin ne serait plus uniquement un actif de réserve, mais un véritable pilier des systèmes financiers mondiaux.

L’adoption du Bitcoin Reserve Act pourrait constituer un cap historique dans la manière dont les gouvernements envisagent les cryptos, ce qui redéfinirait le rôle de bitcoin sur la scène internationale. Cette initiative pourrait transformer la crypto en un actif stratégique incontournable, en vue d’influencer durablement les dynamiques des marchés financiers. Toutefois, cette vision audacieuse n’est pas sans risques. Une volatilité accrue pourrait s’installer à court terme, le temps qu’un nouvel équilibre s’établisse.