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H. Kissinger, l'architecte du pétrodollar, n'est plus

jeu 30 Nov 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Henry Kissinger, le machiavel à l’origine du pétrodollar, s’est éteint à l’age de 100 ans.

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Du pacte de Quincy au pétrodollar

Henry Kissinger fut le secrétaire d’État du président Richard Nixon à partir de 1973. C’est-à-dire deux ans seulement après la fin du gold standard.

Cet écroulement du système monétaire international aurait dû creuser la tombe du dollar, mais c’était sans compter Henry Kissinger et son génial coup de poker géopolitique : le pétrodollar…

A vrai dire, les prémices du pétrodollar remontent à 1945, lorsque le président américain Roosevelt, de retour de la conférence de Yalta avec Staline et Churchill, rencontra le roi Abdelaziz Al Saoud à bord de l’USS Quincy.

Cette entrevue fut appelée plus tard le pacte de Quincy. Kranklin Roosevelt obtint de l’Arabie Saoudite qu’elle garantisse l’approvisionnement énergétique américain pendant 60 ans.

Actualité oblige, notons que le président américain avait dû promettre d’empêcher la création d’un État juif en Palestine. Malheureusement ou heureusement, c’est selon, Roosevelt mourra deux mois plus tard et son successeur Harry Truman, main dans la main avec les Anglais, reconnaitra l’État d’Israël immédiatement après sa création.

Malgré cette trahison, l’Arabie saoudite ne coupa pas les ponts. Elle avait besoin de Washington pour contrer la popularité grandissante de Nasser en Égypte. Sa politique socialiste pan-arabe était en effet une menace existentielle pour la monarchie saoudienne. Les États-Unis y voyaient pour leur part l’opportunité de contrer l’URSS alors alliée du Caire.

Mais revenons-en à H. Kissinger.

Le coup de maitre

Son coup de poker se déroula en 1974 lors d’une rencontre avec le roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud en Arabie saoudite. Ce fut le point culminant d’un plan machiavélique puisant ses racines dans la guerre israélo-arabe du Kippour (1973).

À l’époque, Kissinger, qui était juif, convainc le président Nixon d’intervenir en faveur d’Israël. En représailles, l’Arabie saoudite fera s’envoler le prix du baril de 3 à 12 dollars.

C’est exactement ce que voulait Henry Kissinger qui finira tout simplement par menacer l’Arabie saoudite d’utiliser la force pour remédier à ce qu’il qualifie alors « d’étranglement du monde industrialisé ». Ce n’était pas du bluff. Le journal London Sunday Times révéla en février 1975 l’existence du plan « Dhahran Option Four » qui prévoyait d’envahir l’Arabie saoudite.

Le roi Fayçal entendra très distinctement ces roulements de tambour et, en fin d’année 1974, s’entend avec Kissinger qui lui promet la vente illimitée d’armement ainsi qu’un retour d’Israël dans ses frontières de 1948.

En échange de quoi le royaume devait s’engager à respecter deux choses :

– Vendre son pétrole EXCLUSIVEMENT en dollar
– Investir ses surplus de dollars dans la dette américaine

Le pétrodollar était né, grâce à H. Kissinger, qui fut sans conteste un grand artisan de la relation spéciale qu’entretiennent les États-Unis avec Israël.

Les nations européennes qui avaient osé se débarasser de leurs dollars contre de l’or se retrouvèrent obligés d’en accumuler de nouveau pour acheter le pétrole indispensable à toute nation industrialisée. Échec et mat.

Quant à l’accord sur les frontières d’Israël, il fut vite oublié suite à l’assassinat du roi Fayçal quelques mois plus tard…

Enter Bitcoin

La grand œuvre d’Henry Kissinger est d’avoir fait du dollar la monnaie de réserve internationale par excellence. Aujourd’hui encore, 58 % des réserves détenues par les banques centrales sont en dollars.

Cela permet à l’oncle Sam de jouir d’une balance commerciale chroniquement déficitaire sans déprécier le dollar. La raison étant que les banques centrales étrangères réinvestissent leurs réserves de dollars dans la dette publique américaine.

En clair, les dollars que les États-Unis dépensent en s’endettant pour payer leurs grasses importations reviennent au bercail, empêchant en retour le dollar de chuter. Tel est le fameux « privilège exorbitant » de l’empire.

Plusieurs pays ont essayé de vendre leur pétrole dans une autre monnaie que le dollar. L’Iran et l’Irak notamment. Sans succès…

Cette hégémonie monétaire est toutefois sérieusement menacée. La démonstration militaire de la Russie a semble-t-il déclenché une fronde globale contre le billet vert. Le « gel » de 300 milliards de dollars (et d’euros) n’est pas non plus passé inaperçu.

Comme l’a récemment déclaré le président russe :

« Nous luttons actuellement pour la liberté non seulement de la Russie, mais aussi du monde entier. Nous déclarons ouvertement que la dictature d’un hégémon – désormais évidente pour tous – est en train de se décrépir. »

De plus en plus de nations, les BRICS en tête, se détournent du dollar, galvanisés aussi par le réveil de la Chine.

L’Empire du Milieu est aux avant-postes comme le prouve la baisse de 40 % de ses réserves de dollars depuis 2014. La récente signature d’un swap de devises d’un montant de 50 milliards de yuans entre l’Arabie saoudite et la Chine est un nouveau clou dans le cercueil du pétrodollar.

La raréfaction énergétique et les tensions géopolitiques attisent l’inflation et balayent les certitudes. Dans ce contexte, le monde se cherche une nouvelle réserve de valeur et le fait que l’or soit au plus haut historique est un signe qui ne trompe pas.

La relique barbare a toutefois de la concurrence. Apatride, non censurable et réserve de valeur absolue, le bitcoin est taillé pour devenir la prochaine monnaie de réserve internationale.

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Nicolas T.

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