L'Australie annonce un projet pilote CBDC (l'eAUD)

Les États font face à une adoption irrésistible des cryptomonnaies. Ils n’ont trouvé d’autres moyens que de se lancer dans l’émission des CBDC pour tenter de les évincer. Pas plus tard qu’hier, l’Australie a annoncé le lancement de son projet pilote CBDC. La Reserve Bank of Australia travaillera avec le secteur privé pour explorer plus d’une douzaine de cas d’utilisation.

Bientôt l’eAUD, le dollar numérique australien, verra le jour 

Aux côtés de diverses banques commerciales, la banque centrale australienne envisage également le lancement d’une CBDC.  L’Australie s’est rapprochée mercredi de l’établissement potentiel d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). La Reserve Bank of Australia (RBA) a indiqué une phase pilote pour sa version numérique du dollar australien appelée eAUD.

Dans une annonce conjointe avec le centre australien Digital Finance Cooperative Research, la RBA a déclaré avoir invité un petit nombre d’entreprises à aider à explorer 14 cas d’utilisation de l’eAUD. Il a demandé aux entreprises comme ANZ et Mastercard de participer au programme. Ces cas d’utilisation iront de la facilitation des paiements hors ligne aux factures tokenisées pour les entreprises. Ils incluront aussi la vente aux enchères de bétail. « L’étude pilote et plus large qui sera menée en parallèle servira à deux fins. Elle contribuera à l’apprentissage pratique par l’industrie, et elle ajoutera à la compréhension des décideurs politiques de la façon dont une CBDC pourrait potentiellement profiter au système financier du pays et à l’économie australienne. », a déclaré le gouverneur adjoint de la RBA, Brad Jones.

Une autre société incluse dans l’annonce était Canvas Digital, un réseau de couche 2 construit au-dessus d’Ethereum. Il Utilise des cumuls sans connaissance pour faciliter les transactions. Le réseau a été construit en collaboration avec la société israélienne StarkWare, et utilise le stablecoin USDC et l’eAUD. Canvas a été invité à piloter le règlement des transactions de change. « Nous constatons qu’il existe d’énormes avantages à utiliser les CBDC et les monnaies comme l’USDC dans le commerce des devises et les envois de fonds internationaux. », a déclaré David Lavecky, co-fondateur et PDG de Canvas Digital. 

Les menaces américaines face à l’idée d’une CBDC australienne

En effet, les CBDC sont similaires aux stablecoins. Il s’agit de monnaies numériques indexées sur le prix d’une monnaie fiduciaire, comme le dollar américain. Cependant, ils ne sont pas entretenus par des entreprises privées qui émettent des tokens sur des réseaux décentralisés. Les CBDC sont entièrement soutenues et entretenues par leurs gouvernements respectifs. À ce jour, plus de 10 pays ont lancé une CBDC. De plus, 89 autres pilotent, développent ou recherchent une CBDC. Ces statistiques sont du site Web du groupe de réflexion américain Atlantic Council. Le mois dernier, le Japon a annoncé qu’il lancerait un programme pilote CBDC en avril.

Jones a commenté la pression accrue à laquelle les pays ont été confrontés ces dernières années pour établir une CBDC. « J’ai absolument détecté un changement au cours des 18 derniers mois environ. Il y a eu un soutien croissant, en particulier au Congrès, derrière l’idée que la primauté du dollar américain et son rôle dans le système financier international pourraient être menacés si tous les autres, faites la course devant et les États-Unis sont derrière », a-t-il déclaré dans un discours publié mercredi sur le site Web de la RBA. 

Jones a souligné que les CBDC ont la capacité d’effectuer des paiements transfrontaliers plus efficaces, de réduire les coûts associés aux transactions et d’augmenter la vitesse à laquelle ils peuvent être réglés. « Il en coûte toujours, en moyenne, environ 5 % pour envoyer votre argent à l’étranger [en Australie]. De plus, ces transactions peuvent prendre jusqu’à quelques jours pour être réglées, ce qui est clairement insatisfaisant », a-t-il déclaré. 

L’eAUD, une véritable créance numérique de réserve   

La banque australienne a indiqué qu’il faisait des recherches sur les CBDC depuis un certain nombre d’années. Elle indique avoir précédemment « fourni à l’industrie une toile numérique vierge pour soumettre leurs propositions » sur la manière dont une CBDC pourrait être exploitée. Il a dit : « Nous ne voulions pas être intellectuellement arrogants au point de penser que nous avons toutes les réponses. » a déclaré son directeur adjoint.

Un autre aspect du programme pilote de la RBA est que « l’eAUD est une véritable créance numérique sur la banque de réserve. Elle n’est pas juste un exercice mené dans une sorte de bac à sable abstrait », a dit Jones. Il faisait allusion à certaines expériences impliquant des CBDC qui ont pris place à New York. Par exemple, la Réserve fédérale a exploré le concept d’émettre son propre dollar symbolisé pendant des années. Elle a même publié des recherches sur le sujet dès 2016. De plus, la Réserve fédérale de San Francisco a récemment publié des offres d’emploi liées au développement des CBDC. Celle-ci recherchait des personnes qui pourraient aider la banque centrale à développer une version numérique du dollar américain. 

Cependant, tous les législateurs ne sont pas sur la même page. Le whip de la majorité républicaine à la Chambre, Tom Emmer, a réintroduit le mois dernier une législation qui interdirait à la Réserve fédérale d’émettre une CBDC. Selon lui, comme indiqué dans un récent tweet, c’est une avancée qui reviendrait à « priver les Américains de leur droit à la confidentialité financière ».

Le lancement pilote d’un projet de CBDC n’est pas synonyme de son émission. Toutefois, il représente une phase importante de celle-ci. Mais tout porte à croire que l’Australie fera partie des pays disposants de sa propre CBDC. Dans l’impossibilité d’arrêter les cryptomonnaies, les banques centrales vont-elles tout soviétiser avec les CBDC ?