L’Arabie saoudite toujours indécise à propos des BRICS
Depuis plusieurs décennies, les alliances économiques mondiales évoluent sous l’effet des transformations géopolitiques et économiques. Le bloc des BRICS incarne cette dynamique à travers s’élargissement à de nouveaux membres afin de consolider son influence sur la scène internationale. En 2023, l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a reçu une invitation officielle à rejoindre cette alliance stratégique. Cependant, contrairement à d’autres pays comme l’Iran ou les Émirats arabes unis, qui ont rapidement accepté, Riyad adopte une posture prudente. Faisal Al-Ibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, a souligné que le royaume continue d’évaluer minutieusement les implications d’une adhésion. Ce choix stratégique déclenche des interrogations sur les intentions réelles de l’Arabie saoudite et son rôle futur dans ce nouvel équilibre économique.
Un processus d’évaluation prolongé
L’Arabie saoudite poursuit son évaluation de l’offre d’adhésion au bloc des BRICS, plus d’un an après avoir reçu une invitation officielle en 2023. Faisal Al-Ibrahim, ministre de l’Économie et de la Planification, a expliqué lors du Forum économique mondial de Davos que le royaume privilégie une approche réfléchie. Il a affirmé que le pays reste concentré sur l’objectif de « dialogue global » et examine avec attention les « nombreux aspects » liés à une éventuelle adhésion. Selon lui, cette décision dépasse le cadre économique et implique des considérations stratégiques complexes.
À la différence d’autres nations invitées la même année, comme l’Iran, l’Égypte ou les Émirats arabes unis, qui ont rapidement intégré l’alliance, l’Arabie saoudite adopte une posture plus réservée. Cette prudence contraste avec l’enthousiasme général autour de l’élargissement des BRICS, un groupe qui cherche à renforcer son influence sur l’échiquier mondial. L’ajout de Riyad au bloc, en tant que premier exportateur mondial de pétrole, offrirait une opportunité unique de lier des producteurs majeurs d’énergie avec les principaux consommateurs des économies émergentes. Une telle convergence aurait le potentiel de transformer profondément les équilibres économiques et énergétiques mondiaux.
Hésitation stratégique ou calcul géopolitique ?
Au-delà d’une simple évaluation technique, l’hésitation de l’Arabie saoudite à rejoindre les BRICS semble être influencée par des considérations géopolitiques plus profondes. Faisal Al-Ibrahim a souligné que l’invitation des BRICS n’était qu’une parmi « de nombreuses autres plateformes multilatérales » ayant sollicité le royaume. Cette remarque renseigne sur une stratégie claire de diversification des partenariats internationaux, qui vise à éviter tout alignement exclusif sur un groupe ou une alliance particulière.
Un tel positionnement prudent pourrait également s’expliquer par les liens étroits du royaume avec des alliés traditionnels, notamment les États-Unis, et par la volonté d’éviter d’être entraîné dans d’éventuelles tensions internes aux BRICS. Le bloc, composé de membres ayant parfois des priorités divergentes, pourrait poser des défis en matière de coordination politique et économique. Cependant, une éventuelle adhésion de l’Arabie saoudite aurait des répercussions considérables sur l’ordre économique mondial. Grâce à son intégration dans ce groupe, Riyad renforcerait la convergence entre producteurs de pétrole et grandes économies émergentes consommatrices d’énergie, ce qui consoliderait ainsi l’influence des BRICS sur les marchés mondiaux. Une telle dynamique pourrait redéfinir les relations économiques internationales, mais aussi accélérer le basculement vers un ordre multipolaire dans lequel les économies émergentes jouent un rôle central.
La décision de l’Arabie saoudite dépasse largement les considérations économiques immédiates et reflète une vision stratégique face aux mutations d’un monde multipolaire. En choisissant ou non d’intégrer les BRICS, le royaume pourrait redéfinir les équilibres géopolitiques et énergétiques mondiaux. Une adhésion offrirait à l’alliance une influence accrue sur les marchés globaux, grâce au rôle central de Riyad dans l’industrie pétrolière. Dans le cas contraire, l’Arabie saoudite confirmerait son approche prudente qui vise à préserver une autonomie stratégique afin d’explorer d’autres opportunités multilatérales. Quel que soit son choix, le royaume s’affirme comme un acteur clé dont les décisions façonnent les contours d’une économie mondiale en pleine transformation.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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