Le Bitcoin rebondit au-dessus des 97 000 $, mais l’inquiétude persiste

Le marché des cryptomonnaies s’emballe une nouvelle fois, avec un bitcoin qui dépasse les 97 000 $ après une brève correction sous les 95 000 $. Ce nouveau rallye, loin d’être anodin, intervient alors que les données institutionnelles et celles des particuliers signalent un affaiblissement de la demande. Si cet actif semble évoluer indépendamment des fondamentaux propres aux cryptos, il est en réalité rattrapé par un contexte macroéconomique incertain. Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine alimentent la nervosité des marchés, le bitcoin continue d’attirer l’attention. Les flux d’investissement, les indicateurs de sentiment et la structure des produits dérivés témoignent d’une prudence croissante.

Un rebond au-dessus des 97 000 $, porté par des tensions économiques

Le bitcoin a vécu une volatilité accrue ces derniers jours. Ainsi, la crypto a oscillé sous 95 000 $ avant de rebondir au-delà des 97 000 $. Un élément déclencheur est l’annonce de nouvelles taxes chinoises sur les importations énergétiques américaines, notamment sur le pétrole brut et le gaz naturel liquéfié. Cette décision a immédiatement fait chuter le bitcoin, ce qui reflète une tendance plus large de fuite vers des actifs jugés plus sûrs face aux tensions commerciales.

Toutefois, le marché a rapidement réagi, et regagne en confiance après la riposte de Donald Trump, qui a imposé une taxe de 25 % sur l’acier et l’aluminium. Cette réponse politique a stabilisé les marchés traditionnels, mais a également permis au bitcoin de retrouver un niveau de support au-dessus des 97 000 $. Malgré ce rebond, les signaux de faiblesse institutionnelle et ceux des investisseurs particuliers persistent.

Les données montrent que les volumes d’achat institutionnels ne suivent pas cette hausse. Entre le 3 et le 7 février, les ETF Bitcoin aux États-Unis ont enregistré des flux entrants de seulement 204 millions de dollars, une somme modeste au regard des 742,3 millions de dollars de bitcoin acquis par Strategy durant la même période. Par ailleurs, les primes sur les contrats à terme sont en net recul, et passent de 11 % début février à 8 % actuellement, un indicateur clair que les traders à effet de levier réduisent leur exposition.

Les investisseurs face à une incertitude économique croissante

Si la demande institutionnelle s’essouffle, ce n’est pas tant en raison d’un manque d’intérêt pour le bitcoin, mais plutôt à cause d’un environnement macroéconomique complexe. Plusieurs facteurs contribuent à cette prudence. Les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans sont tombés à 4,50 %, contre 4,78 % il y a un mois, un signe que les investisseurs privilégient des valeurs refuges. Cette dynamique a renforcé le dollar américain, avec un indice DXY à 108,30 le 10 février, ce qui reflète une montée de l’aversion au risque sur les marchés mondiaux.

Dans le même temps, Moody’s a mis en garde contre une éventuelle dégradation de la note de crédit de la Banque mondiale, ce qui alimente les craintes de répercussions financières à long terme. Cette annonce intervient alors que le gouvernement américain revoit son engagement dans les banques de développement, ce qui augmente encore l’incertitude.

Une telle prudence se manifeste également du côté des consommateurs. McDonald’s a rapporté une baisse de 1,4 % de ses ventes aux États-Unis au quatrième trimestre, un signal qui alimente les craintes d’un ralentissement économique. Face à ces incertitudes, de nombreux investisseurs se tournent vers des liquidités, en vue de réduire leur exposition aux actifs risqués, y compris le bitcoin.

Malgré une demande en baisse du côté des institutionnels, le bitcoin reste au centre de nombreuses initiatives réglementaires aux États-Unis, avec plusieurs États qui envisagent de constituer des réserves en BTC. Ce phénomène pourrait amorcer une accumulation progressive, ce qui renforcerait le rôle du bitcoin comme actif stratégique de réserve. Les signaux d’un prochain rallye au-delà des 100 000 $ ne sont pas à exclure. La prudence actuelle pourrait bien n’être qu’un ajustement temporaire avant une nouvelle phase d’accumulation, surtout si l’environnement réglementaire et macroéconomique évolue favorablement.