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Le yuan numérique est un fiasco

mar 16 Juil 2024 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Le yuan numérique ne semble pas avoir un franc succès. De mauvais augure pour les CBDC. Le bitcoin reste plébiscité par les masses.

bitcoin

Peu de succès pour l’eCNY

La banque centrale chinoise a communiqué les dernières statistiques concernant son projet pilote de monnaie numérique de banque centrale (CBDC).

Le volume cumulé des transactions fut de 6 600 milliards de yuans (910 milliards $) entre le premier janvier et la fin du mois de mai. C’est une multiplication par sept d’une année sur l’autre. Mais cela reste une goutte d’eau face aux 5 250 100 milliards de yuans échangés chaque année en Chine.

Par ailleurs, le nombre de « wallets » téléchargés est passé de 261 millions en 2021 à 120 millions en 2023. Le chiffre pour 2024 n’a pas encore été communiqué d’après Ledger Insight.

Plus de 950 millions de transactions furent réalisées via l’eCNY en 2023. Mais là encore, ce n’est rien comparé aux 542 milliards de transactions réalisées chaque année via les services de paiement traditionnels.

Les utilisateurs sont surtout des employés d’entreprises publiques. Recevoir une partie de son salaire en CBDC offre en effet quelques avantages. L’échec de l’eCNY tient au fait que le pays est déjà très bien doté en matière de paiements mobiles grâce à WeChat Pay et Alipay.

Il faut aussi souligner que les tests dans certaines provinces du fameux crédit social sont encore dans tous les esprits. Les Chinois ne sont pas dupes. Ils se doutent bien que la CBDC est un jalon vers la fin du cash et le contrôle de la population par le porte-monnaie…

mBridge et CBDC

Ces chiffres mitigés sont une mauvaise nouvelle pour le nouveau réseau de paiement international mBridge. Les paiements des touristes chinois via l’eCNY sont probablement nécessaires pour générer de grands volumes et donc des taux de conversion décents.

Les pays fondateurs de mBridge sont la Chine, Hong Kong, la Thaïlande et les Émirats arabes unis. La banque des règlements internationaux chapeaute ce projet que l’Arabie saoudite a récemment rejoint.

La date de son lancement n’est pas connue, mais il se murmure que les BRICS pourraient y faire référence à l’occasion du sommet de Kazan qui se déroulera en octobre.

En parlant des BRICS, le pilote de CBDC indien est également un échec. Les volumes sont faméliques avec 100 000 transactions par jour, soit 10 fois moins qu’en décembre dernier. La banque centrale est obligée d’offrir des avantages pour attirer des utilisateurs.

Jusqu’à présent, seul le Nigeria a officiellement lancé une CBDC au niveau national. C’est aussi un fiasco. De l’autre côté du globe, les États-Unis n’en veulent pas et les réticences sont également vivaces en Europe.

La BCE travaille toutefois en catimini sur le « Digital Euro ». Elle est aussi un « membre observateur » du projet mBridge, de même que la Fed. Cocasse quand on sait que les CBDC représentent un système visant à contourner les sanctions occidentales

La gouverneure de la banque centrale russe Elvira Nabiullina a indiqué en début d’année que de plus en plus de pays n’ont plus confiance dans le système occidental SWIFT.

Le projet Nexus

L’utilisation des monnaies nationales au lieu du dollar a pris de l’ampleur depuis la déconnexion de la Russie du réseau SWIFT et le gel de ses réserves de change (essentiellement des euros).

A ce titre, l’Inde a récemment rejoint le projet Nexus, également déployé sous l’égide de la BRI. Ce système vise à accélérer les paiements internationaux de détail. Il regroupe quatre autres pays membres de l’ASEAN. Le système UPI de l’Inde sera combinée avec les systèmes nationaux de paiement de la Malaisie, des Philippines, de Singapour et de la Thaïlande.

Le projet Nexus pourrait permettre de résoudre certains problèmes liés au déficit commercial de l’Inde vis-à-vis de la Russie. En effet, presque tous les États de l’ASEAN participant au projet Nexus entretiennent des relations favorables avec Moscou.

La gouverneure russe semble toutefois préférer le système des CBDC. Elvira Nabiullina a déclaré vouloir promouvoir les actifs numériques pour contourner les sanctions :

« Les nouvelles technologies financières créent des opportunités pour des systèmes qui n’existaient pas avant. C’est pourquoi nous avons assoupli notre position sur l’utilisation des cryptomonnaies dans les paiements internationaux en autorisant l’utilisation d’actifs numériques dans les paiements ».

Il s’agit là d’une référence aux CBDC, mais la porte est également ouverte pour le bitcoin qui semble jouir d’une relative bienveillance en Russie.

BRICS Bridge vs Bitcoin

La présidente du Conseil de la Fédération de Russie Valentina Matvienko s’est montrée ambitieuse lors de la session plénière du Xe Forum parlementaire des BRICS :

« De 2021 à 2023, la part du rouble dans les paiements des exportations russes a presque triplé pour atteindre 39 %. Dans l’ensemble, notre pays a rehaussé à 75 % l’utilisation des monnaies nationales dans les paiements avec les pays amis. Nous allons encore augmenter l’utilisation des monnaies nationales dans les paiements de nos échanges internationaux et accroître l’efficacité de ces transactions », a-t-elle déclaré.

Elle a rappelé que, conformément aux décisions du sommet de l’année dernière en Afrique du Sud, les BRICS travaillent à la création d’un système de paiement. Un système « immune aux pressions politiques, aux abus et aux sanctions extérieures », contrairement au réseau SWIFT.

Le résultat de ces travaux pourrait être la création d’une plateforme multilatérale de paiement numérique, le BRICS Bridge :

« Ce réseau contribuera à rapprocher les marchés financiers des pays membres des BRICS et accroître les échanges. Nous pourrions utiliser les CBDC des pays membres. En outre, cette plateforme numérique de règlement et de paiement sera décentralisée et aucun des participants ne pourra limiter les actions des autres »

Si l’initiative proposée par la Russie est approuvée, les pays des BRICS « devront coordonner le travail législatif sur la mise en circulation de monnaies numériques nationales et son utilisation dans les paiements transfrontaliers ».

Tant d’usines à gaz alors que le bitcoin tend ses bras…

Il y a certes la question des réseaux de paiement, mais n’oublions pas celle de la monnaie de réserve internationale. Par exemple, la roupie indienne n’a pas les attributs d’une monnaie de réserve. Même les Russes rechignent à l’accepter, c’est dire.

Le bitcoin est cette réserve de valeur véritablement immune à la censure et dont le monde a cruellement besoin. Il est une monnaie forte en même temps qu’un système de paiement compétitif grâce au Lightning Network.

Comme le CEO de BlackRock l’a déclaré ce lundi, « le bitcoin est une protection contre la dévaluation des monnaies nationales. Il est de l’or numérique. »

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Nicolas T.

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