Le Bitcoin est-il vraiment « une véritable religion » ? Réponses d'une crypto-sceptique

Face au manque avéré de critiques sur le bitcoin, Salomé Saqué juge utile de convier de temps en temps une crème parmi les crypto-sceptiques français. Sa dernière émission sur « BLAST, Le souffle de l’info » a accordé 48 minutes d’entretien avec Nastasia Hadjadji, journaliste en économie numérique et technocritique. Celle-ci n’a pas manqué d’« apporter un éclairage critique » sur ce phénomène mondial soutenu par une foule en quête d’alternative à la finance traditionnelle.

Bitcoin, une « véritable religion qui porte une idéologie réactionnaire »

Nastasia Hadjadji n’est pas la première journaliste à comparer le bitcoin à la religion. En mai 2022, Loran Roche Kelly a également avancé la même analogie en précisant que la reine des cryptomonnaie s’apparente à « la première vraie religion du 21^e siècle ».

Pour de plus amples informations sur les propos de ce journaliste chez Irish Farmes, jetez un coup d’œil à cet article.

Bitcoin : la nouvelle religion

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Ces monnaies souvent considérées comme magiques suscitent un engouement qui dépasse parfois jusqu’à nos dirigeants. Entretien de @salomesaque avec la journaliste @NastasiaHdj. pic.twitter.com/57WJLQgSfC

— BLAST, Le souffle de l'info (@blast_france) August 9, 2023

Sinon; revenons à cet entretien entre Salomé et Hadjadji, respectivement auteure de « Sois jeune et tais-toi » et « No crypto ».

Au début de l’émission, la journaliste de Blast France a mis l’accent sur la quasi-inexistence de sérénades concernant le bitcoin. En invitant Nastasia Hadjadji sur son plateau, elle s’était mise comme objectif d’avoir des réponses sur ces questions :

• qu’est-ce que « les cryptomonnaies » ?
• comment ont-elles envouté le monde ?
• et quels dangers peuvent-elles représenter ?

L’experte en économie numérique a commencé par survoler les idéologies et les objectifs politiques autour des technologies cryptographiques.

Vers la 13^e minute, elle aborde enfin cette fameuse analogie entre le bitcoin et la réligion :

« Moi je parle de bitcoin pour indiquer qu’au-delà de la devise, en tout cas de l’actif financier, il y a tout un écosystème, à la fois une philosophie, mais aussi un réseau, etc.  Et je pourrais peut-être ajouter des éléments concernant la mythologie Satoshi : c’est que, en fait, autour de ce personnage, ce quasi-messie, ce prophète, s’agrège précisément un discours. Un discours avec lequel on peut faire de très très fortes analogies avec le fait religieux.

Ce discours, il repose donc sur une philosophie, cette idée qu’en fait il faut privatiser la monnaie, réinventer la monnaie en dehors des institutions qui traditionnellement l’encadre (les états, les banques centrales, etc.), favoriser en contrepoint de cette gestion traditionnelle et centralisée de la monnaie une gestion décentralisée, privative, entre individus. Entre individus, d’ailleurs, qui ne se font pas confiance – il y a une très forte défiance vis-à-vis de la confiance naturelle dans l’institution monnaie pour les adeptes des crypto-actifs.

Et donc, cette philosophie-là, il l’incarne en fait, par ses gestes. C’est aussi pour ça qu’il a acquis cette stature mystique, ce qu’il a refusé d’être le nœud central du réseau en se retirant. Qu’il a mis en places un petit peu ses préceptes, et qu’il a agrégé autour de lui en réussissant – en fait si vous voulez, les ancêtres du bitcoin avaient échoué à plein d’endroits qui étaient l’adoption, mais aussi sortir un petit peu du cercle de ‘geeks initiés’.

Là où Satoshi, via bitcoin, a réussi à rassembler autour de lui une communauté d’adeptes qui ont essaimé via des mécanismes que l’on peut comparer d’ailleurs à des mécanismes de prosélytismes, de discussions religieuses.»

Et cela ne s’arrêtait pas là

« Il y a aussi dans ce discours, cette mystique autour de bitcoin en particulier, une dimension eschatologique très forte. L’eschatologie c’est de dire : ‘la fin du monde est proche’, ‘l’effondrement de notre système financier et monétaire est imminent’, c’est cette idée de collapse, de great reset que l’on va retrouver dans certains discours complotistes d’ailleurs… »

« Et la seule façon de s’en prémunir, d’ailleurs, c’est bitcoin… et les cryptomonnaies », a-t-elle poursuivi.

Réactions de la communauté crypto

Durant les échanges, Salomé Saqué s’était plainte du caractère violent des crypto-enthousiastes. Dans les commentaires destinés à ses émissions sur BLAST, l’agression, les insultes et les menaces à son encontre pullulent, avance-t-elle.

En faisant un tour sur ces plateformes, nous avons retenu ces quelques remarques :

• Saqué n’invite sur son plateau que les crypto-sceptiques, à l’instar de Nicolas Dufrêne, directeur de l’Institut Rousseau ;
• les commentaires sur YouTube ne proviennent pas seulement de bitcoiners ni de crypto-enthousiastes, les points de vue sont disparates ;
• et aussi les critiques n’ont jamais empêché la journaliste de BLAST à faire marche arrière.

N’empêche que traiter tous les bitcoiners d’irrationnels est en soi illogique. En effet, bon nombre d’entre eux font preuve de rationalité en faisant notamment des états des lieux sur l’effondrement du système bancaire, le totalitarisme savamment maquillé derrière les CBDC, etc.

Un pro-crypto a glissé ce commentaire sur YouTube :

« Je trouve l’intervenante très caricaturale. La plupart des reproches sur le bitcoin qu’elle fait sont applicables au système monétaire actuel… »

Il a également évoqué les similarités entre la banque et le bitcoin sur ces axes : irréversibilité des virements, financement d’actes criminels, évasion fiscale et les crises financières.

Concernant l’établissement d’une religion autour du bitcoin, @rorschachy a confirmé l’existence d’une « faveur abusive sur les cryptos qui fait perdre de la rationalité à beaucoup de gens qui les défendent. »

Mais ce projectile d’irrationalité peut également atteindre Salomé Saqué, qui persiste à n’inviter que de gens de l’autre côté de la rive.

Le conférencier Bitcoin, Alexandre Stachtchenko, n’a pas manqué de lui laisser un mot sur son compte LinkedIn.

Extrait en image :

Pour terminer, nous conviendrons de dire qu’avec ou sans le bitcoin, l’humanité est en quête d’un nouveau paradigme qui l’émancipera des charognards qui ont tenu la bride depuis longtemps. Quant au « grand reset », il ne pourra se faire qu’avec l’outil adéquat.