La tech agonise, quel avenir pour Bitcoin (BTC) ?
La dernière année a été lamentable pour l’industrie de la tech. La pandémie est terminée, les taux augmentent, les valorisations chutent massivement, des licenciements agressifs sont décidés. Nous savons maintenant que ces sociétés (en dehors d’Apple) sont mortelles. L’ère des taux de croissance qui semblait défier les lois de la gravité économique est en train de s’achever. Or, la crypto est intimement liée à l’évolution de ces valorisations. Comprendre les ressorts de cette crise de la tech est vital pour anticiper le prochain bull run.
Du boom à la récession
Il y a une décennie, le secteur de la tech se remettait de l’explosion de la bulle internet des années 2000. Facebook entrait en Bourse, l’Iphone venait de sortir et les applications commençaient à impacter nos vies. Progressivement, internet et les réseaux sociaux sont devenus le centre de nos vies. Les fonds de capital-risque ont alors connu un véritable boom pour accompagner et financer une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs du numérique.
Cette révolution internet a également transformé en profondeur nos structures de valeurs. En 2007, si vous vouliez « réussir » en Amérique, le Graal se trouvait dans les buildings de JP Morgan à Wall Street. Puis, lorsque le château de cartes financier s’est effondré, la législation Dodd-Frank a réduit les marges de ce secteur et les talents ont commencé à rejoindre des entreprises de la tech comme Facebook ou Google.
La pandémie de Covid-19 a été le dernier vecteur d’accélération. Désormais, il était vital de recourir à Amazon, Peloton, Uber Eats, et Zoom pour répondre à ses besoins primaires. Bref, jusqu’en 2021, la tech semblait hégémonique.
Pourtant, depuis près d’un an, les valeurs de la tech s’effondrent et de nouveaux licenciements sont annoncés quotidiennement. Des titans comme Amazon ont été durement touchés et des sociétés de taille moyenne comme Shopify, Zoom, Coinbase, Snapchat, Square, Spotify ont été encore plus malmenées. Décidément, en dehors d’Apple, aucune boîte n’a été épargnée par la saignée. Enfin, la chute spectaculaire de FTX sous fond d’escroquerie et de pyramides de Ponzi exotiques marque définitivement la fin d’une ère de douce insouciance pour le secteur de la tech.
Bitcoin, c’est de la tech
Si la fin de l’argent gratuit décidé par la Fed suite au retour de l’inflation semble être le vecteur de cette décomposition, en réalité les causes sont profondes et systémiques. Il est fondamental de comprendre les tendances du secteur de la tech pour anticiper le prochain bull run. Ces dernières années, bitcoin et plus généralement l’industrie crypto se sont comportés comme des valeurs tech. Pour rappel, bitcoin est corrélé à plus de 80 % avec le Nasdaq. Il se peut donc bien que le BTC retrouve sa vitalité une fois que le secteur tech aura trouvé sa vigueur d’antan.
Sommes-nous en l’an 2001 ? Dans ce cas, faut-il s’attendre à un nouvel âge d’or comme on l’a connu dans la décennie 2010 qui emmènera BTC au-delà des 100.000 dollars ?
Tech : le secteur le plus touché par la crise ?
La saignée que l’on observe dans la tech depuis 2021 est bien plus importante que celle qui frappe les autres industries. Le S&P500 a certes chuté depuis un an, mais seulement d’environ 15 %. En dépit d’une forte inflation, le niveau d’emploi américain est extrêmement dynamique et la consommation est dans une tendance ascendante. C’est une crise très spécifique au secteur de la tech.
Si les sociétés tech représentent 25 % du S&P 500, elles ne représentent que 0,3 % des emplois américains. Par conséquent, les licenciements dans le secteur n’affecteront pas à eux seuls l’ensemble du marché du travail américain. Il ne faut toutefois pas relativiser l’impact du ralentissement de la tech qui représente une part significative du PIB américain, supérieure à la construction ou à l’hébergement par exemple.
Un mirage ?
La tech étant un secteur à forte croissance, il n’est pas étonnant que la hausse générale des taux décidée par la Réserve Fédérale qui entraîne une pénurie de capitaux abordables affecte davantage ce secteur. Par ailleurs, la fin de la pandémie et « le retour à la vie d’avant » a rendu certains services numériques moins incontournables.
Beaucoup d’investisseurs ont également eu tendance à surestimer les effets de réseaux de certaines plateformes. Le biais « winner takes all » qui leur a fait croire que des sociétés comme Netflix ou Zoom deviendraient hégémoniques comme l’est Google. À la différence du moteur de recherche, des concurrents sérieux comme Amazon et Disney ont développé leur propre solution de streaming vidéo, Netflix a perdu des abonnés et l’action s’est effondrée.
Concernant Meta, la concurrence de nouvelles plateformes qui captent mieux l’attention des jeunes comme TikTok a entraîné une baisse des revenus pour le titan des réseaux sociaux. Aussi, les modifications des règles de confidentialité de l’App Store par Apple qui exige une partie substantielle des recettes publicitaires ont entraîné Meta vers l’abîme. Qui maîtrise le hardware, maîtrise le monde.
Une crise différente de celle de 2001
Malgré les licenciements colossaux qui sont médiatisés ces dernières semaines, la tech est dans une situation bien plus solide qu’en 2000. C’est pourquoi personne ne s’attend vraiment à ce que l’industrie s’effondre durablement même si les actions sont anémiques. Les smartphones, les applications SaaS, les outils de cloud computing ont une véritable utilité et nous font gagner du temps.
D’ailleurs, le Nasdaq avait chuté de près de 65 % en 2001 là où l’indice n’a perdu que 30 % depuis un an. Contrairement à la bulle internet, de nombreuses sociétés de la tech ont réalisé des chiffres d’affaires importants, voire des profits et ont acquis des bases d’utilisateurs conséquentes.
L’heure de la purge
Rien que pour le mois de novembre, Twitter licencie 50 % de ses effectifs, Robinhood 25 %, Snapchat 20 %, Coinbase 20 %, Stripe 15 %, Intel 20 %, Shopify 10 %. Amazon licence 10 000 employés et Meta 11 000. C’est l’heure de la purge.
Au-delà des licenciements, il faut s’attendre à une baisse des salaires : moins de postes disponibles pour un nombre toujours plus important de concurrents. D’autant plus que dans la tech, la politique des stock-options est très courante. Mais des actions de sociétés qui s’effondrent, c’est tout de suite moins profitable.
Une boucherie quand on se souvient de l’illusion de prospérité de 2020 alimentée par les injections par milliards de papiers magiques.
Il y a en revanche un secteur qui pourrait encore plus souffrir que les autres au sein même de l’industrie tech : la cryptomonnaie. Entre fraudes, rendements illusoires et shitcoins, la crypto est susceptible de connaître un retour à la réalité bien plus abrupt.
Alors même si le bain de sang de 2022 n’est pas une bulle et que la plupart des sociétés de la tech survivront à la crise en ayant amélioré leur rentabilité grâce à ces purges, l’industrie va tout de même connaître une traversée du désert. Nous sommes définitivement à la fin du cycle entamé quelques années après la crise de 2008.
Des causes profondes
La crise de la tech a des causes bien plus profondes qui peuvent nous faire penser que nous ne vivrons pas de suite un nouvel âge d’or technologique. Pendant des décennies, le succès de l’informatique a été accompagné par la loi de Moore. Toutefois, depuis quelques années, le nombre de transistors sur une puce ainsi la vitesse des superordinateurs ne sont plus sur la même dynamique ascendante qu’autrefois.
Aujourd’hui, il est crucial d’améliorer les moteurs fondamentaux de l’informatique pour que les progrès observés ces dernières décennies ne finissent pas par stagner.
Par ailleurs, le boom de la tech de 2010-2022 s’est appuyé sur des acteurs financiers qui ont injecté des milliards dans la machine. Ce sont les VC qui ont contribué à une envolée des valorisations de ces sociétés. Des sommes d’argent toujours plus colossales ont été levées ces dernières années. On pense en ce moment au géant fond Sequoia capital qui considère avoir perdu 213 millions de dollars suite à la faillite de FTX.
Crypto : retour aux fondamentaux
Ces deux dernières années, il faut dire que la crypto a été l’industrie qui a suscité le plus d’euphorie chez les VC. On avait l’impression d’être en 2017 : « blockchain », « DAO », « web3 »… Le très influent Andreessen Horowitz décidait d’injecter 4,5 milliards dans des shitcoins (il a perdu 50 % de ses investissements à l’heure actuelle).
Dans la crypto, les VC ont contribué à une prolifération incontrôlée de Ponzis maintenus artificiellement en vie grâce à des campagnes marketing brutales. Dites-vous qu’Elrond est parvenue à inviter le ministre de la transition numérique il y a quelques semaines…
Les VC qui ont investi dans des shitcoins vont enfin obtenir leur châtiment bien mérité. Il est possible que lors du prochain bull run, nous revenions enfin aux fondamentaux. Une partie significative du casino frauduleux va disparaître dans le néant.
Tant mieux, nous parlerons un peu plus de résistance à la censure et d’inflation que de traçabilité du poulet.
La fin de l’illusion créée par la Fed
Le problème des taux zéro est ici flagrant : des sociétés qui ne sont pas rentables restent en vie grâce à un prix du capital artificiellement bas. Une illusion de prospérité s’installe jusqu’à ce que la réalité de l’inflation nous ramène violemment à la réalité. La prospérité illusoire que l’on a observée pendant le covid a favorisé une gestion plus laxiste, qui n’était pas visible en raison de la poussée de croissance artificielle.
Patrick Collison, le CEO de Stripe, a récemment déclaré qu’il avait été trop confiant en pensant que la croissance qui a débuté en 2020 se poursuivrait jusqu’en 2023. La Fed : cette machine à brouiller l’information véhiculée par le système des prix dans le cadre d’un marché libre.
Il faut définitivement abolir cette abomination.
La planche à billets abîme l’information
« Au début de la pandémie en 2020, le monde a basculé du jour au lendemain vers le e-commerce. Nous avons assisté à des taux de croissance nettement plus élevés au cours des années 2020 et 2021 par rapport à ce que nous avions vu auparavant.
Aujourd’hui, le monde change à nouveau. Nous sommes confrontés à une inflation tenace, à des chocs énergétiques, à des taux d’intérêt plus élevés, à des budgets d’investissement réduits et à une raréfaction du financement des start-ups. 2022 représente le début d’un climat économique différent.
Nous avons été beaucoup trop optimistes quant à la croissance à court terme de la tech en 2022 et 2023 et avons sous-estimé la probabilité et l’impact d’un ralentissement plus large.
Portés par le succès que nous rencontrons dans certains de nos nouveaux domaines de produits, nous avons laissé les coûts augmenter et les inefficacités opérationnelles s’infiltrer. Nous allons corriger ces erreurs. » Patrick Collison, CEO de Stripe.
Aujourd’hui, beaucoup d’investisseurs ont pris conscience que la tech était survalorisée. Conséquence, beaucoup moins d’argent ira vers les start-ups dans les années à venir et elles vont devoir continuer à réduire leurs dépenses pour chercher la rentabilité.
Le retour à des taux positifs nous rappelle qu’une société technologique est avant tout une entreprise comme les autres qui doit rapporter des profits futurs et maîtriser ses coûts. Ce n’est pas un montage financier fumeux qui prend de la valeur avec le temps grâce au mécanisme des « levées de fonds ».
Vers un nouvel âge d’or en 2025 ?
Cela laissera la place aux authentiques entrepreneurs obsédés par l’intérêt de leurs clients et la survie à long terme de leur société. Nous aurons peut-être davantage de missionnaires dans la crypto à l’image des bitcoiners et non plus une majorité d’escrocs qui cherche à plumer de nouveaux investisseurs ou à revendre leur machin à SBF.
Rappelons-nous que c’est pendant la saignée de l’an 2000, au moment où les gens commençaient à se moquer des dotcoms que Facebook était en train d’être créé à Harvard, qu’Apple était sur le sur point de changer l’histoire avec l’iPhone et que le cloud commençait à se développer.
De Meta à Bitcoin ?
Les dizaines de milliers d’employés licenciés de Twitter, Meta ou Amazon qui sont particulièrement talentueux vont trouver de nouveaux emplois et diffuser la connaissance technologique. Certains pourraient bien aller dans des industries différentes comme celle de Bitcoin et contribuer au développement du protocole. Le fait que des personnes comme Jack Dorsey ou David Marcus aient embrassé Bitcoin ces derniers temps n’est pas anodin.
La prochaine décennie peut aussi bien être celle de l’IA, des batteries, de Bitcoin, des ZK-rollups ou de la biotech. Nous n’en savons rien, mais l’heure de l’utopie tech n’est pas encore arrivée. Tout le monde continue de penser que la technologie réglera tous les problèmes (à tort), nous sauvera de l’effondrement et nous offrira un nouvel Eden. Il n’y a donc aucune raison de penser (sauf guerre thermonucléaire ou intelligence artificielle générale meurtrière) que cette industrie ne retrouve pas son dynamisme de la dernière décennie. Elle sera plus rentable, plus résiliente et produira plus avec moins d’employés.
Le prochain boom de la tech pourrait se produire en 2025 ou en 2030, là aussi, nous n’en savons rien, mais il faut être conscient que les gagnants seront les personnes qui auront perçu très tôt ces nouvelles opportunités.
N’oublions pas les trois forces de Bitcoin : un discours extrêmement puissant intégré dans l’air du temps, une utilité en tant que protocole résistant à la censure dans un monde marchant vers la 2e guerre froide et le collectivisme, des développeurs fanatiquement amoureux du produit.
Les superstars du début du Covid ont perdu leur place privilégiée, la tech agonise. Toutefois, la technologie est centrale dans nos sociétés modernes et il s’agit d’une situation bien différente de la crise de l’an 2000. La crise va durer un certain moment et le « move fast and break things » va s’arrêter le temps de la purge avant de retrouver un nouvel âge d’or, en se basant sur de nouvelles technologies. Le prochain boom technologique de la décennie 2025/2035 sera-t-il celui de Bitcoin et de l’IA ?
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